Steve Reich(New York 1936)
Stephen Michael Reich est considéré comme l'un des pionniers de la musique minimaliste, un courant de la musique contemporaine important aux États-Unis. Pour caractériser son œuvre, et spécialement ses compositions de la période 1965-1976, il préfère utiliser l'expression « musique de phases » (phasing) qui fait référence à son invention de la technique musicale du déphasage. À partir de 1976, il développe une écriture musicale basée sur le rythme et la pulsation avec l'une de ses œuvres les plus importantes, Music for 18 Musicians qui marque le début de son large succès international. Il oriente ensuite sa composition vers le discours en musique notamment dans des œuvres multimédia créées en collaboration avec son épouse Beryl Korot.
Steve Reich étudie d’abord la philosophie, notamment les essais de Ludwig Wittgenstein, mais aussi l'histoire de la musique avec William Austin qui aura une grande importance dans ses goûts musicaux. Il poursuit des études de musique à la Juilliard School of Music de New York (1958 à 1961) dans les classes de piano et de percussions avec William Bergsma et Vincent Persichetti. De 1962 à 1963, il étudie la composition avec Darius Milhaud et la musique atonale avec Luciano Berio. L'étude du sérialisme a poussé Steve Reich vers son attrait naturel pour le rythme et la tonalité. Il découvre la musique africaine grâce à Gunther Schuller et le jazz modal avec John Coltrane qui aura une forte influence sur son écriture. Il fait la rencontre en mai 1964 de Terry Riley et participe à la création de In C, considérée comme l'œuvre fondatrice du courant minimaliste.
Il poursuit toujours son apprentissage musical, en particulier des percussions africaines, à l'Institut d'études africaines de l'Université du Ghana à Accra où il passe l'été 1970. Il compose alors Drumming, pièce pour percussions qui met en application ses recherches théoriques et pour l'exécution de laquelle il fonde son propre ensemble appelé Steve Reich and Musicians. Il ensuite compose une œuvre originale basée sur la technique de la répétition et l'utilisation de bruits de la vie quotidienne. Il ne délaisse pas pour autant les instruments traditionnels pour lesquels il compose de nombreuses pièces instrumentales ou orchestrales. Son œuvre gagne une audience internationale en 1971 quand Drumming est enregistré chez Deutsche Grammophon
Reich décide à partir de 1973 de s'orienter vers un travail sur le rythme, la pulsation et la notion de « variation timbrique de surface ». Il compose quelques-unes de ses œuvres les plus connues dans les années 1970-80, comme Music for 18 Musicians (1976), Eight Lines (1979), The Desert Music (1984) ou Different Trains (1988). La plupart des compositions de cette période sont destinées à de grands effectifs instrumentaux. Un nouvel élément s'introduit alors dans la musique de Reich : à partir de 1976, il étudie la musique (cantillation) juive et les textes bibliques, ce qui aboutira à l'écriture de Tehillim sa première œuvre empreinte de culture hébraïque.
Toute la période des années 1980 et années 1990 est en effet marquée par une implication personnelle philosophique, religieuse, historique, et politique importante dans l'écriture de ses œuvres. Reich s'écarte ainsi de la pure recherche formelle qui caractérisa ses compositions minimalistes pour y ajouter une dimension de réflexion et de questionnement intellectuels.
Comme beaucoup de compositeurs américains du XX° siècle, Steve Reich déclare que ses influences musicales fondamentales sont les œuvres de Bach, Debussy, Satie, Ravel, Bartók (dont Mikrokosmos), Kurt Weill, Igor Stravinsky et le jazz avec en particulier les compositions de John Coltrane. L'influence de la musique impressionniste française s'est selon lui inconsciemment manifestée dans l'écriture des harmonies, avec une ligne basse « colorée » et le registre intermédiaire soutenant la « structure ». Steve Reich reconnaît également que l'autre grande influence sur sa musique vient du cantus firmus, mélodie des organums de Pérotin, compositeur de l'École de Notre-Dame de Paris au XII° siècle. Reich a en effet recours au canon et aux techniques d'augmentation vers les extrêmes par multiples de deux. C'est toutefois Bartók, et plus particulièrement Mikrokosmos, qui inspire à Reich l'utilisation du canon, la structure en forme d'arche, les mouvements parallèles de quartes et de quintes.
Ses premières réelles œuvres datant du milieu des années 1960 sont construites sur le principe du décalage graduel de l'exécution des motifs musicaux, créant par phasage et déphasage, des sonorités nouvelles. Suite à un hasard technique quand ses magnétophones ne fonctionnèrent plus ensemble alors qu'il enregistre le discours d'un prêcheur à San Francisco, il a l'idée de faire passer en continu deux boucles du même son, jouées simultanément au départ, puis de les accélérer progressivement l'une par rapport à l'autre. Ce procédé a pour effet de produire de nouvelles figures sonores à partir du même matériau musical.
Reich entrevoit cependant assez rapidement les limites de la technique de déphasage. Il intègre alors des « motifs résultants » qui consistent à superposer différentes voix qui créentdes illusions psycho-acoustiques, spécifiques et différentes pour chaque auditeur
Music for 18 Musicians est non plus un minimalisme ascétique et théorique basé sur un processus mathématique strict de décalage de phase mais témoigne de recherches sur l'harmonie, la mélodie, le rythme et surtout la pulsation. L’écriture de Steve Reich repose alors sur la « notion de variation timbrique de surface ».
En 1981 avec la pièce Tehillim puis en 1984 avec The Desert Music, Steve Reich décide de ne plus utiliser les voix comme des instruments, mais commence à écrire pour les chanteurs de véritables textes à interpréter. Tehillim est aussi la première composition qui n'utilise pas la répétition de courts motifs musicaux. Les motifs et leurs répétitions sont dictés par le texte des psaumes dont Steve Reich souhaitait préserver le sens.
À cette époque, la musique de Reich reproduit de très nombreuses sonorités quotidiennes, comme les annonces et les bruits de trains dans Different Trains (1988) ou les sirènes de voitures et les alarmes dans City Life (1995).
Ce sont les compositeurs de l'avant-garde et quelques musicologues qui sont le plus hostiles aux travaux de Reich et plus généralement à la musique minimaliste qualifiée de « musique sans passé ni avenir » qui participe d’une « régression de l'écoute ». Elliott Carter est l'un des compositeurs les plus critiques à la répétition en musique. À l'opposé, György Ligeti dit de sa musique que les principes simples de construction forment une musique riche et complexe particulièrement élégante et sophistiquée.
d’après Wikipédia qui fournit aussi une
liste des œuvres.