Gustave Courbet(Ornans, Doubs 1819 - La Tour-de-Peilz en Suisse 1877)
Photographié par Nadar Peintre réaliste français. Engagé dans les mouvements politiques de son temps, il a été l'un des élus de la Commune de 1871. Il est issu d’une famille de propriétaires terriens. A douze ans, il entre au petit séminaire d’Ornans où il reçoit un premier enseignement artistique. Après des études médiocres, il part pour Paris vers la fin de 1839 où il suit des études de droit et fréquente l’atelier du peintre Charles de Steuben.
En 1841, Courbet découvre la mer, mais il faut attendre son passage à Montpellier pour qu’il en fasse un sujet pictural. Sous l’impulsion de Jules Champfleury, Courbet jette les bases de son propre style, le réalisme, il veut s’inspirer des idéaux de la bohème. En août 1849 il fait un voyage en Hollande où il découvre les peintures de Frans Hals et Rembrandt.
Un enterrement à Ornans - En 1849 Courbet revient à Ornans, ce retour aux sources va changer sa manière de peindre le faisant abandonner le style romantique de ses premiers autoportraits et de sa Nuit de Walpurgis. Inspiré par son terroir il crée un style qu’il qualifie lui-même de réalisme. Sa première œuvre de cette période est L’après-diner à Ornans tableau exposé au salon de 1849 qui lui vaut une médaille de seconde classe, et qui est remarqué par Ingres et Delacroix. Cette médaille le dispense de l’approbation du jury, il va s’en servir pour ébranler les codes académiques. Ses paysages dominés par l’identité de retrait et de solitude, ont une signification quasi autobiographique.
En 1852, il décide de se mettre à de grandes compositions de nus en vue de son prochain salon. Après avoir réformé le paysage, les scènes de guerres, le portrait, il s’attache au dernier bastion de l’académie. « Les baigneuses » de 1853 a énormément choqué, on voit deux femmes, dont une nue avec un voile c’est une femme normale (grosse, pas idéalisée), ce qui va choquer la société de l'époque.
Ses idées républicaines et socialistes lui font refuser la Légion d'honneur proposée par Napoléon III. Après la proclamation de la République le 4 septembre 1870, il est nommé président de la commission des musées et délégué aux Beaux-Arts ainsi que président de l'éphémère Fédération des Artistes.
Par solidarité avec ses compatriotes exilés de la Commune de Paris, Courbet refusa toujours de retourner en France avant une amnistie générale. Sa volonté fut respectée et son corps fut inhumé à La Tour-de-Peilz le 3 janvier 1878. Sa dépouille étant transférée à Ornans en 1919.
L'interprétation de Courbet - Rares sont les artistes qui ont, davantage que Courbet, construit leur carrière grâce à la stratégie du scandale. Plusieurs événements jalonnent clairement cette construction : le Salon de 1850-1851, l’érection du Pavillon du réalisme en 1855, l’élaboration de l’œuvre Le Retour de la conférence en 1863 et l’engagement en 1871 dans la Commune de Paris. Plusieurs ouvrages d’historiens de l’art, en particulier Réceptions de Courbet, Fantasmes réalistes et paradoxes de la démocratie par Thomas Schlesser ont décortiqué la façon dont l’artiste s’est trouvé pris entre des feux contradictoires qui ont considérablement nourri son image de peintre insoumis et frondeur. Dans sa thèse, Schlesser explore à travers plusieurs grands thèmes, la façon dont les discours critiques ont interprété les œuvres du peintre de manière parfaitement antinomique. Tandis que les détracteurs (Edmond About, Charles Baudelaire, Cham, Théophile Gautier, Gustave Planche…) stigmatisent une peinture réaliste qui corrompt l’ordre du monde et le précipite vers le déclin en promouvant la laideur et le vice, ses défenseurs (Alfred Bruyas, Pierre-Joseph Proudhon, Emile Zola) considèrent qu’elle est plus sincère, capable de véhiculer esprit d’indépendance, liberté et progrès. La thèse de Réceptions de Courbet pousse la réflexion jusqu’à imaginer que cet espace de débat serait un espace démocratique, dans le sens où l’entend le philosophe Claude Lefort, dans la mesure où il institue un conflit d’opinions autour de sa peinture.