Jean-François Millet débute sa carrière en Normandie comme portraitiste et peintre de légères scènes bucoliques. Son style et les sujets qu’il aborde changent à son arrivée à Paris en 1845 : il se découvre pour Poussin, Michel-Ange et Delacroix une admiration nouvelle, qui se manifeste par des formes plus sculpturales et héroïques.
Il peint en 1848, année de la révolution qui donne naissance à la Seconde République, une figure monumentale de paysan, Le Vanneur. De 1849 à 1860, son œuvre se concentre sur des thèmes rustiques, portées par un idéal social. Il s’installe alors définitivement à Barbizon, parmi une communauté de peintres.
Ses toiles comme Le Semeur (1850), Le Repos des moissonneurs (1853), Les Glaneuses (1857) ou L’Angélus (1859), lui valent la notoriété. Selon la critique, son rôle est décisif : le paysan serait le symbole de 1848 et de la misère des campagnes désertées. Millet est associé à Gustave Courbetdans l’élaboration d’un nouveau naturalisme, mais sa démarche n’est pas réellement politique : il souhaite montrer le caractère éternel de la lutte de l’homme pour son existence, dans le bouleversement social de l’exode rural.
A partir de 1865, ces thèmes nostalgiques, adoucis par un style naturaliste classique inspiré de Poussin, rencontrent un grand succès. Les silhouettes se détachant sur les plaines de la Brie acquièrent leur monumentalité par la noble simplicité d’un archétype sculptural. Millet se tourne également vers le paysage, de plus en plus lyrique, où l’homme est en étroite communion avec la nature. Ses grands pastels aux formes synthétiques annoncent Van Gogh, et une partie des impressionnistes se réclameront par la suite de son héritage.
Citation: "Ce n'est pas tant les choses représentées qui font le beau que le besoin qu'on a eu de les représenter, et ce besoin lui-même a créé le degré de puissance avec lequel on s'en est acquitté. "