Paul Hindemith

Paul Hindemithfait des études de violon à Francfort et jouera ensuite de 1915 à 1923. De 1921 à 1929, il sera altiste du quatuor Amar où il œuvre en faveur de la musique de son temps. Dès 1927, il est nommé professeur de composition au conservatoire de Berlin puis en Suisse où il émigre en 1938 par désaccord avec le nazisme. Il part aux États-Unis où il enseigne la composition à l'université de Yale (1940 à 1953) et obtient la nationalité américaine en 1948. Il rentre en Europe et s'établit en Suisse (chaire de musicologie à l’université de Zurich de 1951 à 1953).
Sa rythmique, nommée Motorik (« motorisme »), est percutante et ouvertement « obsédante » : elle correspond au temps de l'industrialisation et du moteur, car Hindemith répugne à la sentimentalité, à la psychologie et à la subjectivité. Il pratique une musique très personnelle (Gebrauchsmusik = musique utilitaire), entre musique grinçante et musique néo-classique. Même s'il a été un ardent défenseur de la musique contemporaine, il n'a jamais été attiré par le dodécaphonisme. Il a écrit plusieurs ouvrages théoriques et a mis en musique la poésie de Rilke et de Christian Morgenstern.

Principales œuvres
Œuvres orchestrales
Concerto pour violoncelle op 3 (1916),
Concerto pour orchestre op 38 (1923),
Konzertmusik pour orchestre à cordes et cuivres (1931),
Symphonie « Mathis le peintre » (1934),
« Der Schwanendreher », concerto pour alto (1935),
Trauermusik (1936),
Nobilissima Visione, ballet (1938), aussi suite pour orchestre
Thème et variations : les quatre tempéraments pour orchestre à cordes et piano (1940),
Métamorphoses symphoniques sur des thèmes de Carl Maria von Weber (1943),
Symphonia serena (1946),
Symphonie « Die Harmonie der Welt » (1953)

Opéras
Sancta Susanna; Mörder, Hoffnung der Frauen; Das Nusch-Nuschi (1921-26),
Cardillac (1926),
Neues vom Tage (1929),
Mathis le peintre (1938),
Die Harmonie der Welt (1943)

Œuvres vocales
Das Marienleben sur des poèmes de Rilke (1923),
Requiem : When Lilacs Last in the Dooryard Bloom'd (1946),
Messe pour chœur mixte a cappella (1963)

Musique de chambre
Sonates pour violon seul (3), alto seul (4), violoncelle seul (1)
Sonates pour violon et piano (4), alto et piano (3), violoncelle et piano (2)
6 quatuors à cordes, 2 trios à cordes
10 sonates pour instrument à vent et piano
Septuor pour vents, octuor pour vents et cordes
Sonate pour piano et contrebasse

Premier Hindemith que je trouve parfait pour entrer dans sa musique
Mathis der Maler (Mathis le peintre, sur le peintre Mathias Grünewald), William Steinberg - Musique de concert pour orchestre à cordes, dir. par le même - Der Schwanendreher (le tourneur de cygnes, titre assurément bizarre d'un chant populaire), dir. Daniel Barenboim

Je me remets une fois de plus à sa Musique de chambre : sept pièces sous forme de concertos (pour piano, violoncelle, violon, alto, viole d’amour, orgue), dir. Riccardo Chailly

Comme il y a beaucoup trop peu de musique classique pour enfants (bon, tout le monde connaît "Pierre et le Loup", c'est tout) il me semble bon de signaler que Hindemith a composé en 1930 un opéra (ou plutôt un jeu pour enfants) "Wir bauen eine Stadt".
A signaler qu'une traduction en français serait très aisée!!!

Paul Hindemith a en effet écrit en 1930 une série de petites pièces qui montrent la construction et la topographie d’une ville moderne, Wir bauen eine Stadt (« Nous construisons une ville ») sur un livret de Robert Seitz, pour un orchestre d’école. « Dans notre ville, ceux qui sont devenus grands n’ont pas leur mot à dire. Notre maire a sept ans, tous les tontons et tatas sont des enfants. Même l’agent de police est un enfant ». C’est une alternative à une société de personnes âgées. Une musique constructiviste se superpose à des paroles à la fois archaïques et modernes qui dénotent une confiance dans le progrès et dans une répression rendue transparente. L’époque industrielle n’y est plus complexe mais simple et la vie urbaine moderne devient un modèle. Ce monde d’enfants est traversé par une intelligence d’adultes quand il aborde des problèmes comme la circulation automobile, l’éducation, l’hygiène, la protection des consommateurs ou la criminalité.

Voilà un sujet fait pour moi !

Hindemith veille toujours à ne pas se laisser porter par des sentiments quoique sa musique reste à mon sens assez traditionnelle. Sa manière de considérer la musique le rapproche finalement du baroque au moins dans l'esprit.
Si Mathis le peintre (ci-dessus) est fort bien enregistré ;, je crois que cette qualité manque aux Chailly, et que c'est là ce qui est frustrant : j'ai constamment l'impression qu'il manque ce quelque chose qui remporte l'adhésion.

When Lilacs last in the dooryard bloom'd : A Requiem for those we love, dir. Robert Shaw (Telarc 1987)
Un requiem pour les victimes de la guerre, œuvre que je découvre et qui me parle plus que d’autres de Hindemith.

Une oeuvre que j'ai découverte il y a peu (deux ou trois mois), et qui m'a beaucoup plu également.

C'est un Requiem "profane" qui n'a rien à voir avec la liturgie (un peu comme celui de Brahms), sur des poèmes de Walt Whitman.
J'ai trouvé le prélude orchestral particulièrement beau.

Je viens de découvrir le cycle des lieds avec orchestre de "Das Marienleben" sur les fameux poèmes de Rilke.
Hindemith en a dit lui-même "ce que j'ai écrit de mieux".
Ces 15 chansons de son opus 27 sont merveilleusement chantées par Ruth Ziesak et la Philharmonie Hannover du NDR.

Je ne le connais pas...

il faut décdément que je découvre Hindemith que je connais si peu

Je trouve qu'il n'est pas d'un accès immédiat mais qu'on gagne à le déocuvrir !

Je pense qu'est encore disponible un cd CPO, qui malheureusement ne donne que 6 chansons du "Marienleben", mais en plus 19 chansons avec accompagnement piano, opus 5 et 18, et 4 chansons sans opus.
CPO 999 331-2
Cette marque a édité l'oeuvre complète (plus de 27 cd) d'Hindemith.

Quatuors par les Kocian (double disque Praga 2004)
J’aime l’expressionnisme parfois assez net et violent de Hindemith dans ses quatuors. La distance qui me semble parfois très évidente n’exclut pas l’énergie ou le sentiment de générosité.

Je pense que ses collisions avec le régime Nazi et son exil volontaire ont donné naissance au "Motorik", dont tu parles dans sa biographie, et à son expressionnisme modéré.

C'est bien possible. En tout cas c'est une musique que je découvre avec de plus en plus d'intérêt.

Voici un site que vous connaissiez déjà.
Pour découvrir que Hindemith n'était pas exempt d'humour: pour l'année 1925 vous trouverez une ouverture fantaisiste au "Vaisseau fantôme".

Oui, c'est un site que j'ai déjà vu. L'allemand y est traduit avec élégance. Il reste tout de même des choses surprenantes, le canton de Wallis se dit bien Valais en bon français !