Jan van Elsacker

Jan van Elsacker

Le ténor belge Jan van Elsacker a commencé à chanter dans le Chœur de la cathédrale d’Anvers sous la direction de Jan Schrooten qui lui a donné l’occasion d’intervenir en soliste. Il a étudié le chant et le piano au Conservatoire royal d’Anvers. De 1987 à 1991, il a collaboré avec le Collegium Vocale Gent, La Chapelle Royale (Philippe Herreweghe), La Petite Bande (Gustav Leonhardt, Sigiswald Kuijken), Anima Eterna (Jos van Immerseel) et le Chœur de la radio flamande (Vic Nees). Il a enregistré ensuite des émissions et des disques avec le Currende Consort (Erik Van Nevel). En 1996, Jan van Elsacker a été lauréat du concours « Musica Antiqua Brugge », suite à quoi il a chanté dans de nombreux ensembles reconnus : I Fiamminghi, Capella Musicae Graz, Currende, Ex Tempore, Ricercar Consort, Le Parlement de Musique, Rheinische Kantorei, La Fenice, Il Gardellino, Collegium Instrumentale Brugense. Il collabore régulièrement avec le Huelgas Ensemble dirigé par Paul van Nevel et l’ensemble Akademia dirigé par Françoise Lasserre.

Discographie (pour l’instant sans doute incomplète)

D. Scarlatti, Stabat Mater et Esteves Missa a oito voces - Currende, Erik van Nevel (Accent 1998)
Bach, Missae Breves BWV 233 à 236 - Collegium Instrumentale Brugense, Patrick Peire (Eufoda 2000)
Monteverdi, Vesperæ Beatæ Mariæ Virginis - Florian Heyerick (Vox Temporis 2000)
Haendel, Passion selon saint Jean - Florian Heyerick (Vox Temporis 2000)

Music in Flemish Cities and Beguinages 1400 – 1500, Capilla Flamenca, Bart Demuyt (Eufoda)
Jean de Castro, Polyphony In a European Perspective - Capilla Flamenca (Passacaille 2000)
Vous ou la Mort - Currende, Erik van Nevel (Cantus 2000)

Schütz, Die 7 Worte Jesu Christi am Kreuz - Akadêmia, Françoise Lasserre (Pierre Vérany 2000)
Schumann, Liederkreis op. 24, Lieder und Gesänge op. 107 et 142 - Claire Chevallier au piano, (Klara 2003)

Fiocco, Missa Solemnis, Ave Maria, Homo Quidam - Patrick Peire (Naxos 2003)

Schütz, Histoire de la Résurrection - Akadêmia, Françoise Lasserre (Zig-Zag Territoires 2002)
Monteverdi, Selva morale e spirituale - Akadêmia, Françoise Lasserre (Zig-Zag Territoires 2003)

Schütz, Matthäus Passion - Akadêmia, Françoise Lasserre (Zig-Zag Territoires 2004)
Schütz, Histoire de la Nativité - Akadêmia, Françoise Lasserre (Zig-Zag Territoires 2004)
Monteverdi, Combattimento di Tancredi e Clorinda - Akadêmia, Françoise Lasserre (Zig-Zag Territoires 2005)

Landi, La morte d'Orfeo - Akadêmia, Françoise Lasserre (Zig-Zag Territoires 2007)

Parmi les disques ci-dessus, j'ai ceux d'Akadêmia et le Fiocco. J'ai découvert la voix de Jan van Elsacker par la Nativité de Schütz : depuis, je la reconnais partout. Dans cette Nativité et dans le Combattimento, il arrive à une expressivité qui m'impressionne. C'est cette expressivité entièrement justifiée par le contexte que je trouve émouvante. C'est toute la différence avec une voix comme celle de Philippe Jaroussky qui me touche en elle-même, par sa « pureté angélique ». Aux moments ou Jan van Elsacker bascule entièrement dans sa voix (l'image est un peu bancale, mais c'est ce qui me vient spontanément à l'esprit), je ne sais plus rien faire que l'écouter. Ces quelques minutes de chant sur deux disques : cela me semble justifier une rubrique.

Ah, j’écoute Les Carnets de voyage de Charles Tessier par le Poème Harmonique. Et j’ai presque oublié que van Elsacker y chante, par exemple à a plage 6, une mélodie de Hassler « Junkfraw dein schöne gstalt erfreut mich sehr » (Jeune femme, tes belles formes me réjouissent tant).

je l'ai dans le Fiocco et le Schutz des 7 dernière parole du Christ
je vais le réécouter

Les voix d'hommes ne m'émeuvent que rarement, mais l'infinie patience de sa voix dans l'Histoire de la Nativité...
Une telle patience ferait retrouver la confiance en la nature humaine.

...et c'est vrai que le récit du ténor dans cet oeuvre me touche énormément ...et que dans mes version actuelles (Jacobs, Kuijken, Summerly) le tenor me déçoit toujours un peu ...

C'est toute la différence que je fais entre la version de l'Histoire de la Nativité par Akadêmia (van Elsacker) et celle de Tubéry (Hans-Jörg Mammel) : un évangéliste magique d'une part, un fort bon évangéliste d'autre part...

eh oui Mammel est également dans la version Jacobs
et ..dans Fiocco...on n'as pas vraiment le temps de se faire une idée: ses interventions sont brèves et même pas en solo.

Commentaire de Roger Tellart (Source)

Dans la genèse du stile nuovo, vecteur de la modernité en musique, la lumière est venue d’Italie avec les avancées de la Camerata florentine qui, à la jointure des XVIe et XVIIe siècles, découvre le pouvoir dramatique de la monodie accompagnée, rendant du même coup obsolètes les savantes architectures de la polyphonie traditionnelle.

D’où cette idée rare et stimulante d’un concert réunissant quelques acteurs majeurs de la révolution mélodramatique. Un projet confié au jeune groupe belge Il Trionfo del Tempo que dirige le ténor Jan van Elsacker, déjà remarqué avec l’ensemble Akadêmia de Françoise Lasserre, entre autres.

Avant tout attentif à un chant en phase directe avec la parole, comme le voulaient les chefs de file de la Camerata (Peri, Caccini) et leurs continuateurs immédiats (Landi, D’India, Luigi Rossi), van Elsacker s’en tient à un sobre soutien instrumental (violon, flûte, clavecin), mais en exclut bizarrement le luth ou théorbe, pourtant étroitement lié à l’histoire de la déclamation lyrique (le canto al liuto qui, sur les traces supposées d’Orphée, scellait l’union du chanteur et de l’instrument dès la fin du XVème siècle). Quant à la voix en soi, elle est assurément attachante, avec une belle égalité d’émission dans tous les registres et un souci textuel malheureusement compromis par des rapports à la langue italienne (prosodie, accent), disons perfectibles. Un handicap qui pousse parfois le soliste au maniérisme, hors du sens et de la couleur naturelle des mots.

Reste – ce qui n’est pas rien – la curiosité musicologique de Van Elsacker revisitant pour notre bonheur le très riche atelier monodique de cette première moitié de Seicento à travers un bouquet de miniatures tout ensemble ferventes, dolentes, captivantes. Du O che felice ! de Francesco Rasi, qui fut l’un des plus célèbres ténors de l’époque et le créateur du rôle-titre lors des premières représentations de l’Orfeo de Monteverdi à Mantoue en 1607, au vrillant Lamento d’Orphée du Palermitain Sigismondo d’India, compositeur subtil et poète inspiré qui mit volontiers ses textes en musique, le choix se révélait éloquent en l’église des Billettes ; reflet d’une effervescence humaniste que nous avons peine à imaginer aujourd’hui, mais où l’avenir de la musique occidentale se jouait alors pour plusieurs siècles, au gré d’un geste créateur mariant l’expressivité (et la fulgurance) du recitativo (imitar col canto chi parla) à un don mélodique prophétique. Et on n’oubliera pas la juste virtuosité du soutien instrumental, dominé par le clavecin de Bart Rodyns qui se jouait des pièges harmoniques du fascinant Recercar cromatico per il Credo de Frescobaldi, autre nom incontournable du programme.

Il Canto d’Orfeo : œuvres de Francesco Rassi, Antonio Brunelli, Marco Uccelini, Stefano Landi, Giovanni Maria Nanino, Sigismondo d’India, Luigi Rossi, Dario Castello, Tarquinio Merula, Giovanbastista da Gagliano, Giovanni Battista Fontana, Benedetto Ferrari, Francesco Capello
Claire Lefilliâtre (soprano) - Jan Van Elsacker (ténor) - Il Trionfo del Tempo dir. Jan Van Elsacker


Critique

Il dirige aussi un ensemble semble t'il?

Oui, j'ai appris ça, j'en ai déjà parlé un peu plus haut.
Je réécouterai et j'essaierai de donner mon avis sur ce programme.

C'est donc un bon disque composé à partir de la figure d'Orphée telle qu'elle apparaît à l'époque. et quand on aime la voix de Jan van Elsacker, on le trouve meilleur encore, même s'il ne chante que de temps en temps : il y a des pièces instrumentales et celles chantées par Claire Lefilliâtre.

Ce Canto d'Orfeo, je l'aime de plus en plus à mesure que je l'écoute. Les passages instrumentaux sont bien choisis pour leur entrain. Une fois de plus, je suis impressionné par les inflexions que le chanteur donne à sa voix, une sorte de légère tension qui fait deviner qu'il y a plus que ce qui est dit. La voix me fait cette rare impression d'ouvrir à un au-delà du chant.

Liederkreis op. 24, Lieder und Gesänge op. 107 et 147, accompagné par Claire Chevallier (Klara 2003)
Je l’écoute évidemment pour la voix. Mais fait-on autre chose quand il s’agit de lieder !
J'aime beaucoup l'image : mur, marche, neige, et personne qu'on puisse voir.

Pour ma part, la voix à laquelle je suis réceptif est bien celle de Jan van Elsacker. Je ne me rappelais plus qu’on l’entendait su le disque que j’ai passé cet après-midi, Tessier, Carnets de Voyage par Vincent Dumestre et son Poème Harmonique (Alpha 2007)

je ne le connais pas assez...je vais écouter le cd Schumann!

le Schuman n'est pas sur JPC...

mais ils (Elsacker et Auvity) chantent tous les deux dans cet enregistrement:


j'aime beaucoup aussi...avec un faible pour Auvity quand même