Alfred Deller est un chanteur et musicologue britannique qui a remis à l’honneur la voix de contreténor.
Biographie [
Alfred Deller est né le 31 mai 1912 à Margate dans le Kent en Angleterre.
Lorsqu’il s'aperçut au sortir de l'enfance que, s'il perdait sa voix de soprano, celle-ci gardait un timbre étrangement aigu et une élasticité étonnante, il se forgea seul une technique de contreténor. Personne ne pouvait se charger de sa formation vocale, cette tessiture ayant disparu depuis deux siècles.
Le compositeur Michael Tippett le remarqua dans les chœurs de la Cathédrale de Canterbury et lui fit faire ses débuts à Londres en 1943 dans une interprétation de Purcell où il confondit public et musicologues par son timbre magnifique, ses libertés avec le rythme et ses modulations raffinées, légères et sans efforts qui contribuèrent grandement à repenser la musique ancienne avec intuition, instinct, fraîcheur et spontanéité.
Il intégra de 1947 à 1961 les chœurs de la Cathédrale Saint-Paul de Londres, fonda le Deller Consort en 1948 et enregistra son premier disque avec Walter Bergmann en 1949. Interprète magistral et inégalé de la musique élisabéthaine et baroque, il s’intéressa aussi à la musique contemporaine. Ainsi Benjamin Britten écrivit-il pour lui le rôle d’Oberon dans Le Songe d'une nuit d’été, qu’il créa en 1960.
Le luthiste Desmond Dupré et le claveciniste Harold Lester ont participé à ses enregistrements. Mais il contribua en priorité à la vocation et à la formation de nombreux contre-ténors, dont son fils Mark Deller. Parmi ses disciples, il faudrait encore citer, sans exhaustivité, James Bowman, René Jacobs, Henri Ledroit ou Gérard Lesne, ces grandes voix qui lui doivent tellement.
Nikolaus Harnoncourt se rappelle avec admiration « l’assurance imperturbable du chanteur le plus significatif de cette musique ancienne en train d’éclore ». Gustav Leonhardt décrit avec une grande précision l'art et la manière de ce « musicien, c'est-à-dire un cran au-dessus [d’un chanteur], et qui plus est, d'un chanteur-musicien exceptionnel », débordant de vitalité et d'humour. Quant à lui, René Jacobs évoque le « chanteur-poète »... Tous s’accordent à mettre en évidence l’art intuitif de ses intonations fines, l’expressivité des sons filés, dont il refusait de privilégier la beauté pour demeurer en accord avec le texte.
Il s’abstenait des vocalises quotidiennes, détestait les répétitions et préférait la spontanéité du concert.
En 1970, il est promu commandeur dans l’Ordre de l'Empire britannique.
Il est décédé à Bologne en Italie le 16 juillet 1979.
Discographie sélective [modifier]
King Arthur, de Henry Purcell
O solitude & other songs, de Henry Purcell
The Fairy Queen, de Henry Purcell
Lachrimae & Lute Songs, de John Dowland
English Folksongs, d’auteurs divers
Leçons de Ténèbres, de François Couperin