(Magdebourg 1681 - Hambourg 1767)
Georg Philipp Telemann vint au monde à Magdebourg le 14 mars, ville où il sera baptisé trois jours plus tard. Telemann lui-même, sous le pseudonyme anagrammatique de Mélante, relate largement sa vie et son évolution artistique dans trois textes autobiographiques écrits respectivement en 1718,1729 et 1739. Bien qu’elles soient pleines de contradictions, d’erreurs de dates et que l’imagination et la réalité se mêlent étrangement, ces autobiographies nous montrent en Telemann un témoin exceptionnel du monde intellectuel et artistique de son temps.
Une vocation à contre-courant
De formation autodidacte comme compositeur et instrumentiste, Telemann va devoir lutter pour se consacrer professionnellement à la musique, car sa famille s’y oppose résolument. Son père Heinrich, pasteur à Magdebourg, est issu d’une famille de pasteurs protestants depuis de nombreuses générations. Dans la famille maternelle, on trouve néanmoins deux musiciens. La tradition familiale des Telemann contraindra Georg Philipp à recevoir une formation générale. Ayant perdu son père à l’âge de 4 ans, le jeune garçon verra la responsabilité de son éducation confiée à sa mère. Georg Philipp se rend à l’école primaire de Magdebourg, puis au gymnase et à l’école de la cathédrale. Parmi ses professeurs, on trouve en particulier le recteur A. W. Cuno, brillant pédagogue, qui lui enseigne le latin, la logique et la rhétorique, ainsi que Ch. Muller, qui lui communiquera sa passion de la littérature allemande. Telemann recevra une très large formation, alors qu’il n’est encore qu’adolescent, il écrit déjà des vers en latin, en allemand et même en français. Dès l’âge de 10 ans, il joue talentueusement de la flûte, du violon et d’autres instruments. Très rapidement (dès 1718 semble-t-il, bien que d’après sa confession, il ne connaisse pas encore les notes), il commence à composer de petites pièces. Il ne connaîtra pour tout apprentissage musical, excepté 14 jours de leçons de piano, que les cours au gymnase de B. Christiani, compositeur de musique ecclésiastique. Telemann en effet acquiert seul sa formation en étudiant directement les partitions des grands auteurs. Il se familiarise ainsi rapidement avec les principes techniques fondamentaux Kuhnau (1660-1722). A la même époque, il fait la connaissance de Georg Friederich Haendel, de 4 ans plus jeune que lui ; ils nouent une solide amitié qui durera toute leur vie. Cette nouvelle relation stimulera les facultés créatrices de Telemann, les deux compositeurs vont en effet dès lors échanger leurs compositions, se juger et s’encourager dans une émulation réciproque, tout en s’entretenant des problèmes qu’ils rencontrent dans le domaine musical.
Peu de temps après s’être installé à Leipzig, Telemann fonde une société “ Collegium Musicum ”, constitué de quarante étudiants, et commence à donner des auditions. Cette institution, plus connue sous le nom de Collegium telemannien, sera dirigée à partir de 1729 par J.S. Bach. L’enthousiasme et la vitalité de Telemann vont bien dans le sens du souci culturel de Leipzig ; dès lors, on ne tarde pas à lui confier rapidement la direction du théâtre de l’opéra. Il y fera représenter ses oeuvres jusqu’à la fermeture de l’établissement. En 1704, il sera nommé organiste et maître de chapelle de la Neue Kirche (Temple neuf) de Leipzig, qui est en réalité la chapelle universitaire.
Très vite cependant, Telemann pense qu’il pourra mieux développer une activité en s’engageant auprès d’une cour aristocratique.
En 1705, il entre au service du Comte Erdmann von Promnitz qui réside à Soran. Cet aristocrate est à la fois un parfait connaisseur et un grand amateur de musique française. C’est la raison pour laquelle Telemann écrira pour la chapelle musicale de la Cour quelque deux cents ouvertures françaises en une seule année. Par la suite, suivant la Cour, il quitte Soran pour se rendre à Pless, en Haute Silésie, ainsi qu’à Cracovie.
En 1706, lors des actions de guerre menées par les armées du Roi de Suède Charles XII, Telemann décide de rentrer en Allemagne. Il se rend à Eisenach, centre de la musique allemande et ville d’origine de la famille de Bach. Là, le duc Johann Wilhem le nomme directeur de concerts (1708) et maître de chapelle de la cour ducale (1709). C’est à la même époque que Telemann se fiance avec Louise Eberlin qu’il épousera en 1709. Leur union sera des plus heureuse jusqu’à la mort de Louise, survenue à la naissance de leur premier enfant, une fille. A Eisenach, Telemann fera également la connaissance de Bach et de sa famille, et en 1714, il deviendra le parrain du second fils de J.S. Bach, Carl Philipp Emmanuel.
En 1712 Telemann se consacre à d’autres activités artistiques à Francfort. Il est engagé pour diriger la musique de deux églises: celle de Sainte Catherine et celle des Carmes (Barfüsser). En tant que secrétaire de la Société Franenstein de cette ville, il va réorganiser son Collegium Musicum selon ses idées et, à partir de 1713, il présentera en pubilic de nombreuses oeuvres instrumentales. Il se marie en seconde noces en 1714 avec Maria Katharina Textor. Il est alors nommé maître de chapelle au Margrave de Bayreuth et d’Eisenach, poste qui l’oblige à produire régulièrement de nouvelles compositions Les cours de Gotha et de Weimar lui offriront, elles aussi, en 1717 et 1718 la charge de maître de chapelle, mais il refusera.
En 1721, malgré la belle situation dont il jouit à Francfort, Telemann se rend en été à Hambourg sans divulguer les raisons de son départ. Il y devient alors
cantor du Johanneum, ce qui l’oblige à donner des cours de musique. C’est son filleul, Carl Philipp Emmanuel Bach, qui lui succédera après sa mort. Jusqu’en 1757, Telemann, depuis Hambourg, continuera à envoyer régulièrement des oeuvres religieuses à Francfort. En effet, selon la tradition de Hambourg, Telemann se voit contraint d’écrire des Passions chaque année, ainsi que de nombreuses oeuvres destinées aux manifestations civiques et politiques de la capitale hanséatique.
En 1722 A la mort de Kuhnau, Telemann va se présenter comme cantor de l’église Saint Thomas de Leipzig ; il y renoncera cependant immédiatement lorsqu’il obtiendra une augmentation de solde à Hambourg. La même année, Telemann commence à diriger l’Opéra de Hambourg qui traverse une certaine crise. Il stimulera la vie musicale de la ville et parviendra ainsi à élargir le public, principalement représenté par les traditionnels, milieux aristocratiques et ecclésiastiques en donnant à tous les citoyens accès aux concerts moyennant le paiement d’une entrée.
En 1737 Il se rend à Paris où il restera huit mois. Ce séjour contribuera beaucoup à sa consécration internationale.
A partir de 1740, son activité de compositeur diminuera peu à peu, et c’est en pleine gloire que Telemann mourra à Hambourg le 25 juin 1767 à l’âge de 86 ans.
Une oeuvre abondante
Telemann doit probablement sa légendaire fertilité créatrice au fait qu’il jouissait effectivement d’une grande facilité d’écriture lui permettant de composer presque sans ratures. Haendel a même pu dire de lui qu’il était capable de composer un motet à huit voix avec le même naturel que s’il s’agissait d’écrire une lettre ! En raison même de cette spontanéité, il a encouru le reproche d’une fécondité superficielle ; c’est ainsi que certaines pages de sa volumineuse production (il ne faut pas oublier que Telemann fut encore plus fécond que Vivaldi), ne parviennent pas à s’élever au- delà d’un travail de routine, ce qui fut d’ailleurs l’activité de la plupart de ses contemporains. Cela justifie en partie le manque de confiance à priori avec lequel certaines critiques, ou musicologues, abordent une oeuvre aussi abondante que la sienne.
La musique vocale
Dans le domaine de la musique religieuse, Telemann n’écrivit pas moins que quarante quatre passions entre 1722 et 1767. Certaines d’entre elles revêtent un caractère profondément dramatique, la plus remarquable est sans doute sa “ Passion selon Saint Luc ” sur un texte de M.A. Wilkens. L’une de ses oeuvres les plus interprétées a été l’Oratorio sur le thème des souffrances et de la mort de Jésus, plus connu sous le titre “ Brockes Passion ”, qui fut créée à Hambourg en 1716. Son texte écrit quatre années plus tôt par le poète B.H. Brockes, fut utilisé non seulement par Telemann, mais également par des compositeurs comme Keiser, Haendel, Mattheson et Stölzch en un laps de temps relativement cours. Dans son ensemble, la musique sacrée de Telemann, avec son mélange de contrepoint et de mélodie propres aux arias italiennes, exerça une profonde influence sur la musique religieuse du XVIIIè siècle. Sans cette influence, l’art musical protestant ne se serait jamais éloigné si rapidement des formes et de l’écriture du baroque.
Musique de théâtre.
Telemann ne composa son premier opéra (considéré comme une oeuvre de maturité) Der Geduldige Sokrates (Le Patient Socrate) que six mois avant d’être nommé directeur de l’Opéra de Hambourg. C’est dans cette même ville que cette oeuvre fut créée en 1721. Il faut également mentionner ici l’intermezzo Pimpinone (1725) véritable préfiguration de l’opéra bouffe. La musique instrumentale et orchestrale La musique orchestrale de Telemann est peut être la facette la plus originale de toute sa production. Elle exerça une profonde influence et favorisa l’évolution du genre au cours du XVIIIè siècle grâce à ses qualités de liberté et de spontanéité. Parmi les nombreuses ouvertures françaises de Telemann, on trouve également des exemples d’une écriture galante dont les rythmes et les dessins mélodiques sont caractérisés par leur origine italienne, polonaise ou allemande. Le même apparaît également dans les sonates en solo, en duo ou en trio, dans les concertos, des pièces pour orgue, des suites pour luth, etc. Le catalogue comprend des oeuvres instrumentales, des oeuvres pour clavecin et pour luth. Œuvres de musique de chambre: sans basse continue, un ou deux instruments avec basse continue, des trios, des quatuors, des quintettes, des recueils, quelques chansons, œuvres vocales profanes et religieuses, cantates profanes et religieuses, des oratorios, des passions, de nombreuses messes, psaumes, motets. Dans la musique de théâtre, dix huit opéras et quelques fragments de différents autres opéras.
Quelques autres compositeurs de l'époque baroque : Quantz, Locatelli, Scarlatti, Haendel, Albinoni, Bononcini, Marcello, Rameau, J.S. Bach, Tartini, Charpentier, Schultz, Cavalli, Carissimi, Torelli, Pergolesi, Purcell, Buxtehude, Corelli, Couperin, Vivaldi.
source :
http://membres.multimania.fr/musiqueclassique/compositeurs.htm