L’Anschluss est l'annexion politico-militaire de l'Autriche par l'Allemagne nazie en 1938. Le terme est opposé à l’Ausschluss, qui désigne l'exclusion de l'Autriche du Reich allemand que le royaume de Prusse allait créer en 1871.
Au traité de Saint-Germain-en-Laye de 1919, qui met fin à la puissance austro-hongroise, l'article 88 stipule expressément que l'union de l'Autriche avec l'Allemagne est interdite.
L'Allemagne et l'Autriche possèdent une langue, une culture et une histoire commune, il n'est donc pas étonnant que les mouvements politiques et sociaux qui traversent l'Allemagne après la Première Guerre mondiale trouvent un fort écho en Autriche. Le mouvement national-socialiste ne déroge pas à cette règle et cela d'autant plus que son chef, Adolf Hitler, est Autrichien.
Le 13 septembre 1931, la milice armée des chrétiens-sociaux, le Heimwehr, tente en vain de prendre le pouvoir par les armes.
Bulletin de vote du 10 avril 1938 : il est écrit : « Es-tu d'accord avec la réunification de l'Autriche avec l'Empire germanique qui fut décrétée le 13 mars 1938, et votes-tu pour le parti de notre chef Adolf Hitler ? ». Le grand cercle est marqué Oui, le plus petit Non.Après leur victoire aux élections d'avril 1932, les nazis ne recueillent pas la majorité absolue et une alliance les repousse dans l'opposition. Les nazis autrichiens se lancent dans une stratégie de tension et recourent au terrorisme. Pour mettre en échec la marée nazie qui menace la démocratie parlementaire autrichienne et souhaite une union avec l'Allemagne nazie, le Chancelier chrétien-social Engelbert Dollfuss choisit en 1933 de gouverner par décret, dissolvant le Parlement, le parti communiste, le parti national-socialiste et la puissante milice sociale-démocrate, le Schutzbund. Son régime prend peu à peu un tour fasciste avec une préférence pour Benito Mussolini. Dolfuss réprime les sociaux-démocrates qui ne veulent pas laisser la démocratie mourir, que ce soit par la main de Dolfuss ou par celle des nazis.
La dure répression de la police lors d'une insurrection à Linz, en février 1934, fait entre 1 000 et 2 000 morts : les sociaux-démocrates abandonnent le combat et choisissent l'exil.
Pendant ce temps, les nazis autrichiens se renforcent et s'organisent ; préférant un fascisme plus germanique, ils assassinent le Chancelier Dollfuss le 25 juin 1934 et exterminent son clan, mais leur coup d'État est manqué : Mussolini, qui considére à l'époque que le national-socialisme est une doctrine dangeureuse, craignant une Allemagne puissante et qui voit en Hitler rien d'autre qu'un détraqué, envoie ses blindés dans les Alpes. Hitler, pour éviter une guerre avec l'Italie, décide de ne pas envahir l'Autriche.
Le nouveau chancelier Schuschnigg négocie une trêve avec Hitler au « nid de l'aigle », à Berchtesgaden en février 1938. L'accord est clair : entrée des nazis au gouvernement et amnistie pour leurs crimes contre une non-intervention allemande dans la crise politique.
Il n'en sera rien : Schuschnigg perd le contrôle du pays, veut en dernier recours organiser un référendum pour bénéficier de la légitimité populaire : l'armée allemande entre en Autriche le 12 mars (Hitler fait une entrée triomphale dans la capitale autrichienne) et place un avocat national-socialiste Arthur Seyss-Inquart, déjà ministre de l'Intérieur, au poste de chancelier. Seule fausse note de l'opération, de nombreux chars allemands tombent en panne sur la route de Vienne.
Le 13 mars 1938, l'Allemagne annonce officiellement l'annexion de la République autrichienne en en faisant une province du Reich allemand. Le 10 avril, un référendum truqué est organisé pour avaliser l'annexion : 99% de la population approuve.
La France accepte l'annexion de l'Autriche.
L'Autriche ne regagnera sa souveraineté qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945 (après avoir été entre-temps occupée par les Alliés).