Marcel Dupré
Marcel Dupré est né à Rouen le 3 mai 1886, et mort à Meudon (Hauts-de-Seine) le 30 mai 1971, est un organiste, improvisateur et compositeur français.
Biographie
Son père, Albert Dupré (qui deviendra en 1911 titulaire des grandes orgues de l’église abbatiale Saint-Ouen à Rouen) commence très tôt la formation musicale de son fils. La famille est musicienne : son grand-père maternel, Étienne Chauvière, doué d’une magnifique voix de basse, fait une carrière théâtrale et devient maître de chapelle de Saint-Patrice de Rouen. Sa mère, Alice Dupré-Chauvière est pianiste et violoncelliste de talent. L’enfant bénéficie ainsi d’une influence héréditaire sur sa vocation. À l’âge de quatre ans, il est atteint d’ostéomyélite et doit subir l’ablation de la clavicule droite et garder le lit pendant plus de six mois.
En 1894, à huit ans, il joue en public pour l’inauguration d’un orgue à Elbeuf, le Prélude en mi mineur de Jean-Sébastien Bach. Il commence à travailler avec Alexandre Guilmant en 1897 ; et l’année suivante, à onze ans, il devient titulaire du grand orgue de Saint Vivien à Rouen. En 1902, il entre au Conservatoire de Paris dans la classe de Louis Diémer et en 1905 il obtient un premier Prix de piano. En 1906, Charles-Marie Widor le désigne comme son suppléant au grand orgue de l’église Saint-Sulpice. Dès son premier concours (1907), il décroche le premier prix d’orgue (classe d’Alexandre Guilmant). En 1909, il obtient un premier prix de fugue (classe de Ch.-M. Widor), et enfin, le 4 juillet 1914, la cantate Psyché Op. 4 lui vaut le Premier Grand Prix de Rome. La guerre l’empêche cependant d’aller séjourner à la Villa Médicis.
En 1907, à la suite d’un accident, il a la main droite immobilisée pendant plus d’un mois. Avec beaucoup d’imagination, il s’exerce à perfectionner son jeu de pieds par des exercices très complexes. Étant inapte au service militaire, il reste à Paris et écrit Quatre motets Op. 9 dont la première audition est donnée à Rouen en 1917 ; il compose cette même année, un De Profundis pour soli, chœurs et orchestre Op. 17 qui ne sera exécuté qu’en 1924 à Paris sous la direction de Paul Paray.
Dès 1920, il présente au Conservatoire de Paris l’audition intégrale de mémoire, des œuvres pour orgue de Bach en dix récitals ; cet exploit est renouvelé l’année suivante au palais du Trocadéro. En 1921, il fait ses débuts à New York. À Philadelphie, il inaugure les orgues monumentales de Wanamaker avec 18 récitals. Deux ans de suite, il revient aux États-Unis pour donner 94 récitals en 1922 et 110 en 1923. Sa renommée ne cesse de grandir jusqu’en 1939, il fait le tour du monde donnant 40 concerts en Australie et 60 aux États-Unis et au Canada, dont l’intégrale Bach à Montréal. En 1925, il s’installe à Meudon et en 1926, après la mort de Gigout, il est nommé professeur d’orgue au Conservatoire de Paris et y enseignera jusqu’en 1954. Après de nombreuses années comme suppléant (depuis 1906 !), Dupré succède enfin à Widor en 1934 comme titulaire du grand orgue de Saint-Sulpice, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort, le dimanche de la Pentecôte de 1971. En 1947, il assure les fonctions de directeur général du Conservatoire américain de Fontainebleau. Pendant deux ans, de 1954 à 1956, il dirige le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
Bien entendu, il a beaucoup écrit pour l’orgue seul. Pour orgue et orchestre, on trouve une Symphonie en sol mineur (1927-1928) Op. 25 et un Concerto en mi mineur (1934) Op. 31. Pour jouer avec sa fille Marguerite, excellente pianiste, il compose Une Ballade (1932) Op. 30 et une Sinfonia (1946) Op. 42 pour piano et orgue. Dans le domaine de la musique de chambre, on lui doit : Sonate pour violon et piano, Op. 5 (1909) ; Cantilène et Légende pour violoncelle et piano (1916) Op. 13; Berceuse enfantine pour les mêmes instruments (1916) ; deux recueils de mélodies À l’amie perdue Op. 11; sept mélodies orchestrales (1911); Marquise, Les Deux Sœurs et Deux Chansons de Bilitis (1943). Un grand oratorio, La France au Calvaire pour soli, chœurs, orchestre et orgue, Op. 49, sur un poème de René Herval, exécuté le 25 juin 1956 pour l’inauguration de la réouverture de la cathédrale de Rouen.
Il publie également de nombreux ouvrages didactiques : un Traité d’improvisation à l’orgue (1924), une Méthode d’orgue (1927), un Cours d’harmonie, contrepoint et fugue (1938) et de monumentales éditions doigtées et commentées de l’œuvre pour orgue de Bach en 12 volumes (1938), des Seize concertos de Haendel, des œuvres pour orgue de Mendelssohn, de Schumann et de César Franck.
René Dumesnil écrit : « Son œuvre est considérable, mais ce n’est pas seulement aux ouvrages publics qu’il doit une réputation universelle : son talent d’improvisateur fut reconnu en tous lieux du monde, pour l’un des plus extraordinaires dont un musicien ait été doué, et l’on a souvent regretté que cette musique édifiée sur un thème donné se soit évanouie à mesure qu’elle naissait. »