Croyez vous en l'exaltation par la musique ?

La musique a-t-elle le don d'élever l'âme ? de provoquer des émotions encore jamais atteintes, une sorte de catharsis ? Qu'en pensez vous ?

Mesdames, messieurs, si la musique n'en était pas (parfois) l'occasion, je n'en écouterais jamais !

Comme tout art, la musique peut mener celui qui l'écoute au-delà de ses limites habituelles, lui montrer des aspects, des mondes insoupçonnés : pour faire sérieux, on parlera de la « fonction métaphysique » de l’art. Il faut cependant que l'auditeur soit disposé à s'éloigner du chemin tracé : être ouvert à la musique, à ce qu'elle tente de nous faire entendre.
Ça ne marche par toujours du premier coup. C’est un moment précis d’un disque Scarlatti qui m’a fait entendre la voix de Gérard Lesne. C’est en lisant un deuxième livre de Vladimir Nabokov que je suis entré dans son monde.
L'art m'a toujours rendu meilleur. Plus ouvert aux personnes qui m'entourent. Si on s'en fait l'intermédiaire, l'art rend le monde meilleur - un peu, mais ce peu est à notre mesure.

difficile de rajouter un commentaire quand on ressent la même chose et que c'est si bien exprimé!
j'ai tout à fait ressenti çà heir soir en allant écouter , dans une accoustique idéale, l'ensemble américain "Chanticleer" (12 hommes a capella dans un programe de choeur mixte)...L'Ave verum de W. Byrd...la transcription du lied de Mahler "Ich bin der Welt abbanden gekommen, ...les 4 prières de St François d'Assise de Poulenc , Calme des nuits de Saint Saens....et si le reste était un "coma" au dessous c'est uniquement une question d'oeuvres ou de sensibilité personnelle et pas d'interprétation!

« Croyez vous en la catharsis, à l'exaltation par la musique ? », j’y ai repensé l’autre jour au sujet en marchant. Les deux mots me paraissent tout à fait rendre le double aspect.
L’exaltation, c’est l’envol donné par la musique – je pense par exemple à certaines œuvres de Telemann que j’écoute volontiers pour me redonner un élan, ou encore au Requiem allemand de Brahms.
La purification ou catharsis, ce serait la descente en soi en suivant la musique – là je pense à des pièces pour piano de Chopin ou de Scriabine.

Je m'aperçois que je n'avais pas encore répondu à ce sondage.

Oui, bien sûr, on peut même arriver en transes par la musique (voir les cérémonies vaudou par exemple).
Sans aller jusque là, pour nous autres occidentaux, tout est question de sensibilité personnelle. Untel sera en extase avec Palestrina, tel autre avec Bach, Beethoven ou Mozart ou encore avec les trios ou quatuors de Schubert par exemple.

Personnellement, la scène finale de Don Giovanni lorsqu'il descend aux enfers me fait cette impression, ou encore les choeurs de la 9ème symphonie de Beethoven, les Préludes de Liszt, l'ouverture de Tannhauser, le Boléro de Ravel vers la fin....

j'ai plussieurs souvenirs d'intenses émotions plus "extraordinaires" que d'habitude ...dans le choeur final "Libera me" du réquiem de Verdi un passage précis où j'ai vraiment ressenti comme une porte qui s'ouvre ...une déferlante d'émotion qui m'a complètement submergée..en chantant ce réquiem, m'empéchant de chanter quelques mesures!...Heureusement que j'étais sans doute le seul...à ce moment là dans le choeur!
là c'était surement "l'exaltation"
la catharsis ...en écoutant un jour dans la voiture le stabat mater de Charpentier dans la version de Jordi Savall

Pour vivre la musique, il est une condition fondamentale : être ouvert, ne voir et entendre que ce qu’il y a voir et à entendre, ne pas interpréter ce qui a déjà été entendu comme un code qui déclencherait uniquement du savoir emmagasiné. Les sons en soi son suffisamment forts, ils ne requièrent aucune aide (musicologique).
Dans le livret qui accompagne Missa beati pauperes spiritu, du compositeur contemporain Claus Lang

je suis bien d'accord!!...et j'ai toujours réagi contre ceux qui "prétendent, ou croient, qu'ils n'aiment pas...parce qu'ils n'y comprennent rien...

Vivre la musique, c'est de l'ordre de l'aventure, de l'avancée dans l'inconnu. Comprendre la musique, c'est de l'ordre de la connaissance ; même si ça peut parfois aider, c'est la vivre qui en fait la valeur. C'est parfois difficile quand l'aventure paraît trop hasardeuse !

joachim a écrit:

la scène finale de Don Giovanni lorsqu'il descend aux enfers me fait cette impression, ou encore les choeurs de la 9ème symphonie de Beethoven, l'ouverture de Tannhauser, ..

C'est curieux, j'aurait cité toutes ces choses là...comme quoi on a des gouts assez proches...

Je peux les citer aussi!!

Il y a des musiques qui vous rendent ce que vous avez cru perdre : souvent Jan Dismas Zelenka me fait cet effet.

Henselt, Concerto pour piano, variation de concert – Alkan, Concertos da camera, Marc-André Hamelin au piano (Hyperion 1994)

Tout nouveau chez moi, venu pour Hamelin et pour Alkan. Mais c’est von Henselt qui m’a fait dresser l’oreille, je me suis glissé dans cette musique ou plutôt c’est la musique qui n’a fait glisser en elle. Il n’y a rien là d’une véritable révélation, c’est juste une de ces petites fenêtres qui ouvrent un moment sur un monde insoupçonné, et peut-être d’autant plus facilement que je n’attendais vraiment rien de Henselt, j’attendais plutôt la suite, Alkan.

Ce n’est pas de l’exaltation ou ça serait l’exaltation sur un mode mineur, ce qui ne me semble pas moins important.

..d'autant plus que ce n'est pas ta période préférée!
Le concerto de chambre d'Alkan (ou les concertos:il semble y en avoir 2?) est pour piano et orchestre??..Je suppose vu la collesction...Je ne savais pas qu'il avais composer de vrais concertos pour piano et orchestre!

Cet Alkan est bien si on le connaît. Mais ce qui vaut la peine sur ce disque, c'est Henselt, un des mouvements est à mon avis une merveille.

voila qui me donne encore plus envie car je ne connais pas du tout Henselt