Evgeny Mravinsky

Evgeny Aleksandrovitch Mravinsky (en russe : Евгений Александрович Мравинский) est un chef d'orchestre russe, né le 4 juin 1903 et mort le 19 janvier 1988.

Il apprend le piano à l'âge de six ans et étudie ensuite la composition et la direction d'orchestre au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, notamment auprès d'Alexandre Gaouk. Ses débuts se font dans les fosses d'opéras et il assume des postes de répétiteur. En 1938, il remporte le Concours de direction d'orchestre d'Union Soviétique, ce qui lui vaut de prendre en main les destinées de l'Orchestre philharmonique de Leningrad, formation dont il sera le directeur musical jusqu'à sa mort, en 1988, et dont il fit une des meilleures formations symphoniques du monde. Il se lie d'amitié avec Dmitri Chostakovitch, amitié que la situation politique entamera petit à petit.

Exigeant et sévère, Mravinski n'était pas moins un chef d'une précision redoutable, précision qui se ressentait dans toutes ses interprétations de musique russe : Chostakovitch (il créa ses cinquième, sixième, huitième, neuvième et dixième symphonies, et l'oratorio Le Chant des forêts), Stravinski (Agon, Apollon musagète), ainsi que chez Beethoven, Wagner et Sibelius. Comme Karel Ančerl, il a su imposer les classiques du XXe siècle, comme Bartók, Hindemith et Honegger. Il s'est révélé également comme l'un des plus grands interprètes de Tchaïkovski, livrant des interprétations fulgurantes (quatrième et cinquième symphonies et Francesca da Rimini...) qui sont aujourd'hui encore des références solides.

Je cite un extrait de l'express sur Mravinsky

"Herbert von Karajan avait une formule peu modeste, mais efficace, pour résumer sa vision de la vie musicale: «C'est simple: il y a Mravinski et moi.» Aujourd'hui, alors que paraît, en une série de coffrets, une Edition Mravinski, on mesure à quel point il avait raison d'admirer le grand chef d'orchestre soviétique. Dans les années 1960, Mravinski et la Philharmonie de Leningrad, dont il était le chef à vie, avaient eu la possibilité de donner quelques concerts en Europe et d'enregistrer pour Deutsche Grammophon. Le choc fut immense: la discipline et la virtuosité orchestrale de la phalange russe n'avaient pas d'équivalent.

En 2006, l'écoute est toujours aussi stupéfiante. Personne n'a plus jamais joué ainsi de la musique. Valery Gergiev, l'actuel chef du théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg, a gardé trace des concerts de son aîné: «C'est le plus grand souvenir musical de ma vie. Aujourd'hui, j'entends encore la précision du moindre accent, le respect incroyable de la partition, cette tension unique insufflée par Mravinski, et la sonorité puissante de son orchestre.»

Le résultat est encore plus saisissant quand on sait qu'il n'existait presque pas de tradition symphonique en Russie. En fait, aucun orchestre au monde ne fonctionnait comme celui de Leningrad au temps de Mravinski. En prenant les rênes de cette phalange en 1938 - il les tiendra jusqu'en 1988 - le chef avait obtenu du gouvernement soviétique la possibilité de répéter comme il l'entendait. Les heures ne comptaient pas. Une centaine furent nécessaires pour la création de la 8e Symphonie de Chostakovitch, en 1943, quand les orchestres occidentaux en obtenaient, au mieux, dix. «Quand je suis arrivé à Leningrad, pour des concerts avec le Philharmonique, témoigne le chef Guennadi Rojdestvenski, Mravinski était toujours présent. Il ne dirigeait pas seulement ses propres concerts, mais la vie entière de l'orchestre. Ce genre de figure n'existe plus. Pour cette raison, Mravinski est devenu un mythe.»

L'art et la propagande
Pour le comprendre, il faut aussi se souvenir de l'époque terrible durant laquelle Mravinski a exercé son art. «A Leningrad et à Moscou, note Kurt Sanderling, l'un de ses anciens assistants, l'élite intellectuelle, artistique ou scientifique se retrouvait au concert. C'est quelque chose que je n'ai retrouvé nulle part ailleurs. L'art avait non seulement une valeur politique, comme un moyen de propagande, mais faisait naître une sorte de communion entre le public et les musiciens.»

A Moscou, deux chefs tentèrent de concurrencer Mravinski: Evgeni Svetlanov, chef permanent de l'Orchestre symphonique d'Etat de l'URSS (de 1965 à 2000), et Kirill Kondrachine, à la tête de la Philharmonie de Moscou (de 1960 à 1976). Dans leurs disques, qui viennent d'être également réédités, on retrouve ces sonorités acérées, dues en partie à la facture des instruments soviétiques - cordes rugueuses, cuivres tonitruants. La puissance phénoménale de leurs interprétations, qui frisent souvent la démesure, illustre un moment de l'Histoire où il fallait jouer, selon l'expression de Svetlanov, «comme si sa vie en dépendait»."

En fait je réalise dans les commentaires sur le son des orchestres russes, qu'il y a un parrallèlle avec aussi les voix slaves..mais là je pense que c'est physiologique!

dans ce superbe dvd on découvre un visage totalement autre de Mravinsky. Moi qui le prenait pour un vulgaire valet du stalinisme je suis tomber de haut. Il était un fils d'aristocrate déchu à la révolution. La musique fut pour lui un échappatoire, un moyen de s'élever. Il ne se voyait pas comme un musicien dans le sang. C'était tout sauf un communiste, il haïssait ce régime, il était certes un homme de pouvoir, un tyran, mais au service de la musique. Il tremblait avant d'aller sur scène, pleurait à l'idée même que son orchestre rate une exécution.
Courageux il l'était, il dirigea et créa contre vent et marée la 5ème et la 8ème de son ami Chostakovitch qui furent soumises à la censure.
C'etait aussi un grand croyant, cacher bien sur, un mystique, un homme eprit de nature, poesie. Un homme comme un autre avec ses defauts et ses qualités d'humain, loin de l'image de coeur de pierre que je pouvais en avoir.

ah bien voila qui me fait plaisir ...j'etais étonné de le voir en suppo du régime!

Moi aussi tu vois, j'adore changer d'avis sur un homme que je n'aimais pas au depart pour ensuite l'apprecier.

oui c'est plus gratifiant dans ce sens là!!

oui car j'ai dejà connus l'inverse et c'est moins drole