Jean Sibelius
(Tavastehus, aujourd'hui Hämeenlinna, dans le Grand Duché de Finlande 1865 - Järvenpää, près de Helsinki 1957)
Johan Christian Julius
Sibelius (Janne pour ses amis et Jean, en français, pour son activité musicale) naquit dans une famille parlant le suédois et fit ses études dans une école de langue finnoise. Étudiant en droit, il interrompit ses études avant de les terminer. Il étudia ensuite le violon et la composition au conservatoire d'Helsingfors, à Berlin et à Vienne. Entre 1900 et 1929, encouragé par ses pairs, et malgré de longues périodes de dépression, il se consacra presque exclusivement à la composition. Dans les années trente, il cessa assez brutalement de composer, notamment en raison du succès du dodécaphonisme et de la musique sérielle, mais aussi vraisemblablement de l'achèvement de sa propre esthétique dans la 7e symphonie et dans Tapiola. Devenu alcoolique, il mourut en 1957 à l'âge de quatre-vingt-douze ans.
Outre son Concerto pour violon, qui reste la plus jouée de ses œuvres,
Sibelius est surtout connu pour les sept Symphonies dont il est l'auteur (il en détruisit une huitième). Il composa par ailleurs de nombreux poèmes symphoniques très représentatifs de son style, inspirés par des scènes du Kalevala, épopée nationale finnoise constituée de plusieurs corps de récits. Mais
Sibelius, dont on exagère souvent le nationalisme et l'enracinement dans la tradition musicale finlandaise, fut au contraire attentif aux révolutions musicales qui marquèrent l'Europe de son temps, et même si son style demeure profondément original, on peut y entendre l'écho des œuvres de Wagner, de Debussy ou de Bartók.
Son langage musical reste néanmoins profondément tonal, et la musicologie récente refuse encore d'identifier l'importance de son oeuvre à celle de son contemporain Mahler, qui épuise le genre symphonique par un double mouvement d'extension et de décomposition de la forme précisément contraire à l'esthétique sibélienne, d'une concentration proche de l'ascèse.
Sibelius évoquera lui-même « la pure eau froide » de sa 6e symphonie, aux harmonies modales qui ressuscitent l'ancienne polyphonie grégorienne. Il hérite certes des genres consacrés par la tradition classique mais il impose dans la plupart de ses œuvres orchestrales un contrepoint minimal, une atmosphère chargée reposant sur l'accumulation des strates sonores et une forme de cyclicité qui contredisent le primat de la mélodie et rendent la suite des métamorphoses harmoniques seule responsable de la tension dramatique.