Arvo Pärt

Compositeur estonien qui vit à Berlin . Il est souvent associé au mouvement de musique minimaliste qui s'est formé à partir des années 1960.
Arvo Pärt entre au conservatoire de Tallinn en 1957 où il étudie avec Heino Eller. Il trouve un emploi d’ingénieur du son à la radio estonienne (1958 à 1967). En 1962, l'une de ses compositions écrite pour chœur d'enfants et orchestre, Notre jardin (1959), le fait connaître dans toute l'Union soviétique et lui permet de remporter le Premier Prix des jeunes compositeurs de l'URSS. Au début des années 1960, il s'initie à la composition sérielle dont relèvent ses deux premières symphonies ; cela lui attire immédiatement d'importantes inimitiés puisque la musique sérielle est assimilée à la décadence bourgeoise occidentale. De même ses compositions d'inspiration religieuse et la technique du collage qu’il utilise un temps limitent considérablement le rayonnement de son œuvre. La fin des années 1960 marque une grave crise créatrice ; Arvo Pärt renonce au sérialisme et plus globalement à la composition elle-même. Il étudie le plain-chant grégorien et les compositeurs médiévaux français et flamands comme Josquin des Prés, Machaut, Obrecht et Ockeghem. Il écrit alors la Symphonie nº 3 (1971).
Son évolution stylistique est notable en 1976 quand il compose une pièce pour piano, Für Alina, qui marque une rupture avec ses premières œuvres et qui pose les jalons de son nouveau style, qualifié par lui-même de « style tintinnabulum » : « Je travaille avec très peu d'éléments - une ou deux voix seulement. Je construis à partir d'un matériau primitif - avec l'accord parfait, avec une tonalité spécifique. Les trois notes d'un accord parfait sont comme des cloches. C'est la raison pour laquelle je l'ai appelé tintinnabulation ». L'année suivante, Pärt écrira dans ce nouveau style trois de ses pièces importantes : Fratres, Cantus in Memoriam Benjamin Britten et Tabula rasa. Il quitte en 1980 son pays où il en butte à la censure pour Vienne où il obtient la nationalité autrichienne. L'année suivante il part pour Berlin ouest où il vit depuis.
Créateur d'une musique épurée, d'inspiration profondément religieuse, associée par certains à la musique post-moderne, Arvo Pärt creuse à présent le sillon de son style tintinnabulum.

Style tintinnabulum
Il se caractérise par l'écriture minimaliste de Pärt, cette musique épurée dont il était question plus tôt et qui donne une impression de simplicité. C'est pourquoi certains musicologues, détracteurs de la musique de Pärt, l'ont qualifié de compositeur « simpliste ». Il a d’une part recours à des rythmes simples comme « noire, blanche, noire, blanche » ou « blanche, noire, blanche, noire » et d’autre part au style tintinnabulum. Cette écriture formelle s'inspire donc du son de la clochette : un instrument quelconque articule son jeu entre trois notes principales, celle de l'accord parfait d'une gamme. Cette simplicité se retrouve quand il utilise des notes récurrentes et une gamme assez stable. Contrairement à beaucoup de compositeurs des époques baroque, classique et romantique, Pärt n'utilise donc pratiquement jamais de modulations.

Première période (néo-classique et sérielle)
1956/57 : Vier leichte Tanztücke
1958/59 : Sonatines, op. 1
1959 : Partita, op. 2
1959 : Meie aed, op. 3
1960 : Nekrolog, op. 5
1960 : Viis Laulu Lastele, op. 6
1961 : Maailma samm
1963 : Symphonie nº1, op. 9
1963 : Perpetuum mobile, op. 10
1964 : Diagramme, op. 11
1964 : Musica syllabica, op. 12
1964 : Quintettino, op. 13
1964 : Solfeggio
1964 : Collage sur B-A-C-H
1964 : Concerto piccolo sur B-A-C-H
1966 : Pro et Contra
1966 : Symphonie nº2
1968 : Credo
Période intermédiaire (abandon du sérialisme)
1971 : Symphonie nº3
1972 : Laul armastatule
Deuxième période (tintinnabulum)
1976 : Für Alina
1976 : Pari intervallo
1976 : Trivium
1976 : Wenn Bach Bienen gezüchtet hätte
1976 : An den Wassern zu Babel saßen wir und weinten
1977 : Tabula rasa
1977 : Sarah Was Ninety Years Old
1977 : Arbos
1977 : Fratres
1977 : Summa
1977 : Cantate Domino canticum novum
1977 : Variationen zur Gesundung von Arinuschka
1977 : Missa syllabica
1977 : Cantus in memoriam Benjamin Britten
1978 : Spiegel im Spiegel
1980 : De profundis
1980 : Annum per annum
1982 : Passio Domini nostri Jesu Christi secundum Joannem
1984 : Hymn to a Great City
1984 : Te Deum
1984 : Es sang vor langen Jahren
1984 : Zwei slawische Psalmen
1984 : Wallfahrtslied
1985 : Stabat Mater
1985 : Psalom
1988 : Sieben Magnificat-Antiphonen
1988 : Festina lente
1989 : Magnificat
1989 : Mein Weg
1989 : Miserere
1990 : Beatus Petronius
1990 : Statuit ei Dominus
1990 : And One of the Pharisees…
1990 : Bogoróditse Djévo
1990 : The Beatitudes
1990 : Berliner Messe
1991 : Silouans Song
1992 : Trisagion
1992 : Mozart-Adagio
1994 : Litany
1995 : Kanon Pokajanen
1995 : Darf ich…
1996 : I Am the True Vine
1996 : Dopo la vittoria
1997 : Tribute to Cæsar
1997 : The Woman With the Alabaster Box
1998 : Zwei Beter
1998 : Triodion
1998 : Como cierva sedienta
1999 : Cantique des degrés
1999 : Orient & Occident
2000 : My Heart's in the Highlands
2000 : Which Was the Son of…
2000 : Cecilia, vergine romana
2000 : Littlemore Tractus
2001 : Nunc dimittis
2002 : Peace Upon You, Jerusalem
2002 : Salve Regina
2002 : Lamentate
2002 : Deux Berceuses
2003 : Most Holy Mother of God
2003 : In principio
2003 : Passacaglia
2004 : Anthem of St John the Baptist
2004 : Da pacem Domine
2004 : L'Abbé Agathon
2005 : Vater unser
2005 : La Sindone
2005 : Von Angesicht zu Angesicht
2006 : Veni creator
2006 : Für Anna Maria
2006 : Für Lennart in memoriam
2007 : Sei gelobt, du Baum
2007 : Morning Star
2007 : The Deer's Cry
2007 : These Words…
2007 : Scala cromatica
2008 : Symphonie n°4
2008 : Alleluia-Tropus
2009 : Missa brevis

Je ne dirai jamais assez ce qui se dégage de Cantus in Memoriam Benjamin Britten
Je commence ici par le Te Deum, Silouans song, Magnificat et la Berliner Messe par Tonu Kaljuste (ECM 1993). J'aime particulièrement la Messe de Berlin et ses rythmes qui semblent toujours retomber et se relancent aussitôt. Il y a là une très belle efficacité, dans le sens d'une élévation incessante. Je suis parfois réticent face aux longues pièces d'Arvo Pärt, ici c'est une grande musique.
La pochette me semble tout à fait adaptée : une toile translucide qui donne sur l'intériorité de l'auditeur.

J'ai écouté beaucoup d'oeuvres d'Arvo Part (dont celles de ce CD), et voici un contemporain que j'aime bien. Tout au moins pour sa deuxième période. En ce sens, on peut le comparer à Gorecki, qui lui aussi a commencé dans le sérialisme.

Par contre, la première période (dans laquelle se trouvent les deux premières - très courtes - symphonies) me semble horrible !