Estampie (istanpitta)
L'estampie est une danse médiévale, attestée dès le XII° siècle. Quelques poèmes du XIII° siècle, aussi intitulés estampies, mais sans musique notée, sont peut-être des
contrafacta à chanter sur des estampies connues. Le traité intitulé Musica vulgaris de Johannes de Grocheo décrit explicitement des estampies (stantipes) vocales et instrumentales. Robertus de Handlo en parle également dans ses Regule comme de pièces utilisant essentiellement des valeurs rythmiques très rapides. La seule source où on trouve les paroles des estampies est le Ms Douce 308 de la Bodleian Library d'Oxford. On considère Kalenda Maya, une chanson du troubadour Raimbaut de Vaqueiras comme un
contrafactum de ce type, si l'on en croit l'auteur qui raconte que Raimbaut ajouta ces paroles à une estampie jouée en sa présence par des viellistes itinérants.
Les trois sources principales d'estampies instrumentales sont :
le manuscrit français 844 de la Bibliothèque nationale de France dit Chansonnier du Roi (XIII-XIV° siècle)
les estampies italiennes du manuscrit Additional 29987 de la British Library (XIV° siècle)
deux estampies polyphoniques complètes et un fragment en tablature d'orgue du codex de Robertsbridge de la British Library (XIV° siècle).
Parmi les sources secondaires, il faut citer deux ténors de Motets du manuscrit de Montpellier (XIII° siècle) intitulés Chose Tassin (trois fragments) et Chose Loyset (un fragment). Ces lignes mélodiques au rythme allongé pour servir à composer des polyphonies supérieures ont une forme ouvert-clos et un profil qui rappelle fortement les estampies du Chansonnier du Roi. De plus, un danseur d'estampie du nom de Tassin est déjà répertorié dans les sources médiévales.
L'état actuel de la recherche ne permet pas de confirmer les hypothèses sur l'origine, la compilation, le mode de transmission ou d'exécution de ce répertoire. Comme la musique populaire n'était pas notée au Moyen Âge, il semble que les estampies qui ont survécu reflètent une tradition musicale savante. Certains textes mentionnent cette danse en liaison avec les habitudes de courtoisie et de bienséance de la société raffinée de l'époque (Le Décaméron de Boccace).
L'estampie a une structure fixe composée de plusieurs
puncti qui semble être un terme générique pour désigner une phrase. Chaque phrase se joue deux fois, la première finit par une formule appelant une reprise intitulée ouvert et la seconde par une formule finale appelée clos. Ce trait est très courant dans la musique vocale de l'époque. En principe, les ouvert et les clos sont identiques pour tous les
puncti d'une même estampie. Les textes ne nous laissent que peu de témoignages permettant d'imaginer la façon dont ces pièces étaient exécutées, et les restitutions actuelles tentent diverses solutions plus ou moins vraisemblables.