Alfred Erik Leslie Satie(Honfleur 1866 - Paris, 1925)
Né de Jane Leslie Anton d’origine écossaise et d'Alfred Satie courtier maritime normand, élevé dans la religion anglicane, Erik Satie a passé sa jeunesse entre la Normandie et Paris. À la mort de sa mère en 1872, avec son plus jeune frère Conrad, il va vivre à Honfleur vivre chez ses grands-parents paternels. Il embrasse le catholicisme puis il entre au Conservatoire de musique en 1879. Jugé sans talent par ses professeurs, il est renvoyé après deux ans et demi de cours avant d’être réadmis, fin 1885. Incapable de produire une meilleure impression sur ses professeurs, il décide de s’engager dans un régiment d’infanterie. Après quelques semaines, constatant que l’armée n’est pas pour lui, il se fait réformer en s’exposant au froid au point d'en attraper une congestion pulmonaire. En 1887, il s’installe à Montmartre. À cette époque commence une longue amitié avec plusieurs poètes, comme Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine ou le poète romantique Patrice Contamine. Il fait éditer ses premières compositions par son père.
En 1890, il déménage au 6, rue Cortot, toujours à Montmartre et fréquente le cabaret le Chat noir où il fait la connaissance de Claude Debussy. En 1891, les deux amis s’engagent dans l’« Ordre kabbalistique de la Rose-Croix » fondé par le « sâr » Joséphin Péladan et par Stanislas de Guaita.
Il rétablit le contact avec son frère Conrad et abandonne des idées religieuses auxquelles il ne s'intéressera plus avant les derniers mois de sa vie. Il surprend ses amis en s’inscrivant, en octobre 1905, à la Schola Cantorum de Vincent d’Indy pour y étudier le contrepoint classique avec Albert Roussel. C’est également à cette époque qu’il devient socialiste, collabore au Patronage laïc de la communauté d’Arcueil et change à nouveau d’apparence pour celui du « fonctionnaire bourgeois » avec chapeau melon et parapluie.
Il a en 1893 une relation amoureuse avec l'artiste peintre Suzanne Valadon. Leur rupture brisera Satie « avec une solitude glaciale remplissant la tête de vide et le cœur de tristesse ». On ne lui connaît aucune autre relation sentimentale. Comme pour se punir lui-même, il compose Vexations, un thème construit à partir d'une mélodie courte, qu'il faut répéter 840 fois, selon ses notes. En 1895, il fait un petit héritage qui lui permet de faire imprimer plus d’écrits et de changer de vêtements. Il achète un costume en sept exemplaires, couleur moutarde, qu'il portera constamment. Il est surnommé à Paris le « Velvet Gentleman ». En 1896, tous ses moyens financiers ayant fondu, il doit s’installer dans un logement moins coûteux, d’abord dans une chambre minuscule rue Cortot puis en 1897 à Arcueil.
En 1915, il fait la connaissance de Jean Cocteau avec qui il commencera à travailler à partir de 1916. Tous deux seront les pères spirituels du Groupe des Six, créé en 1920, composé de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre. En 1919, rencontre Tristan Tzara qui lui fait connaître d’autres dadaïstes comme Francis Picabia, André Derain, Marcel Duchamp, Man Ray.
Il a écrit de nombreuses partitions sans barre de mesure et a inventé son style d’annotations sur la manière d’interpréter ses œuvres.
Mais l’humour de Satie est sûrement le plus clair dans les annotations écrites sur ses partitions, que seuls les interprètes voient : par exemple, on trouve « Vivache » comme variante de « Vivace » dans la Sonatine Bureaucratique.
L’anecdote la plus connue sur Satie est sans doute liée à son studio d’Arcueil auquel Satie refusait l’accès à quiconque. Ses amis y trouvèrent un piano complètement désaccordé, rempli de correspondances non ouvertes auxquelles il avait toutefois en partie répondu. L’état du studio révélait la pauvreté dans laquelle vécut Satie ; ne pouvant vivre de ses talents de musicien, il ne se plaignait toutefois pas ou très peu.