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 L'avenir de la musique contemporaine

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kfigaro




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MessageSujet: L'avenir de la musique contemporaine   L'avenir de la musique contemporaine Icon_minitimeSam 31 Mai - 19:20

Deux articles passionnants signés par Pierre Jansen et Bruno Giner (qui s'interrogent sur la modernité musicale et l'avenir de la musique savante) ::

http://mediatheque.ircam.fr/HOTES/SNM/ITPR10JANS.html (version progressiste par un ancien sérialiste élève de Boulez)
http://mediatheque.ircam.fr/HOTES/SNM/ITPR10GIN.html (version nettement plus réactionnaire et "absolutiste" par un compositeur plus jeune)
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Jean-Michel
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MessageSujet: Re: L'avenir de la musique contemporaine   L'avenir de la musique contemporaine Icon_minitimeDim 1 Juin - 0:00

Je me permets de proposer un résumé en une seule phrase simple de chacun des articles. Tous deux ont pour argument la complexité opposée à la simplification.
Jansen : Face aux académismes des avant-gardes, on voit aujourd’hui des œuvres où il y a une « complémentarité entre l'interprète et le compositeur », des œuvres qui suscitent l’« émotion ».
Giner : La musique savante ne peut pas être facile, contrairement à ce qu’on veut croire et à ce que pratiquent certains compositeurs (nommément cités, dont Adams qui entre dans l’argumentation de Jansen).
Il faudra que je prenne le temps de parler plus de Thierry Pécou : il me semble un bon exemple qui mettrait d’accord de nombreuses personnes !
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kfigaro




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MessageSujet: Re: L'avenir de la musique contemporaine   L'avenir de la musique contemporaine Icon_minitimeDim 1 Juin - 0:40

Adams non plus n'est pas si "facile" ou racoleur (notamment ses mélodies et certaines parties de ses opéras), Jansen a raison de préciser qu'il est très loin d'avoir l'audience des Beatles ou même d'un musicien comme Glass, Adams se vend sûrement à peine plus qu'un Levinas ou qu'un Escaich chez nous... C'est une caricature très facile et convenue d'opposer Adams, le démon yankee archi commercial, infréquentable et simpliste (forcement...) et l'archange Murail (ou l'ange Ferneyhough) au discours ultra "pur", à la posture "incorruptible" et qui forcement "restera" puisque presque personne ne l'écoute ni le comprend réellement parmi le grand public actuel.

Pour ma part, je parie qu'une bonne partie de l'oeuvre d'Adams (pas tout mais une partie tout du moins) continuera à être jouée dans les siècles prochains tandis qu'un Ferneyhough et son discours à la fois injouable et abscons rejoindra le purgatoire des oeuvres oubliées de "l'Art Nova" bien trop cérébrales et hermétiques (en fait il s'agit d'une "avant-garde académisée") pour être décemment reçues par le public, même de "bonne volonté"...
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Jean-Michel
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MessageSujet: Re: L'avenir de la musique contemporaine   L'avenir de la musique contemporaine Icon_minitimeDim 1 Juin - 3:33

Tu as sans doute raison dans tes prévisions : je conviens qu’Adams me semble acceptable, Murail bien moins ! « L'avenir de la musique contemporaine », c’est un sujet est intéressant qui m’échappe parce que je n’y ai pas réfléchi, ni par moi-même ni en lisant des articles comme ci-dessus. J’ai écrit plus haut que je « pressens » que Pécou recueillerait des suffrages a priori divers. Mais de Tristan Murail, ange ou démon, j’ai quelques disques et son Winter Fragments (Aeon 2006), je l’ai déjà emprunté plusieurs fois à défaut de l’avoir déjà. Depuis que j’ai commencé à dialoguer par forum, je n’ose plus dire que je trouve ce disque « facile ». Par contre j’affirmerai toujours qu’il me procure du plaisir.
J’ai tout de même quelque difficulté à accepter que des « professionnels » se réjouissent de ce qu’on en aurait enfin fini avec cette « musique expérimentale », « sèche » donc impossible à aimer. Jarrell, Murail et d’autres, finis, enterrés... Tous les arguments sont bons : si on trouve une grâce à ces musiques inécoutables, on serait « snob ». Pourquoi pas, mais pour moi qui en aime certaines chez moi, face à moi, sans en parler sauf depuis peu, ça n’est pas pertinent ! Je suis encore et toujours étonné de cette propension rageuse à balayer quelques décennies d’art – même si je devrais y être habitué. Il en est de même du Nouveau roman, et je ne serais pas ce que je suis sans avoir lu Samuel Beckett, Claude Simon ou Michel Butor !
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kfigaro




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MessageSujet: Re: L'avenir de la musique contemporaine   L'avenir de la musique contemporaine Icon_minitimeDim 1 Juin - 13:40

Jean-Michel a écrit:
Je suis encore et toujours étonné de cette propension rageuse à balayer quelques décennies d’art – même si je devrais y être habitué.
Là encore, la mesure et le bon sens devrait nous indiquer la route à suivre.

Personnellement je suis également demandeur d'un certain esprit "d'avant garde" (Kurtag, Eotvos, Grisey ou Lachenmann essentiellement), ce que je refuse c'est une avant-garde dogmatique et enfermée dans une "tour d'ivoire des humanités" qui se construirait uniquement en refusant ou en "excluant", il est clair que le sérialisme , pour ne citer que lui (on pourrait citer aussi la musique aléatoire) a conduit à une impasse, à une "limite conceptuelle" ou un point de non-retour (finalement comparable à la fin du romantisme, pour paraphraser Debussy par rapport à Wagner, on pourrait presque dire que Webern est finalement lui aussi : « un magnifique crépuscule que l'on a pris pour une aurore »"). Tandis que des démarches beaucoup plus nouvelles et pionnieres comme celles d'un Scelsi voire d'un Xenakis ouvrent des portes vers des territoires inconnus et encore quasiment inexplorés (même si des Murail, des Grisey ou des Saariaho s'y sont engagés timidement) sans parler d'un franc tireur comme Lachenmann.

Ce qui ne veux pas dire non plus que la musique d'inspiration modale comme celle d'un Adams, d'un Gorecki ou d'un Kilar soit condamnable et forcement réactionnaire, je crois qu'il y a de la place pour deux et que la musique modale n'a pas forcement vocation à disparaître pour laisser place à un langage purement atonal, conceptuel ou artificiel (comme l'était d'ailleurs le dodécaphonisme, une pure construction abstraite et quasiment sans attache réelle avec la tradition). Après tout l'histoire de la musique nous prouve assez qu'elle est quasi éternelle et permanente depuis l'antiquité, c'est la tonalité (et l'âge classique en a proclamé l'apogée) qui est transitoire, pas la modalité ni le principe même du "mode" comme rapport musical ou "manière d'être" au monde (on le retrouve en Inde comme en Grèce, en Amérique latine, etc...).
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Jean-Michel
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MessageSujet: Re: L'avenir de la musique contemporaine   L'avenir de la musique contemporaine Icon_minitimeDim 1 Juin - 19:44

L’exclusion est en effet la passion de certains – André Breton en est littérairement un fort bon exemple, ce qui d’ailleurs n’empêche qu’il ait écrit quelques livres lumineux comme Nadja. Elle touche non seulement les artistes mais aussi les commentateurs, de quelque tendance qu’ils soient. Quand j’ai lu, sur la Jeune fille aux allumettes de Lachenmann, un article insensé où il était beaucoup question de l’attitude politique du compositeur et très peu de musique dans une revue à laquelle j’étais abonné, j’ai décidé de ne plus la financer. Il existe aussi l’attitude inverse, le bon Penderecki étant celui des années 1960 le mauvais celui depuis les années 1990. Tous ces commentaires renseignent plus sur leur signataire que sur la musique elle-même. Ils me semblent manquer de probité, puisque je soupçonne que leur auteur ne se permettrait pas de jeter aux orties des œuvres si elles étaient reconnues, par exemple par un recul historique.
Scelsi. Quand j’ai recommencé à me reconstituer une discothèque, j’étais particulièrement intéressé par des noms qui m’étaient inconnus. Scelsi par exemple, dont la musique ne m’a pas posé de problème à écouter – ce n’est qu’à mesure que ma discothèque s’est étoffée qu’il a commencé à me paraître très particulier puisqu’il n’y a pas grand chose qui lui ressemble, du moins dans la musique savante. Xenakis ne m’a pas fait une impression aussi favorable, mais je crois que les œuvres dont je disposais n’étaient pas parmi celles que je trouve aujourd'hui les plus parlantes.
Des deux articles (liens ci-dessus), celui de Jansen qui balaie un champ plus étendu est d’autant plus intéressant qu’il répond implicitement au deuxième dont la portée est plus restreinte. De plus sa conclusion ouverte me plaît bien : elle correspond à ma pratique de la musique contemporaine ! Que certains compositeurs soient très ancrés dans le passé et d’autres résolument tournés vers l’inouï ne me semble pas une marque de leur valeur – Giono est en esprit un pair de Stendhal, mais quel littérateur !
Au fait, connais-tu Thierry Pécou ? J’ai fait « connaissance » avec lui par le truchement d’Alexandre Tharaud qui joue une partie de piano dans Outre-Mémoire. Il y a des bruits, toujours justifiés par le contexte narratif, jamais l’auditeur (enfin, moi !) n’est malmené, et c’est le compositeur actuel dont je reconnaîtrais immédiatement une œuvre de la même manière que je reconnais certains chanteurs.
J’ai écouté cet après-midi Osvaldo Golijov. Autant certaines de ses compositions me sont proches (celles rassemblées dans Yiddishbuk) autant je le suis plus mal quand il intègre de longues séquences de musique (populaire et actuelle) d’Amérique du Sud. Le connais-tu, lui aussi ?
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kfigaro




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MessageSujet: Re: L'avenir de la musique contemporaine   L'avenir de la musique contemporaine Icon_minitimeDim 1 Juin - 22:43

Hélas non, je ne connais pas du tout Pécou, ni Osvaldo Golijov, par contre et peut être contrairement à toi, je suis un passionné de musique latino-américaine...
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Jean-Michel
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MessageSujet: Re: L'avenir de la musique contemporaine   L'avenir de la musique contemporaine Icon_minitimeDim 1 Juin - 23:35

Thierry Pécou me semble avoir une « place » assez particulière dans le paysage contemporain (j’ai relevé l’autre jour une séquence qui lui ressemblerait fort chez un autre compositeur, mais ma mémoire me fait faux bond).
Osvaldo Golijov, si la musique sud-américaine te plaît, ça pourrait être intéressant ! Une Passion selon saint Marc (La Pasion segun san Marcos – justement Marc, pas Jean !), Oceana (DG 2007) où il fait appel à Luciana Souza, Ainadamar (DG 2006, opéra en trois tableaux sur la mort de Garcia Lorca). Je ne suis certain que Golijov donne beaucoup de clés sur le sujet qui fait le titre de la rubrique, mais il a un univers lui aussi reconnaissable. Au cas improbable où tu écouterais tout, tu ne serais sans doute pas surpris que mes préférences aillent au Yiddishbbuk (bizarre, les deux « b ») un disque que j’affectionne, en particulier à la pièce « Les rêves et les prières d’Isaac l’Aveugle ».
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MessageSujet: Re: L'avenir de la musique contemporaine   L'avenir de la musique contemporaine Icon_minitimeLun 2 Juin - 10:48

Luciana Souza est une très grande chanteuse de bossa, j'ignorais qu'elle avait chanté dans de la musique savante... On dresse des murs tellement gigantesques entre les genres en France... (contrairement au Brésil qui les ignore totalement)
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MessageSujet: Re: L'avenir de la musique contemporaine   L'avenir de la musique contemporaine Icon_minitime

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