Olivier Greif

Né en Pologne, son père revenu du camp d’Auschwitz vient en France dans l'intention de prendre des cours de piano auprès de Cortot mais devient neuropsychiatre. Olivier Greif entre au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris en 1959 et gagne en 1967 le premier Prix de composition pour sa seconde sonate pour piano et violon. Il fréquente un temps les milieux underground de New York et fait la connaissance de Salvatore Dali. En 1969, il est l’élève de Luciano Berio à la Juillard School de New York puis devient son assistant en 1970 à l’Opéra de Santa Fé. A partir de 1973, il enseigne chaque été à l'académie des Arcs. Il se tourne vers la mystique et lit saint Jean de la Croix, Maître Eckhart et le Tao Te King. En 1976, il rencontre un maître indien, Sri Chinmoy et s'engage pendant 22 années dans une vie fondée sur la méditation. En 1978, il change son prénom en « Haridas » (Serviteur de Dieu). Il est ensuite co-directeur artistique de l’Académie-Festival des Arcs. Le 3 janvier 2000, il écrit : « J’ai cinquante ans. Comme homme, j’ai cinq ans. Comme compositeur, j’ai le sentiment que tout reste à faire. »
D’après Musicologie

Catalogue des œuvres
1961, Cinq chansons enfantines, pour voix et piano, poèmes d'Olivier Greif
1963, Quatre poèmes de Prévert, pour voix et piano
1964, Sonate pour piano n° 1 et n° 2
1966, Quatuor n°1
1967, Sonate pour violon et piano n° 1 et n° 2
1967, Ostinato, pour piano
1968, Vingt-trois études pour piano
1969, Sonates pour piano n° 3 et n° 4
1969, Sonates pour piano n° 5 à 9
1969, In Paradisum, pour voix de femme, flûte, clarinette, piano et percussion
1970, Sonate pour piano n° 10 «Heavenly memories»
1970, Sonate pour piano n°11
1971, Hommage à Raymond Roussel, pour piano
1971, Sonate pour piano n°12
1972, Le triomphe de la tonalité, pour piano
1973, Wiener Konzert, cycle de cinq lieder sur des poèmes de Heine, créé à la Société Nationale de Musique
1974, Cantate sur un poème de Dylan Thomas, And Death Shall Have no Dominion pour soprano, baryton, piano et ensemble instrumental
1974, Sonates pour piano n° 13 et 14
1974, Sonate pour piano n° 15 dans le goût ancien»
1975, Sonate pour piano n° 16 «de guerre»
1975, Le tombeau de Ravel, pour piano à quatre main
1975, Eloïse, oratorio en cinq parties pour soli, chœurs et orchestre sur des textes de l'Ancien Testament
1976, Bomben auf Engelland, pour voix, saxophone et piano
1976, Sonate pour piano n° 17 «Silver Spring»
1976, Petite cantate de chambre « The Lord is my Shepherd », pour voix de femme et deux pianos
1976, Sonate pour violon et piano n° 3 «The Meeting of the Waters»
1977, Sonate pour piano n° 18 «Love-song to his master»
1977, Sonate pour piano n° 19 «Trois poèmes de Li T’ai Po»
1977, Variations sur la «Galiarda Dolorosa» de Peter Philips, pour violon et piano
1977, Three poems of Sri Chinmoy, pour voix et piano, créés en 1979 à Pari et à Paris en 1980
1977, Na Pari Tomai, pour alto et piano
1978, Veni Creator, pour violoncelle et piano
1979, Sonate de Requiem, pour violoncelle et piano
1980, Le Livre du Pélerin, pour voix de femme, violon, flûte, hautbois, clarinette, basson, cor et piano, sur un poème de William Blake et des extraits des Psaumes
1980, Petite Messe Noire, pour voix, choeur d’enfants, quatuor à cordes et piano
1981, Nô, opéra de chambre pour baryton, ténor, soprano, clarinette, cor, orgue électronique, piano et percussion, sur un livret de Marc Cholodenko
1983, Hiroshima / Nagasaki, cantate pour choeur mixte, créée à Carnegie Hall et à Hiroshima en 1984
1983, Oi Akashe, pour violoncelle et piano
1983, Premaloker, pour double choeur mixte, douze voix d’hommes et ensemble instrumenta
1985,  Zubin Mehta, cantate pour choeur mixte, clarinette et violon
1991, Le Rêve du Monde, cycle de lieder sur des poèmes de Hölderlin
1992, Sonate de Requiem, version définitive
1993. Sonate pour piano n°20 «Trois pièces sérieuses»
1993, Sonate pour piano n° 21 «Le Rêve du Monde», créée à Varsovie
1993, Lettres de Westerbork, pour voix de femme et deux violons, sur des textes d’Etty Hillesum et des extraits des psaumes
1993, Am Grabe Franz Liszts, pour piano
1994, Deux mélodies sur des poèmes de Paul Bowles
1994, The Tailor of Gloucester, pour cor anglais, cor, violon, harpe, célesta et synthétiseur
1994, Sonate pour piano n° 22 «Codex Domini»
1995, Hymnes Spéculatifs, pour voix, clarinette, cor, violoncelle et piano, sur des extraits des Védas
1995, Sonate pour deux violoncelles  «The Battle of Agincourt»
1996, Chants de l’âme, pour voix et piano, sur des poèmes de William Blake, John Donne, George Herbert, Thomas Carew, Henry Vaughn et Henry King
1996, Quintette A Tale of the World
1996, Quatuor n° 2, avec voix, sur trois sonnets de Shakespeare
1998, Les trottoirs de Paris, pour soprano, ténor et piano, sur un texte d’Yves Petit de Voize
1997,   Symphonie n° 1, pour voix et orchestre, sur des poèmes de Paul Celan
1997, The book of Irish Saints, pour voix et piano
1998, Office des Naufragés, pour soprano, quatuor, clarinette et piano
1998, Trio pour piano, violon et violoncelle
1998, Quatuor n° 3 avec voix, «Todesfuge»
1998, Quadruple concerto «La Danse des Morts », pour piano, violon, alto, violoncelle et orchestre
1998, Sonate pour piano n° 23 « Les plaisirs de Chérence »
1999, concerto pour violoncelle «Durch Adams Fall »
1999, Portraits et apparitions, pour piano
1999, Trois chansons apocryphes
2000, Ich ruf zu dir, sextuor pour piano, clarinette et quatuor à cordes
2000, Quatuor n° 4  « Ulysses »
2000, Three settings of Musset, pour voix et piano, sur un poème d’Alfred de Musset

Sonate de Requiem, Trio avec Piano - Emmanuelle Bertrand, violoncelle, Pascal Amoyel, piano, Antje Weithaas, violon (HM 2006)

Sonate pour violon et piano, Codex Domini, Wiener Konzert, Le Tombeau de Ravel - Geneviève Laurenceau, violon, Hjördis Thébault, soprano, Lorène de Ratuld, piano (Saphir 2007)

Hommage à Olivier Greif : Sonate de requiem, Trois chansons apocryphes, Le Tombeau de Ravel, Todesfuge - Christoph Henkel, violoncelle, Mafrie Dellereau, soprano, Stephan Genz, baryton, Quatuor Sine Domini, Olivier Greif, piano (Triton 2001)


La Sonate de requiem est une œuvre particulièrement belle et facile à aborder.

sonate de requiem...pour piano uniquement ou vilocelle piano?

Violoncelle et piano. Dans le premier disque, par le duo habituel Amoyel Bertrand. Dans le dernier, le compositeur et Henkel.

Concerto pour violoncelle "Durch Adams Fall"...n'est ce pas le titre d'un choral de Bach..?

Durch Adams Fall ist ganz verderbt (la chute d'Adam a corrompu toute chose), BWV 637

l'un des très beaux nombreux choral de Bach!

Je ne connais pas...

Mais élève de Luciano Berio, ça me fait peur. J'ai un souvenir des Sequenza et du concerto pour 2 pianos : atroce !

Greif était comme Jean-Louis Florentz un proche de Philippe Hersant. Ils ont souvent passé pour des musiciens bien sages par rapport à d'autres.
Il doit bien être possible d'écouter cette Sonate de requiem quelque part sur Internet.

en effet...il semble n'avoir pas trop suivit les traces de Berio...

Olivier Greif souhaitait faire passer quelque chose de l'exaltation qu'il connaissait quand l composait. Il a bien réussi à mon sens. Il y a chez lui un équilibre entre la rigueur et le lyrisme, il y a souvent une part importante de lyrisme.
Tout de même, si on veut découvrir Greif il vaut mieux éviter le disque Saphir qui a une prise de son souvent artificielle, c'est bien dommage

La Sonate de requiem est dans un esprit romantique : on y affirme le sentiment. La forme est beaucoup plus contemporaine mais toujours pour exalter les mouvements de l'âme. Très particulier, Olivier Greif. Je finis par me demander si ces mouvements de l'âme n'ont pas été un poids pour le compositeur. Dont Jean-Louis Florentz par exemple a réussi à s'affranchir.
J'aime écouter Greif, mes préférences vont cependant à Florentz !

c'est un portrait de lui jeune?...ou d'un de ses interprètes?
on ne le reconnait guère?

Lui même vers 1968.
On peut en voir plus sur le site qui lui est consacré.

Quatuor à cordes n° 4 « Ulysses » - Ensemble Syntonia (Triton 2002)
Voici une très belle œuvre, dans le même esprit que la Sonate de requiem, mais je préfère ce quatuor. Même si la charge émotionnelle est évidente, l’auditeur y est beaucoup plus libre, sans doute parce que les thèmes y sont plus nombreux et demandent une plus grande participation.

Sonate pour deux violoncelles « La Bataille d'Agincourt » - Quatuor à cordes n°2 avec voix sur trois sonnets de Shakespeare, Ensemble Syntonia, Alain Buet (Zig-zag 2010)
Comme d’habitude, la musique de Greif est ouvertement tournée vers l’émotion. Une sorte de lyrisme fin XX° siècle, ce qui en marque les limites mais en est aussi la beauté. Ambiguë, la musique de Greif !
Une critique.

Greif, c’est tout une tradition d’intériorité à exprimer. Malgré la légèreté et l’humour, il y a du tragique intime dans cette musique. Tout l’oppose à ce que peut faire par exemple Thierry Pécou, une musique en écho du monde qu’il contemple.