Roland de Lassus

Roland de Lassus est inscrit comme choriste à la manécanterie de la paroisse de Saint-Nicolas-en-Havré de Mons (Belgique) où il étudiera le chant jusque l'âge de 12 ans. Comme sa voix exceptionnelle attirait les convoitises, il fut à trois reprises l'objet de tentatives d'enlèvement et fut remarquée par Ferdinand Ier Gonzague qui emmena Roland en Sicile. Il fut nommé maître de chapelle à Rome en 1553 à l'église de St-Jean-du-Latran, puis à Munich en 1563, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort. Il fit cependant de nombreux voyages dont plusieurs à la cour de Charles IX à Paris. Son art fut d'emblée reconnu et il était surnommé « Prince de la musique » ou « Orphée belge » par ses contemporains. Il est anobli par l'empereur Maximilien en 1570.
Il écrivit des chansons profanes, dans la lignée de Clément Janequin mais également de très nombreuses œuvres religieuses : près de 700 motets, 50 messes et une trentaine de magnificats.
«  En définitive, ce qui pourrait caractériser la musique de Lassus, c'est qu'elle renonce à tout a priori dans la construction; on n'y trouve pas, ou rarement, de cantus firmus, pas d'imitation systématique. Le texte est toujours le moteur de l'inspiration ; il suscite le plus souvent des motifs assez brefs, adaptés à chaque phrase et à chaque mot-clé. S'éloignant délibérément de l'esthétique du grégorien qui s'est longuement perpétuée chez les contrapuntistes, R. de Lassus ne craint pas de bousculer la phrase par des sauts inattendus, de l'entrecouper par des silences qui, eux aussi, ont un rôle expressif. A la recherche des contrastes, il ne développe que brièvement dans des imitations qui ne sont pas longtemps poursuivies, des petits motifs méthodiques bien caractéristiques et ce contrepoint sans lourdeur alterne souvent avec des épisodes de style homophonique. Dans certaines œuvres, l'écriture accordique l'emporte délibérément, avec une déclamation syllabique assez rapide. Pour répondre aux suggestions du texte, R. de Lassus peut recourir à des archaïsmes, un contrepoint sévère, du chromatisme, des dissonances accumulées. Tout est conditionné par un souci expressif qui ne dédaigne pas les effets dramatiques. En respectant les normes de l'écriture contrapuntique, Roland de Lassus met en œuvre des techniques différentes et même des langages qui ont varié selon les genres, les œuvres et les effets à atteindre. » (Robert Wangermée)

Psalmi Davidis Pœnitentiales – Collegium vocale Gent, dir. Philippe Herreweghe (HM 2006)

Moduli Quinis Vocibus, 1571, Collegium vocale Gent, dir Philippe Herreweghe (Astrée 1993, 2001)

Cantiones Sacræ, dir. Philippe Herreweghe (HM 2008)
Lagrime Di San Pietro - Huelgas Ensemble dir. Philippe van Nevel (Sony 1993)
Patrocinium Musices, 1573-1574 – Currende dir. Erik van Nevel (Accent 1988)

Prophetiæ Sibyllarum - Hilliard Ensemble(ECM 1998)

Quand j'ai voulu acquérir mes Larmes de saint Pierre, j'ai hésité : van Nevel ou Herreweghe ? Finalement j'ai pris van Nevel.

Un Lassus devenu un peu rare chez Ricercar (1995), Missa ad imitationem Vinum bonum par le Ricercar consort, dir. Peter Phillips

je comprends qu'on puisse hésiter!!...je ne devais pas savoir que Van Nevel l'avait enregistré...alors je n'ai pas eu d'hésitation!

Jean-Michel a écrit:

Un Lassus devenu un peu rare chez Ricercar (1995), Missa ad imitationem Vinum bonum par le Ricercar consort, dir. Peter Phillips

Mon latin est assez loin...mais çà n'a pas l'air trop compliqué...et assez drôlr pour le titre d'un messe!!

Le titre complet est : Missa ad imitationem moduli Vinum bonum. La pièce Vinum bonum est jouée juste avant.

ah ok...dommage c'est moins drôle!

Bon choix, Jean-Michel, pour les "Larmes de Saint-Pierre".
Comme l'écrit Robert Wangermée dans sa notice biographique (voir premier message) le compositeur s'appelait de toute vraisemblance Roland de Lattre.
D'après des chroniques contemporaines il serait né en 1520, l'année que Charles Quint fut couronné Empereur Romain à Aix-la-Chapelle. Après que son père fut condamné pour faux-monnayage, il changea son nom en celui de Lassus, assez répandu, qui voulait dire "là, au nord de Paris". Ensuite, il quittait le pays, pour rejoindre Ferdinand de Gonzague en Italie.

Mais prenez tout ceci avec un grain de sel, après tout il y a près de 500 ans de celà, et les sources sont incertaines ou détruites.

Les larmes de Saint Pierre, les Sybilles, les divers motets, les chansons, tout ceci me laisse de glace et a plutôt tendance à m'ennuyer

En une cinquantaine d'années d'écoutes musicales, j'ai pas mal évolué, mais j'ai toujours été allergique à la musique a cappella de cette époque. Par contre j'aime bien la musique purement instrumentale (j'ai déjà écouté un Petit Livre des Meslanges de Lassus, pour cordes seules, comme quoi il en a composé également).

Néanmoins, je place ses Messes au dessus de ses autres compositions (une "douce Mémoire", une "Vinum Bonum" notamment).

peut être y viendras tu dans tes 40 prochaines années!??...il faut bien qu'il te reste quelque chose;;si ce n'est à découvrir, au moins à apprécier

De nouveau ces Psaumes, Psalmi Davidis Pœnitentiales – Collegium vocale Gent, dir. Philippe Herreweghe (HM 2006)

qui sont un véritable régal de chant, c'est admirable, de pouvoir par le seul chant arriver à un tel rythme, de telles modulations. La qualité de la prise de son y est évidemment pour quelque chose.

Ces Prophéties des sibylles sont magnifiques par le Hilliard Ensemble. Elles vont simplement de soi, on en remarque juste la beauté. Un enregistrement très réussi comme il faut les souligner !