L'empereur" du cinéma japonais (c'est son surnom) est né un 23 mars 1910 à Omori, quartier de Tokyo. Son père, militaire issu d'une longue lignée de samouraïs, va appliquer à sa famille des «principes d'éducation terriblement spartiates».
Akira Kurosawa est loin d'être un brillant élève, mais un de ses professeurs saura développer une passion et un talent précoce chez lui : la peinture (ce qui explique sûrement l'aspect souvent très pictural des films de Kurosawa, qui effectuera lui-même les story-boards de ses films.)
Son père, fervent admirateur de cinéma, va lui faire découvrir cet art, mais c'est son frère, Heigo, qui va lui permettre de se forger une immense culture cinématographique. Celui-ci est en effet « benshi » (commentateur de films muets) et va faire entrer le jeune Akira dans les salles où il travaille : c'est la période cinéphage de Kurosawa, qui confessera plus tard : « je suis surpris moi-même du nombre de films que j'ai vu à cette époque, et qui ont marqué l'histoire du cinéma ».
A 18 ans, il choisit de ne pas entrer à l'Ecole des Beaux-Arts, par refus de l'académisme. C'est l'époque des «années d'université libre», qu'il passe à lire, aller au cinéma… En 1929, il s'inscrit à la Ligue des artistes prolétaires, puis s'engage dans des actions plus militantes, souvent à la limite de la légalité. Au bout de deux ans, son «accès de gauchisme» prend fin, Akira étant peu convaincu par ces combats.
Il continue d'étudier la peinture et gagne sa vie en illustrant des romans d'amour et des livres de cuisine, mais ne parvient pas à acquérir cette « vision personnelle des choses » indispensable à l'artiste-peintre.
En 1935, il voit une annonce dans la presse : des studios de cinéma sont à la recherche d'assistants-réalisateurs. Après un entretien, il entre aux studios Photo Chemical Laboratory (PCL), où il effectue ses classes de futur réalisateur auprès de Kajiro Yamamoto, en apprenant sur le terrain le fonctionnement d'un plateau, la manière de gérer les individualités...
Kurosawa se sépare de son maître en 1941, et propose ses scénarios à des producteurs, qui les acceptent, mais les font réaliser par d'autres. Il se heurte de plus à la censure qui cherche désespérément à déceler et à interdire tout ce qui, de près ou de loin, à l'air «anglo-américain». Pour déjouer la censure, il choisit d'adapter un livre paru en 1943, une biographie de Sugata Sanshiro, champion de judo de la fin du XIX° siècle. Ce sujet semble en effet à même de passer à travers les mailles des censeurs (le judo est une gloire nationale) et de plaire au public par son optimisme. Si le film subit quand même des coupes (voir la fiche de La légende du grand judo), c'est un énorme succès au Japon. La TOHO (maison de production) demande au jeune réalisateur une suite. C'est le début d'une carrière qui n'était pas prête de s'arrêter.
Akira Kurosawa enchaîne alors les films, soit d'époque (Sugata Sanshiro II), soit dans une veine beaucoup plus réaliste, un aspect peu connu de sa filmographie, alors que l'on compte quelques chefs-d'oeuvres (Chien enragé, L'ange ivre...). C'est d'ailleurs dans L'ange ivre que débute un duo qui va durer 17 ans entre un réalisateur et son acteur fétiche : Toshiro Mifune.
Il se fait connaître du public occidental par un film magistral sur l'aspect subjectif de la vérité et sur le mensonge : Rashomon, qui obtient le Lion d'Or à Venise en 1951, alors que son réalisateur ne savait même pas que son film y était présenté, et que les producteurs s'y étaient opposés. Le film enchaîne quelques mois plus tard par l'Oscar du meilleur film étranger. L'occident découvre non seulement Kurosawa, mais le cinéma japonais tout court.
C'est alors l'enchaînement des succès : L'idiot, Les sept samouraïs (qui fera l'objet d'un remake beaucoup moins puissant, « Les sept mercenaires », de John Sturges), Le château de l'araignée, Yojimbo (qui sera repris par Sergio Leone dans « Pour une poignée de dollars »), Sanjuro, Barberousse...
Le réalisateur souhaite alors se tourner vers le cinéma américain, mais tous ses projets échouent et l'échec de Dodes'Kaden (son premier film en couleurs) en 1970 entraînent le réalisateur dans une profonde dépression qui l'amènera jusqu'à la tentative de suicide. Après ce que le réalisateur appelle lui-même un « incident de parcours », il se montrera beaucoup moins prolifique dans sa production. C'est seulement en 1975 qu'il réalise son film suivant : Dersou Ouzala, tourné en U.R.S.S. Il renoue alors avec le succès, avec un nouvel oscar à la clé. S'enchaînent alors une nouvelle série de succès : des films en costumes : Kagemusha, Ran ; mais aussi des films contemporains : Rêves (film entièrement composé de rêves), Rhapsodie en août (avec Richard Gere) et son dernier film, datant de 1993 : Madadayo (le Maître).
Akira Kurosawa s'éteint à l'âge de 88 ans, le 6 septembre 1998, à Tokyo.