| L'art de la critique | |
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+4Guillaume calbo Jean Jean-Michel 8 participants |
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Auteur | Message |
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Jean-Michel Administrateur
Nombre de messages : 6418 Age : 66 Localisation : En Alsace Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: L'art de la critique Jeu 1 Mai - 11:47 | |
| - Jean a écrit:
- tout à fait ce que je pense!
Je me disais il y a peu que ce genre de remarque n'apporte pas grand chose bien que je me dise la même chose bien souvent, mais je me trompais : sans cela, je ne saurais pas si personne m'avait même lu. C'est un signe bienvenu dans notre virtualité tout comme les Bonne nuit. Pour ma part, j'aime écrire ce genre de petites réflexions qui m'obligent à aller au-delà de l'impression toute simple ; si je ne le faisais pas ici je ne le ferais pas du tout. Alors merci de cette approbation ! | |
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Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: L'art de la critique Jeu 1 Mai - 19:52 | |
| et merci de tes reflexions souvent plus élaborées et qui m'invitent à ne pas me contenter de dialogue banal genre "café du commerce" | |
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Jean-Michel Administrateur
Nombre de messages : 6418 Age : 66 Localisation : En Alsace Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: L'art de la critique Jeu 15 Mai - 16:10 | |
| Discuter de musique, qu’est-ce c’est, qu’est-ce que j’en attends ?
Qu’est-ce c’est ? Parler d’un compositeur ou d’un interprète ? Recueillir un avis sur un enregistrement ? Sans doute, mais ce que je cherche, c’est moins une information objective qu’un dialogue. Comme j’en suis rarement au stade de la découverte, je sais déjà jusqu’où je peux dire que j’aime une œuvre ou un compositeur, je cherche donc plutôt à prêter une nouvelle oreille à ce que je connais plus ou moins bien. C’est là qu’un dialogue entre personnes est indispensable – dialogue, c’est bien là un échange entre interlocuteurs qui connaissent un sujet, qui s’écoutent pour se faire comprendre et non pas pour convaincre. Pour prendre un exemple – Je « connais » la musique de Szymanowski, du moins je l’ai écoutée, j’en possède certains disques. Je peux dire que j’aime bien l’entends. Mais cela ne me satisfait pas : je l’entends et passe ensuite à autre chose, je ne l’écoute pas. Là le dialogue se rapprocherait de l’information : quelqu’un qui me donnerait une clé pour entrer dans un monde à côté duquel je passe. Pour des œuvres que je connais bien, prenons Biber, les Sonates du Rosaire, il est intéressant de savoir ce qui distingue différentes versions, au point que l’interprétation produit une impression entièrement différente à mon oreille déjà exercée : on n’entend pas la même chose avec Bismuth, Goebel, Manze ou Letzbor !
J’entends souvent, trop souvent, parler avec légèreté, les cibles en sont souvent les revues : certains articles y sont certes décevants s’ils se limitent à dire « j’aime » mais ils justifient souvent leur opinion. Et une critique vaut en général ce que vaut son auteur : il y a des critiques « artistes » et les autres, les critiques strictement professionnelles qui satisfont au cahier des charges. Le jeu de l’écoute en aveugle est souvent intéressant mais il a ses effets pervers : il faut éliminer donc trouver d’abord des défauts plutôt que d’entrer dans la conception générale de l’interprétation. Parler avec légèreté, c’est aussi parler dans le but de convaincre (« je vous le dis, croyez-moi, ceci vaut mieux que cela ») : il suffit alors d’avoir les bons arguments, un peu d’habitude et on sort vainqueur. Ce n’est plus dialoguer, c’est exercer un pouvoir (d’autorité, de conviction) dont les effets sont plus ou moins durables et à mon sens détestables. J’ai déjà été témoin de telles scènes à propos de musique : je me sens alors non seulement exclu mais aussi, c’est plus grave, associé malgré moi à une prise de pouvoir qui nie l’individualité de chacun.
Qu’est-ce que j’en attends ? Je suis donc partisan des commentaires « habités » ou « artistes ». Il suffit parfois d’une petite phrase qui souligne telle ou telle chose, parfois d’un commentaire plus long – mais toujours d’un point de vue sincère. J’en viens parfois à penser que mes penchants excèdent les catégories habituelles. Du Moyen-Age au contemporain, même si j’ai des zones d’ombre, c’est bien large, je crois même que l’écoute d’une période influence l’écoute d’une autre période. Et surtout, j’aime demander des explications : en sachant ce qui arrête quelqu’un, non seulement il est possible de lui proposer une voie, mais je crois mieux comprendre ce qui me guide moi-même. Mais je sais qu’il n’est pas entièrement légitime d’attendre que tout un chacun ait le même penchant que moi à demander et à donner des explications ! | |
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kfigaro
Nombre de messages : 470 Date d'inscription : 31/03/2007
| Sujet: Re: L'art de la critique Ven 16 Mai - 10:54 | |
| Sujet passionnant, j'y reviendrais... - Jean-Michel a écrit:
- Pour prendre un exemple – Je « connais » la musique de Szymanowski, du moins je l’ai écoutée, j’en possède certains disques. Je peux dire que j’aime bien l’entends. Mais cela ne me satisfait pas : je l’entends et passe ensuite à autre chose, je ne l’écoute pas. Là le dialogue se rapprocherait de l’information : quelqu’un qui me donnerait une clé pour entrer dans un monde à côté duquel je passe.
Je me rappelle plus s'il existe un sujet sur Szymanowski ? bon ce musicien est un peu particulier et j'ai remarqué qu'effectivement de nombreux mélomanes passaient totalement à côté, voire en le prenant "de haut" et en le sous-estimant. Grosso modo, c'est le musicien sensuel par exemple, son écriture est incroyablement sophistiquée puisqu'il est capable de passer d'une sorte d'emphase et de demesure toute straussienne à des pianississimi archi debussystes et très audacieux sur le plan harmonique (sa musique peut être aussi très modale comme celle d'un Fauré). - Citation :
- Parler avec légèreté, c’est aussi parler dans le but de convaincre (« je vous le dis, croyez-moi, ceci vaut mieux que cela ») : il suffit alors d’avoir les bons arguments, un peu d’habitude et on sort vainqueur. Ce n’est plus dialoguer, c’est exercer un pouvoir (d’autorité, de conviction) dont les effets sont plus ou moins durables et à mon sens détestables. J’ai déjà été témoin de telles scènes à propos de musique : je me sens alors non seulement exclu mais aussi, c’est plus grave, associé malgré moi à une prise de pouvoir qui nie l’individualité de chacun.
oui, j'ajoute tout de même que tu oublies de définir comment va réellement se construire "l'autorité" de la personne qui critique. En la matière l'autorité semble moins liée aux "diplômes" (et même aux connaissances réelles !) qu'au "parcours" et à la "posture littéraire" du critique. Prenons par exemple un critique au style simple faisant souvent de la "vulgarisation" à la radio ou pire encore à la télé : même s'il a du talent, il aura bien moins "d'autorité" qu'un critique plus "austère", "incorruptible" et avec un style subtil, sibyllin, volontiers hermétique ou enrichi judicieusement (et stratégiquement !) par des références philosophiques, littéraires très "hautes" qui vont lui apporter un "crédit" certain - dans le monde tout aussi incorruptible des mélomanes aguerris. Dit autrement : le mélomane averti (doté d'une longue pratique d'écoute) qui lit une critique simplement pour confirmer son "avis" accordera plus de "crédit" à ce dernier type de critique tout en rejetant les critiques (même si elles sont pertinentes !) dont il présent un manque ou du moins une insuffisance "d'autorité". C'est très pervers mais dans les faits, c'est comme ça que ça fonctionne. | |
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Jean-Michel Administrateur
Nombre de messages : 6418 Age : 66 Localisation : En Alsace Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: L'art de la critique Ven 16 Mai - 23:56 | |
| Tout d'abord, merci de ta réponse. J'ai mis un certain temps à écrire mon « Discuter de musique » alors que je croyais avoir les idées assez claires pour en arriver à bout en dix minutes.
S'il n'y a pas de sujet Szymanowski, je vais le créer. Szymanowski m'intrigue vraiment. Quand je disais parler avec légèreté, c'est vraiment à parler que je pensais. La scène à laquelle je pensais avait pour personnage un « spécialiste » de la période musicale. Ses arguments étaient simples et justes, en commentant la musique en question il négligeait simplement qu’on pouvait présenter d’autres arguments aussi simples et justes pour défendre une autre version. Il avait raison dans ce qu’il disait et régnait en maître. Pour dissiper cette atmosphère désagréable, il aurait fallu du temps (ce n’était pas le cas), une présence d’esprit (j’aurais peut-être pu y contribuer) pour replacer autrement les choses. Etant données les personnes en présence, il aurait même été possible qu’en fin de compte chacun en retire une impression positive ; en fait le « convaincu » a ensuite eu une impression mitigée, le spectateur (moi) n’a pas trouvé sa place et finalement le « spécialiste » ne s’est pas rendu compte de sa maladresse (son abus d’autorité). Pour les critiques médiatiques dont tu parles, je connais fort mal la situation : je me limite à lire. Là il est plus simple de faire le point en se demandant ce qu’il ressort de ce qu’on vient de lire. La situation que j’ai évoquée est moins perverse, mais elle repose en effet sur le statut de spécialiste. Je suis entièrement d’accord sur le style : même employer des expressions de musique (legato etc.) me semble souvent avoir pour seule fonction de proclamer « je sais de quoi je parle », d’asseoir une autorité, alors qu’on pourrait dire les choses en mots plus simples. | |
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Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: L'art de la critique Sam 2 Aoû - 2:32 | |
| regardez ce que je viens de trouver sur le net
"TRIBUNE LIBERTAIRE L’apologie des pages Jaunes ou les bottes de Mr HUSS
Appréciateur professionnel au sein du catalogue aux pages jaunes des sorties discographiques nommé Répertoire, Monsieur Christophe HUSS se présente dans ses « essayages » comme sa propre déférence. Son auto-satisfaction nous donne l’impression qu’il est enrobé par des oreilles sub-fréquentielles qui le haussent au rang de « Parangon des Maîtres à penser » du cercle intracommunautaire à caractère supposé musical.
Même si ces prétendus dons surnaturels nous laissent croire qu’il juge ne pas avoir besoin de présenter un quelconque argumentaire, nous ne serions pas indifférents aux contributions que ses commandités et commanditaires allouent à la mise au point de leur gadget préféré, à savoir, le « talentomètre ».
Non, malgré tout leurs efforts, le talentomètre n’est pas une machine mais bien un recueil de recettes pluriséculaires dont les principaux condiments incantatoires sont l’idolâtrie et la haine. Le tout gisant dans une sorte de silhouette cérébrale obscure.
Hélas, à défaut de ne pas pouvoir ressusciter leurs idoles, ils s’octroient, comme acte ultime de leur nécromancie, le droit de vie et de mort sur l’expression artistique et l’aventure humaine qui l’accompagne.
Leur cortège nous propose inlassablement l’achat des bouquets funèbres à leur messies imaginaires, ces initiateurs qui n’ont pas su être éternels malgré l’autosuggestion qui les entourent. Ce marchandage, quand il ne réussi pas, vient étouffer par défaut toute initiative autre. Les perversions du système actuel leur permettent de dire leur droit et d’établir un permanent ratio entre le Prix des réclames et les Prix décernés. Ainsi, en essayant de renouveler le mythe ils ne font que l’affaiblir.
Cette confusion entre connaissance et reconnaissance nous amène a une question fondamentale. Pourquoi rien n’a changé depuis que les anciens gestionnaires d’état avaient pris la décision qu’il faudrait attribuer à de pareils surdoués le pouvoir d’imposer à leurs sujets leur pseudo Verdict in Veritas ? Amalgamé dans la « modernité », avec la plupart des organes de presse, les Maîtres à penser n’ont strictement aucun rapport ni dans le fond ni dans la forme avec la noble profession de journaliste et la plupart d’entre eux n’ont ni la formation ni la conscience professionnelle de la responsabilité que leur est attribuée.
Où se trouve donc leur aptitude et leur légitimité pour exercer la difficile tâche de drainer les informations et d’informer femmes et hommes ?
De nos jours, je pense qu’ils cherchent un sens à leur marche, cette marche incommensurable et figée dans le désert à béton de ce monde Post-capitaliste dans lequel nous essayons de survivre. Leur but ? Surtout retrouver le bruit de leurs bottes qui ont fini par se séparer de leurs pas.
Vivement qu’ils ne le retrouve à jamais, le bruit.
Maximianno Cobra" | |
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Odile
Nombre de messages : 2 Date d'inscription : 02/08/2008
| Sujet: Re: L'art de la critique Sam 2 Aoû - 3:28 | |
| Quel charabia ! C'est grotesque | |
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Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: L'art de la critique Sam 2 Aoû - 10:07 | |
| Bienvenue Odile Je partage ton point de vue!!! ..en relisant trois ou quatre fois certaines phrases ou paragraphes, je me demande encore ce qu'il a voulu dire précisément!.. Ce texte n'est pas récent...il fait allusion à la revue "Répertoire" ( mais quelles pages jaunes?) engloutie depuis plusieurs années par "Classica". | |
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Jean-Michel Administrateur
Nombre de messages : 6418 Age : 66 Localisation : En Alsace Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: L'art de la critique Sam 2 Aoû - 23:13 | |
| Je ne comprends pas grand chose à ce style ampoulé : quel est le but, quelle est l'idée ? A ce point, il vaut lieux penser que le signataire ne souhaite pas se faire comprendre. En bon lecteur, je renonce donc à tout effort. | |
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Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: L'art de la critique Sam 2 Aoû - 23:15 | |
| je crois qu'il est chef d'orchestre ce bonhomme | |
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Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: L'art de la critique Sam 2 Aoû - 23:22 | |
| Ben il aurait en effet mieux fait de se taire...il produit presque l'effet inverse de ce qu'on peut supposer qu'il veut : dénégrer Huss!! | |
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Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: L'art de la critique Sam 2 Aoû - 23:26 | |
| oui car c'est crée une sympathie pour la cible d'une telle attaque | |
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Jean-Michel Administrateur
Nombre de messages : 6418 Age : 66 Localisation : En Alsace Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: L'art de la critique Mer 10 Sep - 0:30 | |
| Je ne peux résister à l'envie de vous faire lire Christophe Huss classificateur et drôle dans les Saisons de Vivaldi. | |
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Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: L'art de la critique Mer 10 Sep - 0:37 | |
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Jean-Michel Administrateur
Nombre de messages : 6418 Age : 66 Localisation : En Alsace Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: L'art de la critique Ven 20 Mar - 0:10 | |
| Sur le Teatro d’amore de Christina Pluhar C’est un côté que j’aime de Christophe Huss : désapprouver l’intention et aimer le résultat. Savoir ainsi faire la part des choses, c’est la marque du goût... | |
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Jean-Michel Administrateur
Nombre de messages : 6418 Age : 66 Localisation : En Alsace Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: L'art de la critique Mar 16 Juin - 23:23 | |
| Je viens de lire un article critique sur Jonathan Harvey. Je conçois fort bien qu’on n’aime pas sa musique contrairement à moi. Par contre je ne comprends pas qu’on publie un article qui sous couvert d’objectivité dit et redit je n’aime pas sous une forme insidieuse : je n’aime pas parce que c’est ennuyeux et donc mauvais. C’est le critique qui s’ennuie, pas moi. S’il refuse cette musique ou qu’elle est trop loin de ce qu’il apprécie, pourquoi donc la juger ? Il me semble qu’il y a là une faute de goût, sinon une faute de déontologie. | |
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Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: L'art de la critique Mer 17 Juin - 11:40 | |
| complètement d'accord avec toi!! ...même si je connais pas sa musique!...Comment peut on avoir des jugements aussi "personnels" pour informer des lecteurs qui pourraient avoir une écoute complètement opposée!! | |
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| Sujet: Re: L'art de la critique | |
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