ANNA CATERINA ANTONACCI ou les Rhetoriques du chant

[b] Pourquoi ne pas commencer à construire des parcours et non des biographies, sur certains interprètes contemporains, atypiques et qui se veulent par leur projet de carrière moins parisianiste -sinon- internationnaux que d'autres?

L'exemple d'Anna Caterina Antonacci est-me semble t-il pertinent; sa carrière n'appartient ni à un axe Milan-Vienne-Londres-New-York, et échappe encore plus à tout classement sinon à toute doxa ayant cours dans le milieu de l'opéra (voix comme ceci, timbre phonogénique, enfermement dans une catègorie).

En outre, elle a choisi de s'installer dans notre pays tout de suite après son triomphe dans les Troyens au chätelet, fort de cela l'intérêssée déclare que si elle le pouvait elle ne chanterait qu'en France. Cette saison la verra outre Paris, à Toulouse, Dijon, Nîmes...et Luxembourg...

premiere date a Paris dans la mort de Cléopâtre (Berlioz) au théâtre des Champs Elysées en version concert le 19 novembre 2008 a 20h00 ,accompagnée par l'ensemble orchestral de Paris sous la direction de John Nelson.

Je n'ai pas fini pour ce soir. Pourquoi ce titre, je l'empreinte à André Tubeuf, merveilleux critique et conteur des petites et grandes histoires de l'opéra.
Toujours là ou on l'attend le moins ACA se "réapproprie" sa voix pour aborder un nouveau rôle et surtout un nouveau répertoire. Dès ses débuts, finaliste des concours internationnaux avec l'éprouvante scène finale du PIRATE de Bellini, nous la retrouverons au début des années 90 en Mezzo-Soprano pour la retrouver en soprano, sinon en falcon. Mezzo, Soprano ou Falcon...cela doit faire plusieurs chanteuses...hors c'est d'ACA dont il est question...chaque fois c'est un nouvel "art de convaincre", cela fait d'elle "une classe à part" (Opéra International), mais là aussi ou le dialogue peut s'exprimer.....?

pourrais tu nous citer ces plus belles prises de rôles selon toi ?

voir les rôles ou elle aurait pris le plus de risques ???

Indéniablement question rôle, et sans mettre mon jugement en avant: Cassandre.
Paris ne parlait que d'elle pendant tout le mois que dura les Troyens au Châtelet, avec en plus une captation TV avant le DVD. D'aucuns, on dit qu'elle retrouvait sans le savoir les secrets de la déclamation tragique héritées de Gluck (Christophe Capacci/OI).
Quand aux risques, seule l'intêressée pourrait répondre, mais la Medea de Chérubini est certainement la limite extrème qu'elle peut tenter.
Pourquoi? parce que elle a établi devant moi cette filiation, si évidente quand on l'énonce, qu'il y une logique du verbe, de la déclamation, de l'écriture de Gluck à Berlioz en passant par Chérubini.
Mais Antonacci a conscience de ses limites ou des dangers; les Norma prévues à Toulouse en 2010/2011ne se feront pas. Il y a là vraiment danger, selon l'intéssée. Devant une voix si atypique quelles directions, pour quelqu'un qui se réinvente en permanence? Personnellement, je pense qu'elle n'a pas tout dit dans le baroque, Rameau? pourquoi pas, on verra sa Phèdre dans "Altre Stelle" mais pourquoi pas dans la continuation de sa Rachel dans la Juive, une extension vers certaines choses du rèpertoire du XIX et pourquoi pas Valentine dans les Huguenots de Meyerbeer...

merci iopas pour ces éclaircissements tres interressants.et que dire d'Era la Notte mis en scene par juliette deschamps qui se réengage aupres d'aca pour "Altre Stelle" ?