Anton Rubinstein
Anton Rubinstein par Ilya RepineAnton Grigorievitch Rubinstein (en russe : Антон Григорьевич Рубинштейн), né le 28 novembre 1829 à Vikhvatinets (en Transnistrie, Moldavie) et mort le 20 novembre 1894 à Peterhof, est un pianiste, compositeur et chef d'orchestre russe.
Biographie
Rubinstein apprend tôt le piano de sa mère et à l'âge de 9 ans devient élève du célèbre pianiste français Alexandre Villoin. Il donne sa première représentation publique à l'âge de 9 ans et quelque temps plus tard son professeur l'emmène dans une tournée artistique en Europe. Ces concerts ont beaucoup de succès à Paris où il rencontre Franz Liszt et Frédéric Chopin, à Londres, puis dans differentes villes de Norvège, Suède, Allemagne et Autriche.
En 1844 Rubinstein, sa mère et son frère, Nikolai, s'installent à Berlin où il étudie la composition et la théorie avec Siegfried Dehn. Il rencontre alors Felix Mendelssohn et Giacomo Meyerbeer, qui le soutiennent. En 1846, il déménage à Vienne, où il enseigne, avant de retourner en Russie en 1848 où il travaille en tant que musicien chez la belle-sœur du Tsar, Elena Pavlovna.
Son premier grand opéra, Dmitri Donskoï, paraît en 1850, suivi par trois petits opéras sur les sujets des légendes populaires. En 1854, il fait une tournée en tant que pianiste, puis passe quelque temps à Nice avant de s'installer à Saint-Pétersbourg. À l'appui de Elena Pavlovna il y fonde en 1859 la Société musicale russe et trois ans plus tard le Conservatoire de Saint-Pétersbourg, première école de musique de Russie. Il en devient professeur du piano et directeur, mais en 1871 quitte ses postes et continue ses tournées en tant que pianiste, chef-d'orchestre et musicien de chambre notamment avec Henryk Wieniawski. À son retour en Russie il s'installe à Peterhof et devient de nouveau directeur du conservatoire. En 1885-1886 il donne des "Concerts historiques" à Saint-Pétersbourg, Moscou, Vienne, Paris, Londres, Leipzig, Dresde, Bruxelles, où performe presque toutes les œuvres majeures écrits pour piano de François Couperin jusq'aux compositeurs russes du fin du XIXe siècle.
Rubinstein meurt d'une maladie cardiaque. Il s'est senti toute sa vie comme un étranger : « Les russes me qualifient d'allemand, les allemands de russe, les juifs de chrétien et les chrétiens de juif. Les pianistes me considèrent comme un compositeur, les compositeurs comme un pianiste, les classiques comme un moderne, les modernes comme un réactionnaire. Ma conclusion est que je ne suis qu'un pitoyable individu ».
Son œuvre
Rubinstein est un compositeur particulièrement prolifique, ayant écrit pas moins de vingt opéras (notamment Le Demon, d'après un poëme de Lermontov), cinq concertos pour piano, six symphonies ainsi que de nombreuses pièces pour piano, musique de chambre, deux concertos pour violoncelle et un pour violon, sans compter diverses œuvres orchestrales (parmi lesquels on peut citer Don Quichote).
La musique de Rubinstein n'a pas les consonances russes du Groupe des Cinq, elle développe au contraire des intonations européennes, ce qui lui vaudra une dispute avec Mily Balakirev ainsi qu'avec d'autres musiciens, qui estimaient que sa position au sein d'une école d'enseignement musical risquait d'être dommageable à la tradition musicale russe. Dans la bouche des nationalistes locaux, ses origines juives jouent contre lui et son frère. Paradoxalement, l'élève le plus célèbre de Nikolai Rubinstein, Piotr Ilitch Tchaïkovski est devenu l'archétype du compositeur russe, en tout cas, plus que beaucoup d'autres.
Après la mort de Rubinstein, son œuvre commence à être oubliée, même si ses concertos pour piano restent au répertoire européen jusqu'à la Première Guerre Mondiale et que diverses pièces sont régulièrement jouées en Russie. N'entrant dans aucune tradition musicale, et, peut-être, manquant d'originalité, la musique de Rubinstein n'a pu faire concurrence avec celle de ses contemporains ou la nouvelle école russe dont Igor Stravinski et Sergueï Prokofiev sont les représentants. Rubinstein s'est constamment identifié avec la tradition musicale européenne conservatrice, loin des innovations d'un Richard Wagner ou d'autres compositeurs modernes. Mendelssohn est resté une idole durant la vie de Rubinstein, jouant régulièrement son œuvre dans ses récitals. Sa propre musique contient des réminiscences de celle de Mendelssohn, Frédéric Chopin ou de Robert Schumann.
Son œuvre bénéficie d'un certain regain d'intérêt en Russie ainsi qu'à l'extérieur. Parmi ses pièces les plus connues, on peut citer son opéra Le Démon, son quatrième concerto pour piano ainsi que sa seconde symphonie L'Océan.
Divers
Anton Rubinstein est le frère du pianiste et compositeur Nikolai Rubinstein, sans lien de parenté avec le pianiste Arthur Rubinstein.
Œuvres principales
Symphonies
Symphonie n°1 opus 40, en fa majeur
Symphonie n°2 opus 42, en do majeur Ocean
Symphonie n°3 opus 56, en la
Symphonie n°4 opus 95 en ré mineur Dramatic
Symphonie n°5 opus 107, en sol mineur
Symphonie n°6 opus 111, en la mineur
Autres œuvres orchestrales
Ouverture triomphante, opus 43
Ivan IV, opus 79
Don Quichotte, opus 87
Eroica, opus 110
Suite, opus 119
Ballet
La Vigne 1882
Concertos
Concerto pour violon opus 46, en sol
Concerto pour violoncelle n°1 opus 65 en la mineur
Concerto pour violoncelle n°2 opus 96, en ré mineur
Concertos pour piano
Concerto pour piano n°1 opus 25 en mi mineur
Concerto pour piano n°2 opus 35 en fa majeur
Concerto pour piano n°3 opus 45 en sol majeur
Concerto pour piano n°4 opus 70 en ré mineur
Fantaisie pour piano avec ou sans orchestre opus 84 en do
Concerto pour piano n°5 opus 94 en mi bémol majeur (dédié à Charles-Valentin Alkan)
Concertstück opus 113 en la bémol majeur
Musique de chambre
Piano
Sonate pour piano n°1 opus 12 en mi mineur
Sonate pour piano n°2 opus 20 en do mineur
Sonate pour piano n°3 opus 41 en fa majeur
Sonate pour piano n°4 opus 100 en la mineur
Album de Peterhof, op. 75
Kamenniy-Ostrov, (pieces pour piano), op. 10
Melodie en fa, op. 3 no. 1
Ondine (étude), op. 1
Six soirées à Saint-Pétersbourg, op. 44
Musique de chambre avec piano
Sonate pour piano à quatre mains opus 89
Sonata pour Violon et Piano n°1 opus 13 en sol majeur
Sonate pour Violon et Piano n°2 opus 19 en la mineur
Sonate pour Violon et Piano n°3 opus 98 en si mineur
Sonate pour Alto et Piano opus 49 en fa mineur
Deux sonates pour Violoncelle et Piano opus 18 en ré majeur et opus 39 en sol majeur
Sonate pour Violoncelle et Piano
Trio avec piano n°1 opus 15 n° 1 en fa
Trio avec piano n°2 opus 15 n° 2 en sol mineur
Trio avec piano n°3 opus 52 en si bémol majeur
Trio avec piano n°4 opus 85 en la majeur
Trio avec piano n°5 opus 108 en do mineur
Quatuor pour Piano et cordes opus 66
Quintette pour Piano et vents opus 55 en fa majeur
Quintette pour Piano et cordes opus 99 en sol mineur
Octuor opus 9 pour piano, cordes et vents (d'après son concerto pour piano et sous-titré Concerto di camera)
Autres musiques de chambre
Quintette pour cordes opus 59 en fa majeur (avec une version pour quatuor avec piano)
Sextuor pour cordes opus 97 en ré majeur
Trois quartuors, opus 17 (en sol majeur, do mineur et fa majeur )
Trois quatuors, opus 47 (en mi mineur, si bémol majeur, et ré mineur)
Deux quartuors, opus 90
Deux quartuors, opus 106 (en la bémol majeur et fa mineur)
Opéras
Dmitri Donskoi 1850
The Siberian Hunters 1852
Hadji Abrek 1853
Fomka the Fool 1853
Le Rêve du Prisonnier 1861
Feramors 1862
Le Démon 1871
Les Macchabées 1874
Néron 1876
Le marchand Kalashnikov 1879
Sulamith 1883
Unter Räubern 1883
Le Perroquet 1884
The Sorrowful One 1888
Oratorio
Le paradis perdu, 1856 op. 54
La tour de Babel, 1870 op. 80
Moïse op.112
Christus 1885 op.117