Louis Marchand
(2 février 1669, Lyon - 17 février 1732, Paris)
De son temps, Louis Marchand est considéré en France comme le seul rival de François Couperin à l'orgue et au clavecin.
Louis Marchand est issu d'une famille d'organistes. Très précoce, il est titulaire de l'orgue de la cathédrale de Nevers à 15 ans. Il est aussi très ambitieux et de caractère impossible, ce qui lui vaut de nombreux démêlés avec son épouse (de la famille Denis, célèbres facteurs de clavecins) et ses collègues musiciens (il n'hésite pas à s'attribuer les compositions de ceux-ci, par exemple les Bergeries de Couperin). Bientôt installé à Paris, son talent et ses intrigues lui permettent d'être titulaire de l'orgue de plusieurs églises, notamment Saint Benoit et le couvent des Cordeliers, et de succéder en 1706 à Guillaume-Gabriel Nivers dans l'une des charges d'organiste de la Chapelle Royale.
Son mauvais caractère lui vaut sans doute de devoir quitter cette fonction en 1713. Selon la rumeur, en fait, il se serait tellement senti accaparé par son ex-femme qui lui réclamait en permanence la moitié de ses gains qu'un jour de 1713, devant honorer la messe à la Chapelle Royale de Versailles, il aurait quitté la tribune (en présence du Roy) en plein milieu de l'office, prétextant que si on ne l'acquittait plus que de la moitié de son salaire, il ne se voyait guère obligé de s'acquitter de plus de la moitié de l'office. Incident suite auquel on lui aurait gentiment conseillé de s'exiler, afin d'éviter des peines plus sévères (étant donné que Louis XIV, ce nonobstant, lui avait toujours conservé une grande affection). Il entreprend alors - contraint et forcé - un voyage en Europe notamment en Allemagne où sa virtuosité lui vaut un succès considérable auprès des grands et la jalousie de ses confrères musiciens qui n'apprécient pas son caractère.
C'est à Dresde en 1717 qu'il se serait dérobé à une joute musicale prévue avec Johann Sebastian Bach, en quittant la ville de bon matin. Cet épisode est rapporté avec imprécision et selon différentes versions dont deux - celles de C.P.E. Bach et de F.W. Marpurg - sont tardives. Il semble bien, toutefois, que Marchand ait voulu éviter la confrontation avec Bach, qu'il ne connaissait pas auparavant et dont il aurait reconnu les dons impressionnants de virtuose et d'improvisateur.
Il revient ensuite en France pour y terminer une carrière plus discrète et rangée d'organiste et de professeur (parmi ses élèves attestés ou supposés figurent Pierre Du Mage, Jean-Adam Guilain et Louis-Claude Daquin).
Œuvres
Le peu d'œuvres qui sont passées à la postérité suffisent à confirmer son talent, la hauteur de son inspiration et le raffinement de son harmonie :
quelques dizaines de pièces d'orgue, rassemblées de façon disparate - quelques-unes de ses compositions sont des hauts chefs d'œuvre et notamment, le Grand Dialogue du 5e ton et un Fond d'orgue à l'harmonie savante et mystérieuse ;
deux recueils de suites pour clavecin, parus en 1699 et 1702.
un troisième livre de pièces pour le clavecin (14 pièces en ut mineur / ut majeur), composées vers 1715, a été découvert en 2003 (manuscrit de la fin du XVIIIe siècle).