Les bulgares, habitants de l'actuelle Bulgarie, portent un nom hérité de peuples des steppes aujourd'hui désignés sous le nom de proto-bulgares. Ils entrent dans l’Histoire dans l’Antiquité tardive, avec d'autres peuples migrateurs, en s'établissant entre le Danube et les monts Hemus, sur le territoire d'un Empire romain d’Orient déjà affaibli par d'autres invasions, vers la fin du VIe siècle de l'ère chrétienne. Affranchis dans les années 630 ils créent alors la Vieille Grande Bulgarie (Η παλαιά μεγάλη Βουλγαρία en chroniques bizantines) sous le khan Koubrat.
Les proto-Bulgares
Les proto-bulgares migrent des steppes du nord du Caucase et de la mer d'Azov. Plusieurs théories difficiles à départager ont été proposées sur leurs origines. La plus courante les rattache sur le plan ethno-linguistique aux peuples turcs. Ils auraient fait partie de l'empire des Turqütes et étaient peut-être proches des Khazars. Des théories plus incertaines les rattachent soit aux Huns, soit aux Kouchan du temps de leur empire installé en Bactriane.
Les proto-bulgares sont supposés avoir établi un Empire éphémère sur les rives de la mer Caspienne. Celui-ci s'est désagrégé rapidement, semble-t-il en raison de la poussée des Khazars puis des Huns. Les Bulgares se dispersent alors en Europe centrale. Ainsi, à partir de cette « Grande Bulgarie » des origines, par vagues de migration, se constituèrent des peuplements bulgares plus ou moins éphémères :
sur la haute Volga (plaine de l'Oka),
dans l'actuelle Macédoine (après qu'une partie des Bulgares ait suivi le khan des Avars dans l'actuelle plaine hongroise)
et enfin, dans la plaine au sud du Danube (dans l'actuelle Bulgarie).
Les Bulgares du Danube
Dans la plaine du sud du Danube, là où des proto-slaves avaient pu entrer à la faveur d'invasions des Avars au VIe siècle, les Bulgares fondent un premier royaume au VIIe siècle, sous le règne du khan Asparoukh ou Asparouch. Celui-ci fait reconnaître son autorité aux Slaves, bien plus nombreux, en échange de son concours contre l'Empereur Constantin IV. Après sa victoire, en 681, Asparoukh se trouve donc à la tête des tribus proto-slaves.
À l'origine, l'aristocratie guerrière bulgare régne en s'appuyant sur les chefs (knias) de ces dernières et met en place les structures d'un pouvoir central dont on ignore à peu près tout. Cependant, les Bulgares du Danube finissent par être assimilés aux Slaves sur le plan culturel.
La fusion complète entre les deux éléments ethniques est notamment le fruit de la conversion de ce premier royaume bulgare au Christianisme, au IXe siècle, à l'instigation de Boris Ier (852–888).
Ainsi, si la Bulgarie et les Bulgares actuels doivent leur nom à ce peuple, la langue bulgare actuelle, une langue slave, ne conserve que quelques mots provenant de la langue des premiers khans bulgares.
Les Bulgares de la Volga
Paradoxalement, l'histoire des Bulgares de la haute Volga, bien qu'ils aient probablement continué durant plusieurs siècles à constituer un peuplement dominant, est peu connue.
Réunis sous l'autorité d'un tsar, ils constituent un second empire bulgare : le khanat bulgare de la Volga, dans l'actuelle république autonome du Tatarstan. Ils se dotent d'une capitale, nommée Bolgar ou Bulgar et ont un « État » indépendant jusqu'en 1236–1238, date à laquelle leur capitale est détruite par la horde d'Or.
Jusqu'à cette date, les Bulgares de la Volga demeurent unis, sans doute mêlés à des populations slaves et finno-ougriennes. Il ont des contacts avec d'autres tribus turques et avec le califat omeyyade. Certains d'entre-eux pouvaient alors être chrétiens, musulmans ou païens.
Néanmoins, en 922, leur tsar Almuch ou Almos se convertit à l'islam et prend le nom de Jaffar. À cette occasion, une ambassade arabe a lieu : l'un de ses membres, Ahmad Ibn Fadlan, a laissé dans son récit Voyage chez les Bulgares de la Volga le seul témoignage écrit sur les Bulgares de la Volga.
Devenus ceux qui contrôlaient cet axe de commerce nord-sud et entre l'orient et l'occident, les Bulgares paraissent alors être devenus de riches commerçants.
En 969 ils se heurtent aux Russes : le prince Svyatoslav met à sac leur capitale. Enfin, au XIIIe siècle, ils sont probablement intégrés au Khanat de la Horde d'Or : aucune trace postérieure de leur empire ne subsiste.