Jonathan Harvey

Né à Sutton Coldfield dans le Warwickshire en 1939, docteur des universités de Glasgow et de Cambridge, il a étudié la composition avec Erwin Stein et Hans Keller sur le conseil de Benjamin Britten. Il a composé des pièces pour orchestre, de musique de chambre, pour instruments solistes, trois opéras (Passion and Resurrection, Inquest of Love et Wagner Dream) et de nombreuses œuvres chorales. Il a été invité par Pierre Boulez à travailler à l’Ircam au début des années 1980. Il a été professeur de musique à l’université du Sussex (1977-1993) et à Stanford (1995-2000). Depuis 2005, il est compositeur associé au BBC Scottish Symphony Orchestra.
On a pu dire de lui qu'il était « le plus français des musiciens anglais » du fait qu’il emploie de riches harmonies tournoyantes à la Messiaen et qu’il est proche des compositeurs français qui travaillent sur le spectre sonore comme Tristan Murail ou Gérard Grisey. Il a été très influencé par Stockhausen à qui il a consacré plusieurs études et il a souvent parlé de la « vie intérieure » que Stockhausen a su donner aux sons électroniques. Les textes bouddhistes, la Bible et Steiner l’ont beaucoup inspiré.
Bruno Bossis (ci-dessous) distingue différentes périodes dans l’œuvre de Jonathan Harvey : (1) les années de formation, (2) les années 60 et début des années 70 : œuvres de jeunesse, musique anglaise et sérialisme, (3) les années 70 : vers un style plus contemplatif, fusion entre musique et spiritualité, (4) le début des années 80 : spiritualité chrétienne et technologie, (5) à partir des années 80 : vers une vision mystique.

Sources : Wikipédia - Voir aussi l’article « Parcours de l'œuvre de Jonathan Harvey » par Bruno Bossis.
« Jonathan Harvey : une consonance de l'art et de l'artisanat » par Célestin Deliège.

Advaya, pour violoncelle et électronique (1994)
Bhakti
Chant, pour violoncelle (1993)
Come Holy Ghost
Concerto pour percussions (1987)
Concerto pour violoncelle (1990)
Curve with Plateaux, pour violoncelle (1982)
Death of Light/Light of Death, pour harpe (tamtam), hautbois (cor anglais),violon, alto et violoncelle (1998)
Dialogue and Song
Dum Transisset Sabbatum (1995)
Fantasia for organ
Flight-Elegy
Forms of Emptiness, pour chœur a capella (1986)
Four Images after Yeats
From Silence, pour ensemble, ordinateur et bande (1988)
God is our Refuge
How could the soul not take flight, pour double chœur (1996)
Imaginings
Inner Light (1973-1977)
Inquest of Love, opéra (1993)
Lauds (1987)
Lotuses, pour flûte, violon, alto et violoncelle (1992)
Madonna of Winter and Spring, pour orchestre, synthétiseur et électronique (1986)
Marahi (1994)
Missa brevis (1995)
Mortuos Plango, Vivos Voco
Mythic Figures
Nachtlied, pour soprano, piano et bande (1984)
Nataraja
O Jesu Nomen Dulce
One ovening, pour voix, petit ensemble et électronique (1993-1994)
Passion and Resurrection, opéra (1981)
Philia's Dream
Quatuor à cordes n° 1 (1977)
Quatuor à cordes n° 2 (1988)
Ricercare una Melodia, pour violoncelle (1984)
Ritual Melodies, pour bande seule (1985)
Rumi (1996)
Scena, pour violon et orchestre de chambre (1992)
Serenade in Homage to Mozart
Song Offerings, pour soprano et ensemble (1984)
Sufi Dance
Sweet / Winterhart (2001)
The Angels (1994)
The Riot
Three Sketches, pour violoncelle (1989)
Tombeau de Messiaen, pour piano et bande (1994)
Tranquil Abiding
Trio pour piano
Valley of Aosta, pièce pour synthétiseurs (1988)
Wagner Dream, opéra (2007)
Wheel of Emptiness

Œuvres pour violoncelle, Benjamin Carat (Assai 2002)

One Evening, Advaya, Death Of Light/Light Of Death, Stefan Asbury (Adès 2000)

Angels, Missa brevis, Marahi, Les Jeunes Solistes (Soupir 2007), sans doute le plus simple à aborder et le moins déroutant.

Je connais nettement moins bien que toi mais le peu que j'ai écouté m'a semblé assez passionnant et envoûtant, dommage que ma médiathèque n'ait - comme d'habitude - quasiment rien de lui (et en moment question finances, je suis totalement à sec, mon vélo vient de rendre l'âme ce matin par dessus le marché)

J'ai commencé par des œuvres pour quatuor interprétées par les Arditti – un peu déroutantes sans doute - j’ai continué par le violoncelle. Le deuxième dont j’ai donné l’image est un petit nouveau chez moi. Je ne peux pas dire grand chose de Harvey (d’où sans doute les deux liens à la présentation ci-dessus), mais sa musique exerce une certaine fascination sur moi. Je suis juste assez dérouté pour ne jamais perdre le fil de ce que j’entends – il y a toujours un certain « pôle », sans doute à cause de son inspiration religieuse. Il faudrait que j’arrive à en dire un peu plus !

Tu en as dit déjà beaucoup ! maintenant il faudrait que j'arrive à trouver ses disques (mais je n'ai pas le budget en ce moment)...

J'ai l'air d'être convaincant ! Il faudra aussi que je parle de Tristan Murail. Je le connais depuis assez longtemps et son dernier disque que j'emprunte souvent faute de l'avoir chez moi, Winter Fragments chez Aeon, est particulièrement attachant.

Tiens lui, je ne me souviens pas avoir entendu une ou l'autre de ses oeuvres....tu le rapprocherais plutôt de Philippe Hersant ou plutot le Dusapin "hard" (genre Romeo et Juliette!)??

Ah Roméo, je ne peux rien en dire, je n'ai pas entendu. Au jeu des familles, je mettrais Harvey plutôt avec Dusapin ou Murail qu'avec Hersant ou Pécou. Mais ses œuvres chorales, tu devrais aimer : essaie si tu le trouves à ta médiathèque.

Harvey , je connais pas non plus mais je parlais de Murail...
dans mon village...je n'ai pas de médiathèque ...

Mais la vie doit être bien plus agréable dans un village qu'en ville, non ?

çà c'est clair ....et je n'échangerais pas contre une médiathèque à disposition!!

Citation :

essaie si tu le trouves à ta médiathèque.

Je suis un peu trop habitué au tissu de petites villes en Alsace, j'oublie un peu qu'il n'en est pas de même partout ! Si tu n'étais pas si loin, je te prêterais volontiers le Harvey en question. Murail, il va falloir que j'en parle. Le dernier disque paru, Winter fragments, ça serait plutôt du côté de Hersant, mais il faut que je le ré-emprunte (ma remarque est juste pour moi, mais l'est-elle pour d'autres, il faut quand même que je m'en assure).

Bhakti par l'Ensemble Spectrum dirigé par Guy Protheroe (NML rééd. 2007)

ou par l'Ensemble Moderne dir. Lorraine Vaillancourt (Montaigne 1996 et 2000)

Comme j'ai le deux versions, il faudra que je donne mes impressions sur l'une et l'autre. Il me semble que la première convient mieux à l'œuvre.
En attendant, extrait du texte qu'on trouve dans le livret Montaigne.

Livret de Bhakti chez NMC - Je suis frappé aujourd'hui par la présentation que fait Harvey de son œuvre dans le livret : phrase et commentaire, à la manière d’Olivier Messiaen. Et à y songer un peu, on peut rappocher les deux compositeurs : même préoccupation métaphysique pu religieuse, Harvey étant plutôt du côté de l’Inde, et des impulsions musicales comparables. Je dirais même que parfois Messiaen est plus brutal dans ses ruptures – d’un autre côté, certains sons électroniques sont moins familiers (mais Messiaen utilise bien le gong...)

Pour ceux que la musique contemporaine effraie un peu, je ne peux que proposer d'écouter les Anges (Angels) interprétés par les Jeunes solistes de Rachid Safir. Il y a par exemple à la plage 4 (Sanctus de la Missa brevis) un élan vers l'élévation tout à fait saisissant.
Ce qui diffère ici d'autres disques, ce sont les moyens pour arriver à créer l"épanouissement spirituel - si on compare par exemple à Bhakti.

Voici un Harvey par lequel on peut commencer : c’est son univers mais pas aussi radical que dans d’autres compositions. Quatuor Arditti : Quatuors n° 1 et 2, Lotus, Scena (Auvidis 1995)

Extrait du livret par Franck Mallet : C’est une musique « atmosphérique » constituée de sons ténus qui niassent du silence puis forment une mélodie à l’unisson et éclatent, fugaces et précipités. Harvey évoque cette « note seule qui s’élargit en une mélodie et une harmonie menant tout droit au monde de l’esprit, passant de l’élément naturaliste à l’élément spiritualiste ».
Une musique contemporaine comme j’aime...

Body Mandala – Timepieces - Tranquil Abiding - White as Jasmine - Towards a Pure Land, dir. Ilan Volkov et Stefan Solyom (NMC 2008)
J’aime décidément Jonathan Harvey : c’est ici dans le style de Bhakti, une musique méditative. Il y a une respiration dans Tranquil Abiding (durablement tranquille).
C’est une musique résolument contemporaine mais jamais violente : le compositeur la met au service de l’expérience. Dans Timepieces (fragments de temps), il n’y a pas toujours un seul chef mais deux qui demandent des rythmes différents. Cinq œuvres d’un quart d’heure, cinq atmosphères à chaque fois différentes, même si leur style est comparable.

Tombeau de Messiaen - Mortuos Plango, Vivos Voco - 4 Images after Yeats - Ritual Melodies (Sargasso 1999)
Encore un Harvey qui me parle presque aussitôt. Je commencerai par le dernier morceau, Mélodies rituelle, œuvre pour bande magnétique qui imite ses instruments orientaux en transformant peu à peu le son de l’un en son d’un autre. Un Orient inventé mais qui vit de l’intérieur : une sorte de rite imaginaire. C’est là une œuvre qui mène au bord du mystère.

Imagininigs (à peu près : imaginations) jouées par Frances-Marie Uitti. Ce sont les répétitions pour du concerto propre violoncelle qui sont à l’origine des neuf fragments de cette œuvre. Le compositeur et l’instrumentiste ont commencé par prévoir une trame mais s’en sont écartés en découvrant des effets insoupçonnés. Le violoncelle et le synthétiseur « composent » une musique que je viens de découvrir et qui exerce tout son charme sur moi.
Voici la version Sargasso, j’ai une version plus ancienne chez Chill out : il semble bien impossible d’en trouver une image.

Advaya (pour violoncelle, clavier numérique et électronique) confronte le violoncelle à des sons enregistrés du violoncelle. On a un dialogue entre l’instrument et des sons déformés. C’est une de ces œuvres où Harvey convie à une expérience, à une confrontation : je ne pense pas qu’on doive les écouter en s’attendant qu’elles soit harmonieuses ou dissonantes. Ils s’agit plutôt de se laisser guider par le compositeur dans un voyage dans les échos. Une fois qu’on accepte d’écouter ainsi, on sent des passage de tension, d’autres de détente – un des buts de l’œuvre me semble de faire sentir que les deux (tension, détente) sont en fin de compte presque pareilles.

From Silence – Nataraja – Ritual Melodies (Bridge 1992)
Mon « nouveau » Harvey. Je trouve un peu dommage que la soprano de From Silence soit aussi peu convaincante. C’est cependant le seul enregistrement qui existe. Il y a une véritable expérience à écouter différentes pièces de Harvey : le style peut être très différent, ce qui me fait penser à György Ligeti dont je viens de parler.

Other Presences (Sargasso 2008) et le titre d’une pièce de Harvey inspirée des cérémonies tibétaines, onze minutes. Le reste du disque, ce sont des pièces d’autres compositeurs peu connus à partir de la partie pour trompette (jouée par Markus Stockhausen). Chacun a été libre de faire du matériau ce qu’il voulait. Il en résulte quelque chose de peu courant, bien dans l’esprit de l’expérience cher à Jonathan Harvey.

Men being butterflies de Kaffe Matthews (7:26)
Lost wax de Lawrence Casserley (6:23)
Wataru jikan de Gilbert Nouno (11:35)
Fractured marble de Evelyn Ficarra (7:26)
Miles of harvey de Daniel Biro (5:20)
Lost frontier d’Anna Harvey (5:04)
Present otherness de John Palmer

Speakings : Scena pour violon et ensemble – Jubilus pour alto et ensemble – Speakings pour grand orchestre et électronique dit Ilan Volkov (Aeon 2010)
Différentes pièces autour de la voix (les paroles de « Speakings ») mais sans qu’il y ait jamais de voix. C’est une mise en scène de la voix que je découvre.
Toujours ces belles photographies de Dolorès Marat !