Le maréchal de Mac Mahon naît dans le magnifique château de Sully, en Saône-et-Loire, et est baptisé dans la petite église qui se trouve dans un angle du parc. Il commence ses études au petit séminaire d'Autun et à 17 ans entre à l'Ecole militaire de Saint-Cyr. En 1827, il passe à l'Ecole d'application d'état-major et en 1830 il s'embarque pour l'Algérie.
De 1827 à 1840, il exerce les fonctions d'officier d'état-major et est aide de camp des généraux Achard, Bellair, Bro, Damrémont, d'Houdetot et Changarnier.
Lors de la formation des dix premiers bataillons de chasseurs à pied, Mac Mahon est nommé au commandement du 10ème bataillon, qui avait un refrain démontrant son attachement à son nouveau chef : "Dixième bataillon, Commandant Mac Mahon, N'a pas peur du canon, Nom d'un nom !"
A la tête de son bataillon, Mac Mahon se forge une belle réputation et Bugeaud le propose pour l'avancement. Il est alors nommé lieutenant-colonel du 2ème régiment étranger que l'on organisait à Bône. Il passe ainsi trois ans à la Légion étrangère avant d'être nommé colonel dans la ligne.
C'est en Algérie que Mac Mahon vit les évènements de 1848 puis de 1851. Divisionnaire en 1852, c'est avec la guerre de Crimée qu'il devient un personnage de premier plan e accomplit une prodigieuse carrière. Saint-Arnaud le connaît depuis l'Algérie et avant de s'embarquer pour la Crimée, il écrit à Vaillant qu'il préfèrerait Mac mahon pour commander la division confiée à Forey : "Permettez-moi de recommander à votre choix le général de Mac Mahon pour la commander ; c'est un officier de guerre complet." Ce n'est que l'année suivante et après le décès de Saint-Arnaud que Mac Mahon part pour Sébastopol. Le 4 août 1855, il est nommé au commandement de la 1ère division d'infanterie du 2ème corps de l'armée d'Orient. Le 8 septembre, il s'illustre par son intrépidité lors de la prise de la tour de Malakoff ; il y prononce son célèbre : "J'y suis, j'y reste" ! Le drapeau de marine tricolore, qu'il a emprunté pour le planter sur les positions conquises, témoigne de l'ardeur des combats : il est troué de quarante-deux balles et trois boulets.
A la suite de ce fait d'armes, Mac Mahon est nommé sénateur, retourne en Algérie et participe à la pacification de la grande Kabylie. Le 22 avril 1859, il est nommé au commandement du 2ème corps de l'armée d'Italie et avec Regnaud de Saint-Jean d'Angély et Canrobert, est l'artisan de la victoire de Magenta, le 4 juin. Le lendemain il est nommé simultanément maréchal de France et duc de Magenta. Le 24 juin suivant, le maréchal prend une part importante à la victoire de Solférino et à son retour en France occupe divers commandements. En 1861, il représente la France au couronnement de Guillaume Ier, roi de Prusse et en 1864, il remplace Pélissier, décédé, au poste de gouverneur général de l'Algérie. Il occupe cette fonction jusqu'à son rappel en France en 1870.
Commandant le 1er corps de l'armée du Rhin le 17 juillet 1870, Mac Mahon accumule les erreurs en Alsace. Il ignore les appels des Wissembourgeois qui signalent d'importantes troupes massées à la frontière et le 4 août, lorsque la ville est attaquée, il est encore à Strasbourg. Il n'arrive en vue du champ de bataille qu'en fin de journée pour constater la défaite des troupes françaises. Le 6 août, toujours aussi négligent (pas de reconnaissances pour connaître les mpouvements de troupes ennemies), il est surpris par les Bavarois et Prussiens. Alors qu'il peut refuser le combat et retraiter au-delà des Vosges, comme le suggèrent Ducrot et Raoult, sûr de vaincre il accepte le combat et subit une lourde défaite. L'héroïsme des soldats français, notamment les cuirassiers et les turcos, n'y change rien. A l'infériorité numérique s'est ajouté l'incompétence du chef.
Après une éprouvante retraite sur le camp de Châlons, Mac Mahon prend le commandement de la nouvelle armée qui s'y forme et, accompagné par l'Empereur, il est à nouveau battu à Sedan, le 1er septembre 1870. Blessé, prisonnier de guerre le 2 septembre, il est détenu à Wiesbaden et libéré au mois de mars 1871.
Le 5 avril 1871, il est nommé au commandement de l'armée de Versailles et reprend Paris à la Commune. Membre du Conseil supérieur de la guerre en 1872, le maréchal est élu président de la République par l'Assemblée nationale, le 24 mai 1873. Il démissionnede ses fonctions le 30 janvier 1879, refusant de signer un décret qui notamment met en disponibilité cinq généraux, anciens compagnons d'armes du maréchal.
Il partage dès lors son temps entre son hôtel parisien, 70 rue de Bellechasse, et le château de La Forêt à Montcresson, dans le Loiret.
Au début de l'année 1893, la santé de Mac Mahon donne des inquiétudes à son entourage. Des troubles digestifs, des douleurs de reins l'affaiblissent. Le 8 octobre, le maréchal s'alite et il s'éteint le 17 suivant dans son château de La Forêt.
Les obsèques intimes ont lieu dans la petite église de Montcresson, le 21 octobre 1893. Le lendemain à l'église des Invalides se déroulent les funérailles nationales auxquelles assistent Canrobert, dernier maréchal survivant et qui décèdera en 1895.
Doté d'un coup d'oeil tactique remarquable, Mac Mahon était un très bon chef de corps d'armée mais montra son incapacité à conduire une armée nombreuse. Castellane, qui avait vu tant de futurs officiers généraux passer sous ses ordres au cours de sa longue carrière écrivit à son sujet le 30 décembre 1859 : "Avec toute sa gloire, je m'étonne toujours de son peu de portée. Il a des sentiments honnêtes et nobles ; dans le monde, il est fort timide, ce qui vient peut-être de ce qu'il est embarassé pour la discussion. Nous sommes très bien ensemble." Le 22 octobre 1860, il poursuivit ainsi : "...Le maréchal de Mac Mahon, brillant soldat, élevé à l'écolde d'Afrique, ne voit que la guerre de tirailleurs et se soucie peu de la solide instruction militaire et des évolutions de ligne." Castellane analysait intelligemment les carences qui, dix ans plus tard, allaient conduire Mac Mahon à l'échec à Wissembourg, Woerth et Sedan