JENŮFA opéra en trois actes
Musique et livret* de Leoš Janáček
D’après la pièce Jeji Pastorkyna de Gabriela Preissová
Création le 21 janvier 1904 à Brno
C’est le 3ème opéra de Janacek
Sa composition aura durée 10 ans.
Rôles principaux :
Jenufa : soprano
Steva : ténor
Sacristine : mezzo
Laca : ténor
Rôles secondaires :
Starek : le contremaître
Rychtar : le juge de paix
Rychtarcka : la femme du juge de paix
Karolka : leur fille
Pastuchyna : la vachère
Barena : servante au moulin
Jano : pâtre
Tetka : une vielle femme
*A propos du livret :
Janacek effectua de nombreuses coupes dans la pièce de Preissová.
Le tiers fût enlevé, essentiellement dans les 2 premiers actes, mais il en conserva la structure.
Le texte en prose reste entièrement de Gabriela Preissová.
ARGUMENT
Acte 1 :
Jenufa attend le retour de Steva qui passe devant une commission de recrutement de conscription. S’il est recruté, elle ne pourra l’épouser et cacher son déshonneur (elle est enceinte).
Deux personnes remarquent son inquiétude : sa grand-mère et Laca.
Steva qui a été exempté, arrive entouré d’une troupe de conscrits accompagnés de musiciens.
Mais la Sacristine, belle-mère de Jenufa, impose à Steva un délais d’un an pendant lequel il devra se montrer digne de sa promise.
Laca est heureux du sursis, mais l’attitude de Jenufa le rend fou de jalousie, et délibérément la blesse au visage d’un coup de couteau, la défigurant et lui faisant perdre ainsi tout attrait aux yeux de Steva.
Acte 2 :
Quelques mois plus tard, en plein hiver, dans la demeure isolée de la Sacristine, Jenufa a donné le jour à un petit garçon, dans le plus grand secret.
Steva ne veut plus épouser Jenufa. Laca, repentant vient lui rendre de nombreuses visites.
La Sacristine lui apprend alors que Jenufa a eu un enfant et que le père n’est autre que Steva.
Il est consterné. La sacristine lui fait alors croire que l’enfant est décédé, puis le renvoie.
Prenant finalement la funeste décision de tuer l’enfant, la Sacristine l’emporte au beau milieu de la nuit.
Pendant ce temps, Jenufa se réveille d’un sommeil drogué. Son enfant a disparu. La Sacristine, revenue, lui fait croire qu’elle a déliré pendant deux jours tandis que son fils était mort.
Jenufa se résigne, et au retour de Laca accepte de l’épouser.
Mais à la fin de l’acte, en proie au remords, la Sacristine est hantée de visions.
Acte 3 :
Deux mois plus tard, dans la chaumière de la Sacristine.
Préparatifs de mariage de Jenufa et de Laca.
Un groupe de jeunes gens chante à l’impromptu un chant rustique.
Arrivent le juge de paix, sa femme, leur fille Karolka et son fiancé Steva.
Avant de se rendre à l’église, Jenufa et Laca s’agenouillent pour recevoir la bénédiction de la grand-mère. A ce moment, un tumulte se fait entendre à l’extérieur : le corps d’un bébé vient d’être découvert sous les glaces fondantes.
Jenufa reconnaît les vêtements de son fils. L’hostilité de la foule envers elle tombe devant l’attitude décidée de Laca.
C’est alors que la Sacristine, à la stupéfaction de tous, confesse le meurtre.
D’abord horrifiée, Jenufa commence à comprendre l’amour qui a poussé sa belle-mère à un tel acte et lui pardonne.
A partir de ce moment, Jenufa et Laca envisagent un avenir meilleur.
Rideau.
C’est un drame paysan d’une grande noirceur, avec en son centre le meurtre de cet enfant. Il aborde aussi des thèmes comme le remord, la damnation, l’amour destructeur puis rédempteur. La musique de Janacek restitue à merveille toutes ces atmosphères différentes, avec dans les 1er et 3ème actes, l’usage de musique folklorique telles que la scène des conscrits dans le 1er et le chœur nuptial dans le 3ème. Des moments de gaîté fugitifs toujours interrompus par un évènement dramatique.
Ce sont les deux actes où l’action est la plus importante, avec le plus grand nombre d’intervenants.
L’acte central est certainement le plus dramatique, le plus sombre, avec ces deux longs monologues, de la Sacristine puis de Jenufa après son réveil, très prenant, puis cette scène d’hallucinations de la Sacristine qui clôt ce 2ème acte.
Malgré toute cette noirceur, cette détresse, l’opéra se termine sur une note d’espoir : le pardon et la réconciliation peuvent prévenir une tragédie, que la mort implique la renaissance, et que même dans la maison des morts survit l’espérance.