Bruno Mantovani

Après des études de piano, de percussion et de jazz au conservatoire de Perpignan, il entre en 1993 au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Il y complète sa formation dans cet établissement auprès de Guy Reibel, à l’université de Rouen (maîtrise de musicologie), à l’abbaye de Royaumont (1995) et à l’Ircam (1998-99). Fidèle à ses interprètes de prédilection, il collabore de façon régulière avec certains ensembles comme TM+ pour lequel il compose depuis 1997, Alternance, et à partir de 2001, l’Ensemble InterContemporain.
De nombreuses institutions (Radio France, Orchestre de Paris, Orchestre symphonique de Bamberg, Ensemble Intercontemporain, etc.) et des festivals lui passent des commandes. Il a été en résidence au Château d’Edenkoben (Allemagne) entre août et décembre 1999 à l’invitation de Péter Eötvös, au festival Octobre en Normandie pour son édition 2001, à Bologne, dans le cadre du programme “Villa Médicis hors les murs” de l’AFAA en 2002, au festival des Arcs la même année, à l’Académie de France à Rome (Villa Médicis) en 2004-2005 et au festival de Besançon pour ses éditions 2006 et 2007.

Catalogue des œuvres sur le site de l’Ircam

Soit, la musique de Mantovani est actuelle et tournée vers le plaisir d’entendre ; elle ne recherche pas pour autant un son inouï (là, je pense comme souvent à Thierry Pécou). Elle se souvient tant de ce qui la précède que je lui trouve une sorte de stratification où je ne trouve pas si facile de me repérer, par exemple dans le récent Sette chiese.
D’un rêve parti (Aeon 2002), joué par l’Ensemble Alternance me paraît cependant plus facile à écouter que d’autres, en particulier les pièces pour un instruments seuls : Bug pour clarinette, Appel d’air pour flûte et piano, Früh pour flûte.

Les Sept Eglises (ci-dessus, Sette Chiese, pour ensemble, Ensemble Intercontemporain dir. Susanna Mälkki, Kairos 2008) sont une visite de l’ensemble d’églises à Bologne. Comme c’est une œuvre descriptive, la structure générale est assez lâche, ce sont les événements musicaux de détail qui sont importants : il faut une attention certaine, on repère alors des réminiscences. C’est un monde qui me résiste un peu, il faut se retenir de se perdre dans le détail, mais l’impression d’ensemble est tout de même prenante.

Francesca Guerrasio à propos de

Les titres de ces compositions, souvent, assument complètement la référence. C’est le cas d’Art d’écho pour orchestre, qui illustre bien les recherches de Mantovani dans le domaine de la dramaturgie musicale, où la notion de spatialisation occupe une place importante. Dans cette œuvre, l’orchestre, partagé en deux groupes, est positionné aux extrémités de la scène ; ce qui permet d’obtenir des trames sonores continues et une diffusion stéréophonique.
Une telle expérience du « son en écho » lui vient du travail en studio qui l’amène à considérer le contrepoint comme du mixage. Le compositeur envisage rarement, sur telle note, un instrument isolé. Comme il l’affirme lui-même, dans le traitement de la doublure, dans la résonance, il se trouve « sous influence ». (…) Certains éléments musicaux sont récurrents dans son écriture : l’utilisation massive de l’échantillonnage, un son grossi et parfois envahissant, les répétitions en boucle et le recours à la variation, l’influence de la musique électroacoustique, un langage qui bascule facilement vers le jazz.
La conception du son, de la forme et du temps, extraordinaire chez Mantovani, rendra l’écoute de ce disque facile et agréable même à un public de néophytes, peu familier de musique dite « contemporaine ».

Toujours à propos du disque précédent. Je trouve la simplicité de Little Italy particulièrement séduisante. Plus simple que la plupart des autres pièces où non seulement Mantovani multiplie les résonances mais aussi les instruments.

« Je n’ai pas écrit Little Italy « pour » l’alto mais « contre » lui ! En effet l’enjeu principal de cette pièce est de créer une polyphonie dense pour cet instrument qu’on utilise généralement de façon mélodique. L’illusion d’un discours double ou triple peut être créée par plusieurs procédés différents : multiples plans d’attaque (…), interruption d’un motif régulier (…), superposition de périodicités (...) » (le compositeur dans le livret)