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| Alexandre von Zemlinsky | |
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Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Alexandre von Zemlinsky Sam 26 Mai - 13:13 | |
| Lorsque Alexandre Zemlinsky meurt le 15 mars 1942 dans les environs de New York (où il avait émigré), personne ou à peu près ne s'y intéresse dans le monde de la musique. Dans le monde de la presse, seul le New York Times publia une nécrologie. Dans les pays européens sous la botte nazie, ses œuvres étaient interdites, et la presse ignora sa disparition. Ce compositeur et chef d'orchestre, qui connut durant les années 1900-1930 une très importante célébrité, était tout simplement tombé dans l'oubli total. Et cet oubli dura bien au-delà de1945.
Seuls quelques mélomanes pointus connaissaient son nom pour avoir été le seul professeur de composition de Schoenberg et, plus tard, son beau-frère et également parce que Alban Berg lui avait rendu hommage en citant la Symphonie lyrique dans sa Suite Lyrique pour quatuor à cordes.
Il fallut attendre la fin des années septante pour voir resurgir de façon régulière dans le monde discographique le nom de Zemlinsky.
Ce purgatoire résulte certes en grande partie des circonstances historiques, de la destruction de son oeuvre comme "entartete Musik" par les nazis. Mais elle provient également d'une personnalité qui exprima son génie au travers d'une variété de styles parfois déconcertante. Cette recherche de nouveaux modèles stylistiques lui valut de nombreux malentendus. En tant que chef d'orchestre, il fut le champion des oeuvres les plus progressistes de son temps, mais dans ses propres compositions, tiraillé entre un modernisme agressif et un conservatisme rassurant, il préféra confirmer les découvertes réalisées par d'autres plutôt que d'innover.
Dernière édition par le Sam 26 Mai - 13:16, édité 1 fois | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Alexandre von Zemlinsky Sam 26 Mai - 13:13 | |
| Sous les auspices de Brahms
Alexander von Zemlinsky est né à Vienne le 4 octobre 1871. Sa famille est le produit typique du multiculturisme viennois. Son père est un Viennois issu d'une famille catholique d'origine slovaque et sa mère vient d'une famille bosniaque issue d'un mariage judéo-musulman. Par amour pour sa mère, le père de Zemlinsky s'était converti au judaïsme.
Contrairement à l'usage, après avoir terminé brillamment ses études de piano, de contrepoint et de composition au Conservatoire de Vienne, Zemlinsky ne part pas en province effectuer ses premiers pas, mais tente de s'imposer directement à Vienne comme compositeur. Il se joint au "Wiener Tonkünstler-verein" dont Brahms est le président honoraire. Il apporte sa collaboration aux concerts de l'association en tant que pianiste et compositeur. Ainsi, Zemlinsky peut présenter à Brahms son Premier quatuor à cordes en La majeur, op.4. L'oeuvre, ainsi que le Trio pour clarinette, piano et violoncelle, op.3 parut chez Simrock, l'éditeur de Brahms. Ce quatuor témoigne tout à la fois de la dette de Zemlinsky envers le classicisme viennois en général et Brahms en particulier, mais aussi des tensions entre la volonté de s'évader de ce carcan.
La rencontre avec Schoenberg
Zemlinsky dirige aussi un ensemble de musiciens amateurs, Polyhymnia, où officie, armé d'un misérable violoncelle, un jeune employé de banque, de trois ans son cadet, et par ailleurs chef de choeur : Arnold Schoenberg. Réunis par leur amour de Wagner et de Brahms, les deux hommes sympathisent. Mieux, Zemlinsky donne à son ami, qui s'est formé jusque là en autodidacte, quelques cours de composition. Schoenberg, de son côté, réalise la réduction pour chant et piano du premier opéra de son nouvel ami, Sarema, une histoire assez classique sur l'opposition entre devoir et amour. Et même bien mieux, il s'éprend de la soeur de Zemlinsky, Mathilde, et se marie avec elle en 1901. C'est ainsi que Zemlinsky devient un défenseur des compositeurs de l'École de Vienne (Schoenberg, Berg et Webern) même si, comme compositeur, il se tiendra en marge de leur recherche stylistique.
Ne pouvant vivre uniquement des prix remportés lors de concours de composition, Zemlinsky doit, pour assurer sa subsistance, accepter un poste de chef d'orchestre. Il se retrouve ainsi, de 1899 à 1903, Kapellmeister du Carltheater de Vienne où il doit diriger, à son grand déplaisir, de nombreuse opérettes. Vienne était dans une époque que l'on surnomma l'âge d'argent de l'opérette viennoise. Mais Zemlinsky rajoutait, avec sarcasme, que, par contre, le silence était d'or... Heureusement engagé au Volksoper, Zemlinsky peut diriger des répertoires plus consistants et attirer sur lui, par ses productions mémorables, l'attention de Mahler qui l'engage en 1907 au prestigieux Hofoper.
Dernière édition par le Sam 26 Mai - 13:16, édité 1 fois | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Alexandre von Zemlinsky Sam 26 Mai - 13:14 | |
| L'ombre envahissante de Mahler
Un incident d'ordre privé marqua durablement la psychologie de Zemlinsky. Pédagogue recherché (outre Schoenberg, il fut aussi le professeur de Korngold) , Zemlinsky avait, parmi ses étudiantes, une jeune et très jolie demoiselle, Alma Schindler. Une idylle se noue, on parle de fiançailles. Malheureusement, Alma rencontre le directeur de l'Opéra, Gustav Mahler, s'en éprend et l'épouse. Zemlinsky sera effondré par la nouvelle. Croyant que sa laideur physique est à l'origine de ce retournement, Zemlinsky abordera tout au long de sa vie de compositeur le problème de la quête de l'identité.
Une autre anecdote illustre le côté autodestructeur de la nature trop scrupuleuse de Zemlinsky. Avec Schoenberg, Zemlinsky fonde la Vereinigung schaffender Tonkünstler in Wien pour "soutenir des ouvrages des compositeurs contemporains, dans la perspective d'un libre épanouissement de la personnalité artistique". Le 25 janvier 1905, le deuxième concert de l'association réunit, entre autres, le Pelléas et Mélisande de Schoenberg et Die Seejungfrau de Zemlinsky. Les deux partitions sont proches par leur volonté de montrer concrètement comment il était possible de tirer un trait sur l'antinomie entre musique pure et musique à programme et de créer une synthèse entre Brahms et Wagner. La création de l'oeuvre de Schoenberg focalise, une fois de plus, l'attention et les réactions positives et négatives du public au point de rendre littéralement inaperçu le reste du programme. Du coup, Zemlinsky annule un concert programmé peu de temps après à Berlin avec Die Seejungfrau.
Gustav Mahler avait déjà découvert le travail de Zemlinsky en programmant, en 1900, le deuxième opéra de Zemlinsky, Es war einmal, basé sur un conte d'Andersen. Il avait été ébloui par la technique incroyable du jeune homme autant que par le manque d'originalité de sa musique qui est "remplie de réminiscences de tous genre". Cela n'empêcha pas Mahler de commander à Zemlinsky son troisième opéra Der Traumgörge [Görge le rêveur]. Malheureusement, Mahler est contraint de démissionner avant la création et son successeur retire la partition de la programmation. L'oeuvre disparut totalement, y compris du catalogue des oeuvres de Zemlinsky. Ce n'est qu'en 1980 que l'opéra fut créé à Nuremberg.
Görge, un jeune orphelin né au sein d'une communauté villageoise aux idées étroites, vit dans le monde de ses lectures et de son imagination, convaincu qu'un jour il réussira à concrétiser ses rêves. Trahi par sa fiancée, Grete, il quitte son village pour répondre à l'appel d'une princesse de rêve. Mais son séjour dans le monde cruel des grandes villes lui fera perdre une à une toutes ses illusions. Il est compromis dans une révolution prolétaire, tandis que sa compagne, Gertraud, se voit accusée de sorcellerie. Dégoûté, il rentre au village, où il mène à nouveau une vie paisible et rangée d'époux et de père de famille. C'est alors qu'il finit par comprendre que Gertraud n'est autre que la princesse de son rêve et que celui-ci s'est donc réalisé. Ainsi tout l'opéra oppose-t-il le rêve à la réalité, le subjectif à l'objectif, la naïveté à la conscience, la nature à la civilisation, dans une série d'antithèses aussi romantiques que possible.
Webern, qui pu accéder à la partition, parle de l'invention mélodique inépuisable de Zemlinsky, par la variété des couleurs de l'orchestre mais surtout de la combinaison géniale des formes traditionnelles avec une liberté toute nouvelle et les procédés du leitmotiv avec la technique de la variation de Brahms.
Déçu du sort réservé à sa partition, Zemlinsky retourne au Volksoper où il réalise des productions de haut niveau de la Salomé de Strauss ou de Tosca de Puccini. En 1910, il présente son ouvrage Kleider machen Leute [L'Habit fait le moine] où se retrouve un de ses thèmes de prédilection, la tromperie des apparences. | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Alexandre von Zemlinsky Sam 26 Mai - 13:14 | |
| Prague, la période heureuse
En 1911, Zemlinsky devient premier Kapellmeister de l'Opéra allemand de Prague (l'actuel Statni Opera) puis directeur de la même institution. Pendant dix-sept ans, comme chef d'orchestre d'opéra et de concert, il transforme la capitale tchèque en haut lieu de la musique européenne. Parmi ses assistants, il eut Erich Kleiber, Anton von Webern et George Szell ainsi que Viktor Ullmann comme chef de choeur. En 1920 il devient aussi recteur de la Deutsche Akademie für Musik und Bildende Kunst. À partir de 1923, il dirige régulièrement la Philharmonie tchèque où il crée la tradition mahlérienne de l'orchestre. À côté des oeuvres de compositeurs tchèques, Zemlinsky se fait aussi le champion de ses collègues Hindemith, Stravinsky ou Weill. Stravinsky, qui n'avait pas l'éloge facile, affirme que l'opéra les Nozze di Figaro de Mozart qu'il a entendu à Prague sous la direction de Zemlinsky était une des expériences musicales parmi les plus satisfaisantes de sa vie. C'est aussi la période où Zemlinsky écrit ses plus grands chefs-d'œuvre comme les Maeterlinck-lieder, le Deuxième quatuor, Eine florentinische Tragödie [Une tragédie florentine], Der Zwerg [Le Nain] ou la Lyrische Symphonie.
L'alliance de moyens stylistiques brahmsiens et wagnériens que Zemlinsky et Schoenberg ont réalisée ensemble vers le tournant du XXe siècle pousse Schoenberg vers des conséquences radicales, une rupture menant, vers 1909, à l'atonalité. Zemlinsky suivit en hésitant son ami. Ilt n'a jamais franchi le pas menant à l'atonalité, préférant, autant que possible, étirer les frontières de la tonalité. Il avouait en 1913 : « J'ai la vénération la plus absolue, la plus illimitée pour les œuvres de Mahler. Il n'appartient pas à ceux au sujet desquels on a encore à se disputer; sa personnalité hors de pair, la grandeur et profondeur de ce qu'il a de purement humain le placent déjà aujourd'hui au-dessus de toute lutte partisane. Selon moi, il ne s'écoulera pas tellement de temps d'ici à ce que Mahler soit compté au nombre des inattaquables. - Face aux dernières œuvres de Schoenberg (ndlr comprenez les premières oeuvres atonales), je n'éprouve pas toujours le même amour, mais toujours un respect infini. Mais je sais par expérience que même avec ces œuvres qui, aujourd'hui, sont encore pour moi muettes, je puis avoir dès demain d'affectueux rapports. C'est pourquoi j'attends tranquillement, car j'ai en effet confiance - en moi. »
Le Deuxième quatuor à cordes op.15 (1913-1914), chef-d'œuvre de la musique de chambre de Zemlinsky, montre les efforts accomplis pour rassembler dans sa musique les tendances divergentes de Mahler et de Schoenberg avec une notable exploitation de la polyrythmie. Ce quatuor représente un point culminant de l'expressivité, mais aussi un point culminant en ce sens que Zemlinsky ne continua plus d'écrire dans cette direction.
L'idée de personnages cachant une émotivité agitée sous des dehors respectables fascinait certains compositeurs. Eine florentische Tragödie (1916) répond à ce critère d'étude psychologique, en plus du fait qu'il trouvait un écho dans la vie du compositeur. Rappelons que Zemlinsky a dirigé la création de l'Erwartung de Schoenberg. Et de cette rencontre vient à la fois la tension dramatique de l'opéra qui ne fait que s'amplifier pour tourner à l'insoutenable ainsi que l'inquiétante exploration des abîmes de l'inconscient et du subconscient. De là aussi une harmonie très tendue aux franges les plus extrêmes de la tonalité. Tirée d'Oscar Wilde, l'intrigue commence dans un dispositif de complaisance et tourne au drame par le jeu du mari. La musique ambivalente de Zemlinsky porte ce drame. Proche des poèmes symphoniques de Strauss, elle joue avec un petit nombre de thèmes récurrents autour de l'amour et de la mort. Ces thèmes subissent aussi des développements et des transformations en fonction de l'ambiance. Comme dans le Rosenkavalier de Strauss, la partition débute par un long prélude qui décrit la nuit des amants.
Florence, au temps de la Renaissance. Peu à peu Simone et son épouse se sont détachés l’un de l’autre. Un soir, le marchand revient chez lui au terme d’un voyage d’affaires et trouve Bianca, son épouse, en compagnie du riche et séduisant prince Bardi. Voici comment Simone affronte cette situation ambiguë : il souhaite tout d’abord la bienvenue au prince, qu’il flatte en se déclarant honoré de recevoir chez lui un si noble visiteur, puis il lui présente ses plus belles marchandises. C’est justement parce qu’il respecte les convenances que Bianca affiche tout le mépris qu’il lui inspire. Dans ce contexte, Bardi a le sentiment d’avoir le dessus sur le mari, et c’est sans vergogne qu’il convient avec Bianca d’un rendez-vous pour le lendemain. Mais Simone finit par laisser tomber le masque; il somme le prince de croiser le fer avec lui et le tue. Face au cadavre de Bardi, les époux se retrouvent sous un nouvel éclairage.
La puissance de la réalisation de Der Zwerg [Le Nain] (1921) provient de la probable identification de Zemlinsky avec le personnage central de l'opéra. Au moment de leur rupture, Alma Mahler avait décrit Zemlinsky comme un affreux gnome, un nabot sans menton et sans dents. De là, la très forte identification du compositeur avec le nain. Tirée, elle aussi d'une histoire d'Oscar Wilde, The Birthday of the Infanta, l'intrigue fut modifiée pour se rapprocher de l'expérience malheureuse de Zemlinsky, ainsi par exemple, la cruauté de l'Infante est délibérément accentuée. Pour traduire la froideur de la cour, Zemlinsky écrit une musique diatonique de style néoclassique (proche de certaines oeuvres de Ravel). Il réserve une musique plus lyrique et plus expressive au nain et à la seule personne humaine de la cour, la duègne Ghita. Der Zwerg sera un des plus grands triomphes connu par Zemlinsky. Aussitôt après sa création à Cologne sous la direction d'Otto Klemperer, l'opéra sera rapidement repris à Berlin, Prague et Vienne.
C’est l’anniversaire de l’infante Donna Clara. Exubérantes de joie, la princesse et ses amies perturbent les domestiques affairés par les préparatifs. Enfin la fête commence et l’infante est longuement félicitée. Parmi les nombreux cadeaux qu’elle reçoit, il y en a un de fort particulier : un nain vivant. Il vit dans l’inconscience de sa difformité. Jamais encore il n’a vu son image. Il s’éprend de la princesse aussitôt qu’il l’aperçoit. Se prenant pour un beau chevalier, c’est avec élégance qu’il adresse à Clara une chanson d’amour. La princesse congédie sa cour et les invités pour rester seule avec lui. La princesse est effrayée lorsqu’elle se rend compte que le nain ignore tout de sa véritable nature. Elle ordonne à Ghita, sa camériste, de lui tendre un miroir. Lorsque le nain revient de la salle de bal, il est si heureux d’avoir reçu de la princesse une rose blanche qu’il reste sourd aux paroles de Ghita, résolue à lui révéler sa véritable nature. Resté seul, l’amoureux se retrouve inopinément face à un miroir. Ce n’est qu’à grand-peine et dans l’affliction qu’il comprend peu à peu que ce qu’il aperçoit n’est autre que son reflet. Il s’explique les railleries et manèges de son entourage, comprend qu’on le trouve affreusement laid et qu’il est absolument seul. L’illusion qui le tenait en vie s’effondre. Lorsque Donna Clara revient, le nain, abîmé dans le désespoir, la supplie de lui dire que cela n’est pas vrai et qu’il est beau. La princesse se tait et le nain meurt, le cœur brisé.
En 1922, Zemlinsky compose ce qui est probablement le sommet de son oeuvre orchestrale, la Lyrische Symphonie. Cette partition pour voix et orchestre s'inscrit dans la lignée du Das Lied von der Erde de Mahler. Tous deux s'appuient sur des poèmes orientaux, mais la ressemblance s'arrête là. L'œuvre de Mahler est en six mouvements fermés, celle de Zemlinsky en sept mouvements enchaînés. Mahler cherche, au travers des poèmes chinois, des clés permettant de scruter le sens de la vie et de la mort, tandis que Zemlinsky, à la suite de Tagore, cherche une quête de l'accomplissement de soi-même, dans une perspective à la fois pessimiste et stoïcienne. Dans la forme, Zemlinsky s'écarte résolument de Mahler en réunissant les chants entre eux au moyen d'interludes symphoniques et en intégrant de la sorte l'un à l'autre cycle de lieder et symphonie à un mouvement. "La cohésion interne des sept chants avec leurs préludes et interludes, qui possèdent tous un seul et même ton foncier profondément grave et passionné, doit parfaitement être mise en valeur avec une conception et une exécution adéquates de l'œuvre" demande Zemlinsky.
Alban Berg assista à la création de la Lyrische Symphonie. Quelques années plus tard, il y rendi doublement hommage en nommant une de ses partitions Lyrische Suite, en y citant un extrait du quatrième mouvement et en lui dédiant la partition. | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Alexandre von Zemlinsky Sam 26 Mai - 13:15 | |
| Sic transit gloria ...
En dépit de la position exceptionnelle qu'il détenait dans la vie musicale pragoise, Zemlinsky va essayer d'obtenir un poste à Vienne ou en Allemagne. En 1923, on lui offre le poste de Generalmusikdirektor au Staatsoper de Berlin. Mais effrayé par l'inflation galopante qui règne à ce moment là en Allemagne, il refuse. Et c'est là une erreur car sa position à Prague change avec l'arrivée de Hans Wilhelm Steinberg comme premier Kapellmeister. La presse a vite fait de transformer le chef en rival de Zemlinsky. Ajoutez à cela la méfiance croissante des tchèques visà vis de la minorité allemande de Tchécoslovaquie. La polémique est telle que Zemlinsky finit par accepter une second rôle auprès de Klemperer au Kroll Opera de Berlin.
1924 voit la naissance du Troisième quatuor à cordes, op.19. Par comparaison avec le monumental Deuxième quatuor, ce quatuor joue, dans des mouvements plus succincts, la carte de la distanciation émotionnelle. On y sent, dans une recherche volontaire de mélange de styles, une plus forte domination de soi.
À la fermeture du Kroll Opera en 1931, Zemlinsky refuse un poste à Wiesbaden au profit d'un poste d'enseignant à la Musikhochschule de Berlin et à une carrière de chef invité.
Le compositeur termine en 1932 un nouvel opéra d'après le Kreidekreis [Le Cercle de craie] de Klabund, elle-même inspirée d'une pièce de Li-Sing Tao, un auteur chinois du XIIIe siècle. Signalons que la célèbre pièce de Bertold Brecht, Le Cercle de craie caucasien, a puisé son inspiration dans ces deux pièces. Dans l'opéra de Zemlinsky, nous retrouvons sa prédilection pour des récits tiré du monde des contes et pour l'opposition entre le bien et le mal. L'opéra aurait dû connaître une première simultanée dans les opéras de Berlin, Francfort et Cologne au printemps 1933. Mais l'arrivée au pouvoir des nazis annula le projet et c'est à Zurich que l'opéra connut sa première apparition scénique. La partition marque un tournant dans l'écriture lyrique luxuriante de Zemlinsky. Créateur de l'opéra Mahagonny de Kurt Weill, Zemlinsky subit l'influence de ce dernier, ainsi que celle du Jonny spielt auf d'Ernst Krenek. Ainsi les instruments à vent predominent sur les cordes et le parlando ou le quasi-recitativo sur le chant.
En 1933, obligé de fuir l'Allemagne nazie, Zemlinsky se réfugie à Vienne où il consacre toute son énergie à la composition. De cette période datent le Quatrième quatuor et la composition du Der König Kandaules d'après André Gide.
Le Quatrième quatuor à cordes, op.25 voit le jour peu de temps avant l'émigration du musicien, en 1936. C'est probablement en raison de la mort d'Alban Berg, à la veille de la Noël de 1935, que Zemlinsky a donné, dans son manuscrit, le nom de "suite" à la partition, renvoyant, en quelque sorte, à l'hommage de Berg à Zemlinsky au travers de sa Lyrische Suite. Comme chez Berg, la Suite de Zemlinsky consiste en six mouvements reliés entre eux par des connexions thématiques et groupés en trois paires comprenant chacune un mouvement lent et un mouvement vif. Au cours des différents mouvements, on découvre des alternances de cellules mélodiques qui peinent à dégager leur chant, des accords pétrifiés, des passages d'une insolite gaîté, des thèmes à caractère d'agitation fiévreuse qui, dans un crescendo continu, ne parviennent pas à trouver une conclusion.
Les thèmes du Der König Kandaules [Le Roi Candaule] est ceux de la quête, de la crise d'identité et de l'invisibilité. Un anneau magique (il rend invisible celui qui le porte) est trouvé dans un poisson vendu à la cour par un simple pêcheur, Gyges, qui se trouvera à prendre la place du roi, ce dernier le laissant faire à son corps consentant, si l'on peut dire. Kaudales évolue entre richesse, gaspillage et libéralisme moral; il use et abuse de Gyges au profit de son pouvoir. Et sa femme Nyssia, sorte de gardienne conservatrice de la morale, une fois devenue une femme déshonorée, se transforme en ange vengeur. L'opéra a été entièrement achevé sous forme de brouillon. Par contre, l'orchestration est interrompue par l'Anschluss en 1938. Zemlinsky fuit à nouveau le régime nazi en s'exilant vers New York via Prague. Un moment, le Metropolitan Opera lui promet de monter Kandaules puis se rétracte face à "l'immoralité" du deuxième acte. L'orchestration sera achevée, bien des annnées après la mort de Zemlinsky, par Anthony Beaumont et l'opéra, véritable résumé artistique de l'oeuvre du compositeur, connaîtra sa création en octobre 1996 à l'Opéra de Hambourg. Affaibli par une crise cardiaque, Zemlinsky est obligé d'accepter n'importe quel travail pour survivre. Il a encore la force de s'attaquer à une nouvel opéra, Circé, où le personnage errant d'Ulysse devaitsurement rappeler beaucoup de souvenirs! Zemlinsky fini par mourir dans la misère à Larchmont, près de New York, le 15 mars 1942. | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Alexandre von Zemlinsky Sam 26 Mai - 13:19 | |
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| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Alexandre von Zemlinsky Sam 26 Mai - 13:21 | |
| C'est ma grande découverte de ces derniers mois, un compositeur qui me va comme une gant du fait de sa filiation artistique. J'espere que ce sujet marchera car moi ca m'interesse beaucoup d'en savoir plus sur son oeuvre. | |
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| | | | Alexandre von Zemlinsky | |
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