Yevguéni Sudbin

Yevguéni Sudbin

Né à Saint-Pétersbourg en 1980, il entre au conservatoire de cette ville dès 1987 puis à la Hochschule Hanns Eisler à Berlin en 1990 . Il vit à Londres depuis 1997.

Prix internationaux : Jeunes virtuoses (Tchéquie) - Concertino Praga - Prix Vendôme - Alfred Brendel – Hattori - Myra Hess - Orpheum Public Award

Discographie
Weinberg, Sonates pour violoncelle, avec Alexander Chaushian, BIS 2007


Tchaikovski, Concerto n° 1, Medtner, Concerto n° 1, dir. J. Neschling BIS 2007


Scriabine, Sonates n° 2, 5 et 9 - Études op. 2, op. 8 n° 12, Mazurkas de l'opus 3, Nuances de l'opus 56, Poème op. 59; Valse op. 38, BIS 2007


Rachmaninov, Variations sur un thème de Chopin, Transcriptions de chansons, Sonate n° 2, Transcriptions de Kreisler, BIS 2005


Scarlatti, Sonates K 545, 466, etc., BIS 2004


Better Baroque : Bach, Concerto pour clavier BWV 1052, Octave Classics 2003


Site de l’artiste

tu connais quelques uns de ces disques Jean Michel?

Comme tu es impatient ! J'ai créé la fiche pour pouvoir en parler quand cela me prendra. J'ai Rachmaninov et Scarlatti. J'admire son Scarlatti, c'est très beau. Je me suis demandé l'autre jour : pourquoi ? Il faudra que je compare à Zacharias et à d'autres exécutions sur piano pour essayer de savoir. Il y a en outre une très belle prise de son. Pour mettre en appétit, je cite un passage de ce qu'en dit Christophe Huss.
Car Evgueni Sudbin est (positivement) fou ! Ce qu'il fait ici, pour son premier disque me semble-t-il, est proprement incroyable d'intelligence, de pertinence et d'art pianistique (toucher, sonorité). Sa Sonate K. 466 (plage 2) est aussi grande que la K. 27 de Guilels en concert à Londres en 1957 (BBC Legends) ou que la K. 380 de Sari Biro à Carnegie Hall en 1954 (Pearl). Les connaisseurs apprécieront ! L'art ici est infini : c'est l'art du son, celui d'un Zimerman ou d'un Moravec. Passez-vous en boucle la Sonate K. 87 (plage 5) et tentez de deviner comment se crée ce continuum, cette gestion de l'extinction des phrases. J'ai écouté et réécouté ce disque bouche-bée devant le phénomène (jamais ostentatoire), sa musicalité (par exemple cet art de faire ressortir l'hispanité de l'inspiration - Sonate K. 487), son art des trilles et des notes répétées (K. 435 et 455) et, surtout, cet imaginaire infini (la Sonate K. 427, quasiment irréelle).

en effet..il donne envie!

La sonate K 466 par Christian Zacharias (EMI, rééd. 1991) et par Evguéni Sudbin
La sonate par Sudbin se déroule doucement, les notes de soulèvent pour former une ligne mélodique moelleuse. Zacharias qui chante pourtant a par comparaison un air fermé et statique. A tout moment il y a chez Sudbin de l’air qui circule, des notes qui naissent, on retire l’impression d’une musique qui se crée et se noue à chaque moment comme une grâce.
Zacharias fait chanter la musique, Sudbin allège la musique qui reprend hors de lui une liberté: la phrase se soulève doucement, suit une ligne, laisse l’espace l’habiter, se termine doucement – un voyage terminé hors de toute pesanteur.

Tu fais des infidélités à Tharaud !

Tiens, bonjour ! Mais écoute, et tu comprendras ! Dans ce que j'ai entendu de Sudbin jusqu'à présent, c'est un artiste comme il doit en exister peu. Et être seul devant un instrument, ça ne pardonne pas à mon avis : dans des genres où les instruments dialoguent, il y a une marge d'approximation et d'échange. Sudbin a un art du moelleux et de la sculpture : c'est beau.

Faudra me trouver autre chose que des sonates, ca m'emballe pas les oeuvres solo comme les sonates.

Avec Sudbin, ça va être difficile. Mais tu as bien Chopin...

oui mais c'est bien au delà de quelques sonates... Chopin c'est la quintessence du piano pour moi.

Cette remarque soulève la question : les sonates de Scarlatti sont-elles décoratives ou uniquement décoratives ? Tout d’abord, la question ne semble pas se poser à propos de Chopin, à une époque romantique où l’artiste attend autre chose de l’art qu’un siècle auparavant.
« C’est dire qu’il est loin, je pense, de la superficialité joyeuse de Vivaldi. Il y a parfois un peu de ça, mais disons que c’est l’aspect qui chez lui m’intéresse le moins. Et c’est d’ailleurs l’aspect qu’il a peu à peu abandonné en vieillissant.
- C’est une musique d’interprète, de virtuose de clavecin, finalement.
- Probablement, Couperin est un peu pareil. Et Chopin quand il n’est pas suprêmement bien joué peut être ennuyeux, sucré, superficiel. Scarlatti flirte avec ce danger. Il faut sans aucun doute le prendre au sérieux. Il faut l’aimer pour le jouer. »

Reflexion intéressante de la part d'Hantai.

Puisque nous en sommes aux flamboyances ce soir, les quelques pages qu'a écrites Sudbin dans le livret de son Scriabine sont remarquables. Il ne peut pas les avoir écrites sans avoir été traversé par la musique de Scriabine. Cela force mon admiration - Scriabine écrit une musique folle, et voilà quelqu'un qui la commente à la limite du raisonnable. Les livrets, c'est quand même parfois un joyau !

oh son rachma si je l'ai bien en réserve va bivouaquer par chez moi !