Franco Corelli (né le 8 avril 1921 à Ancône, dans les Marches, mort le 29 octobre 2003 à Milan, en Lombardie) était un ténor italien dont la carrière s'est déroulée de 1950 à 1976.
Né à Ancône, fils d'un ouvrier des chantiers navals, Franco Corelli étudie au conservatoire de musique de Pesaro. Pratiquement autodidacte, il construit son style de chant à partir d'enregistrements de Caruso et Beniamino Gigli.
En 1951, il gagne le concours du Mai Musical de Florence qui lui permet de faire ses débuts au festival de musique de Spolète où il interprète Don José dans Carmen. Il se produit à l'opéra de Rome en 1953 dans le Giulietta e Romeo de Riccardo Zandonai et il devient rapidement un membre permanent de l'opéra avec un répertoire étendu de quelques trente rôles.
En 1958, il épouse la fille d'une basse connue de Milan, Loretta di Lelio, elle-même soprano, qui devient son agent.
Franco Corelli et Leontyne Price font leurs débuts conjoints au Metropolitan Opera de New York le 27 janvier 1961, dans Le Trouvère où il chante Manrico. Un critique note alors « son jeu animal captivant », mais aussi son besoin d'acquérir un certain vernis. La même saison, Corelli et Birgit Nilsson remettent Turandot de Puccini au répertoire de l'opéra new-yorkais. Au total, il y interprète dix-neuf rôles en quinze saisons et devient ainsi une figure régulière du Met.
Spécialiste des rôles héroïques italiens et français, il se produit en Europe entre autres à La Scala de Milan, notamment avec Maria Callas, et au Festival de Salzbourg sous la baguette d'Herbert von Karajan.
En dépit de sa présence virile et héroïque sur scène, Corelli souffre d'un trac terrible. « On devait le pousser sur scène » rappelle la soprano Renata Scotto. Une légende aussi tenace qu'infondée dit aussi qu'il mordit Birgit Nilsson à l'oreille pendant une représentation de Turandot parce qu'elle avait tenu une note très haute plus longtemps que lui ! Nilsson et lui sont également connus pour leurs escarmouches verbales sur scène. Après les représentations, la femme de Corelli l'attendait dans sa loge avec une liste de critiques sur chaque performance.
Franco Corelli cesse de chanter sur scène en 1976 alors qu'il n'avait que 55 ans. Il meurt à Milan en 2003 après avoir subi une attaque la même année et il est enterré au Cimitero Monumentale de cette ville.
Les critiques ont parfois reproché à son jeu d'être auto-complaisant et athlétique sans nécessité. On a critiqué également son style parfois passé de mode et notamment «les sanglots» dont il parsemait son chant. Il n'en reste pas moins que, grâce à son intelligence musicale, son jeu s'est raffiné au fur et à mesure de sa carrière.
En outre, sa présence sur scène était charismatique et son physique de jeune premier – 1,80 m et une paire de jambes mythique – apportait un impact réaliste à ses rôles. Enfin et surtout, sa voix puissante et généreuse possédait un naturel et une force d'émotion incomparable et l'on peut dire qu'il était l'un des quelques meilleurs ténors italiens de l'après-guerre. Il imprimé sa marque personnelle à des rôles comme Chénier (Andrea Chénier), Radamès (Aïda), Calaf (air Nessun dorma de Turandot) et Manrico (Le Trouvère).
Bellini – Norma (Pollione) avec Maria Callas et Christa Ludwig. Orchestre de La Scala de Milan. Tullio Serafin (EMI)
Verdi – Le Trouvère (Manrico) avec Leontyne Price. Wiener Philharmoniker. Herbert von Karajan (Deutsche Grammophon)
Puccini – Turandot (Calaf) avec Renata Scotto et Birgit Nilsson. Orchestre et chœur de l'Opéra de Rome. Francesco Molinari-Pradelli (EMI)
Gounod – Roméo et Juliette (Roméo) avec Mirella Freni. Orchestre du Théâtre national de l'Opéra de Paris. Alain Lombard (EMI)
Giordano - Andrea Chénier (Chénier) avec Antonietta Stella et Mario Sereni. Orchestre de l'Opéra de Rome. Gabriele Santini (EMI)