Karl Münchinger (29 mai 1915 – 13 mars 1990) était un chef d'orchestre de musique classique allemand. Il aida à repopulariser le désormais célébrissime Canon de Pachelbel avec un enregistrement de l'Orchestre de chambre de Stuttgart en 1960 (Jean-François Paillard produisit également un enregistrement rival très populaire). Il était de plus réputé pour rendre leur cachet baroque aux interprétations d'œuvres de Jean-Sébastien Bach, lesquelles il adorait : vigueur modérée, ornementation judicieuse, rythme vif, quoique sans instruments d'époque.
Né à Stuttgart, Münchinger étudia à la Hochschule für Musik de sa ville d'origine. À ses débuts, il était chef invité en plus de vivre des fonctions d'organiste et de chef de chœur. En 1941, il devint le chef principal de l'Orchestre symphonique de Hanovre, un poste qu'il occupa deux ans. Il ne cumula pas d'autres fonctions de chef d'orchestre avant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Dès la fin de la guerre, il fonda l'Orchestre de chambre de Stuttgart, dans lequel il mit sur pied un ensemble de tournées qui fit ses débuts à Paris en 1949 et joignit l'Amérique à San Francisco en 1953. Sous sa direction, l'orchestre produisit, dans les années 1950 et 1960 et sous étiquette Decca, de nombreux enregistrements, essentiellement des œuvres de Bach (trois enregistrements des concertos brandebourgeois, les suites pour orchestre, la Passion selon saint Matthieu, la Passion selon saint Jean, l'Offrande musicale, l'Oratorio de Noël...). Sa performance la plus remarquable (et la plus célèbre) dans d'autres répertoires que celui de Bach – hormis le Canon de Pachelbel – fut son interprétation de La Création, de Joseph Haydn.
En 1977, l'Orchestre de chambre de Stuttgart devient le premier ensemble allemand à visiter la République populaire de Chine. Münchinger prend sa reraite en 1988, deux ans avant sa mort.
L'orchestre en 1968L'approche stylistique de Münchinger et de son orchestre était plutôt semblable à celle de ses contemporains un peu plus jeunes (Raymond Leppard, Neville Marriner, Claudio Scimone, Jean-François Paillard), bien que présentant une solidité tonale plus accentuée (pour ne pas mentionner une rigueur de fer durant les pratiques et les prestations). Avec la montée en popularité des instruments du XVIIIe siècle, ses interprétations perdirent la faveur de la critique à compter des années 1970 ; elles furent souvent qualifiées de dépassées. Il reste toutefois considéré comme ayant produit des enregistrements d'un rare haut niveau.