František Tůma est un compositeur tchèque originaire de la Bohême de l’est. Il naquit dans le petit village de Kostelec nad Orlici, près de Hradec Králové, le 2 octobre 1704. Son père Václav est kantor-organiste et plusieurs membres de sa famille perpétuent également la tradition musicale.
Ses études se déroulent à Prague, au Klementinum (collège et université jésuites prestigieux où Jan Dismas Zelenka a lui-même étudié).Tůma chante en ténor à l’église Saint-Jacques des Minorites sous la direction du compositeur, pédagogue et maître de chapelle réputé, Bohuslav Matěj Černohorský (1684-1742) qui y exerce ses nombreuses activités et enseigne sa science du contrepoint. En 1720, à l’occasion de la représentation à Prague de l’opéra du Maître de chapelle viennois Johann Joseph Fux « Costanza e Fortezza » donné pour les fêtes du couronnement de l’empereur germanique Charles VI, Tůma aurait tenu la partie de théorbe dans l’orchestre aux côtés du célèbre luthiste Sylvius Leopold Weiss[1] et de son ainé Zelenka (violone). Entre 1722 et 1730 Tůma déménage à Vienne. Le comte Philippe Josef Kinský[2], Haut Chancelier de Bohême qui l’encouragea pendant ses études à travailler le contrepoint avec J.J. Fux, le nomme Maître de chapelle de sa cour. Les deux hommes se lient d’amitié pour la vie. Le comte devient le parrain des 3 enfants du compositeur et il recommande, à la mort de Johann Christoph Gayer (1668-1634), la candidature de son Maître de chapelle au même poste à la cathédrale saint Guy de Prague (1734). Malgré cette recommandation, sa candidature n’est pas retenue. Ou plutôt la recommandation arrive trop tard…Tůma va donc rester au service des Kinský jusqu’à la mort du comte en 1741. En mars de cette année, la veuve de Charles VI, Elisabeth-Christine, fonde sa propre chapelle musicale. Elle place Tůma à sa tête en lui attribuant un salaire de 800 ducats. A la mort de l’impératrice, le compositeur recevra une confortable pension.
Son jeu virtuose sur la viole de gambe et le théorbe est très apprécié de l’aristocratie viennoise, particulièrement par la famille d’origine tchèque et mélomane des princes Lobkovic. Tůma séjourne encore 18 années dans la capitale autrichienne puis en 1768, il divorce d’avec sa femme et entre dans l’ordre des Prémontrés au couvent de Geras en Basse-Autriche. Il partagera son temps entre ce couvent et Vienne et mourra en 1774 à Leopoldstadt. Son fils Jakub joue du violon dans la Chapelle impériale de la cour de 1767 à 1784.
Tůma, représentant du baroque tardif tchèque, a été de son temps reconnu comme un grand compositeur de musique sacrée. Mozart et Haydn connaissaient et appréciaient sa musique qui fut souvent interprétée à la cour de Vienne.
Son catalogue comprend 65 messes dont 14 à cappella, 29 psaumes, 20 litanies, 5 Stabat Mater, un Te Deum, des lamentations, 3 magnificat, des vêpres, quelques œuvres instrumentales (sonates, sinfonies et partitas dont une pour les instruments à vent).
L’influence de la polyphonie et d’un contrepoint rigoureux à la manière de Palestrina et de Fux se ressent fortement dans plusieurs de ses messes.
Quelques-unes de ses compositions ont été enregistrées (Le Stabat mater en sol mineur à 4 voix et continuo), des psaumes, un miserere, des œuvres instrumentales. Cette musique mérite d’être redécouverte et une beaucoup plus large diffusion.