Heinrich Schütz (1585 1672)

Musique chorale sacrée de 1648 (Geistliche Chormusik 1648) dir. Rudolf Mauersberger enregistré en 1962. Ici le chant est tenu par une chorale d’enfants alors que Manfred Cordes la tête de la Weser-Renaissance Bremen a un chœur d’hommes. Ça change du tout au tout le chant et l'atmosphère. Quant à la technique, je préfère Mauersberger, quant au chant, je préfère Cordes...

Passion selon saint Jean ; Psaumes de David – dir. Martin Flämig (Berlin Classics 1998, enregistré entre 1972 et 1975), Peter Schreier en évangéliste. Comme la Passion selon saint Marc, il n’y a pas d’accompagnement instrumental. Tout réside dans les voix : celle de Peter Schreier fait merveille, les chœurs sont clairs, fort bien enregistrés. Une grande partie de l’émotion qu’on peut ressentir vient du texte chanté : je ne sais pas trop si j’apprécierais tant sans comprendre le texte ni si je devais je suivre patiemment sur le livret. Options à l’ancienne, chœur d’enfants.

La pochette est un détail d'un tableau d'Albrecht Dürer.

je suppose que ces deux passions (St Luc et St jean) sont très voisines comme ambiance?...avec en plus les mêmes interprètes...? En recommanderais tu une plutot que l'autre?

Les deux fois le Dresdner Kreuzchor - chœur de la Croix (ou sainte Croix) de Dresde - et Peter Schreier. Une fois c'est Rudolf Mauersberger qui dirige, l'autre Martin Flämig. Les autres interprètes sont différents. La Saint Jean est plus courte : pour atteindre un disque qui dure à peu près autant, il faut quatre Psaumes de David.
Sinon, l'atmosphère et le style sont comparables. La technique est bonne dans les deux cas.

Obsèques musicales (Musikalische Exequien), Sept paroles du Christ sur la croix, dir. Rudolf Mauersberger (Berlin Classics).
Je n’en suis qu’au début, mais voici un très beau disque. Le début du SWV 279 est saisissant, je suis aussitôt projeté dans une ferveur prenante – cela me met dans les meilleures dispositions pour la suite !

J’ai aussi écouté les Musikalische Exequien dans les versions de Philippe Herreweghe et de Françoise Lasserre : je les trouve bien sages à côté de Mauersberger. Les voix y ont une présence, les passages aux voix d’enfants donnent une impression de fragilité fort à propos. Je dirais que Herreweghe et Lasserre sont de parfaites versions de concert, Mauersberger donne un version vivante.

Mes quatre Histoires de la résurrection (Historia der Auferstehung Jesu Christi) : Akadêmia de Françoise Lasserrre, Concerto vocale de René Jacobs, Ricercar consort de Philippe Pierlot et le petit dernier, la Chapelle rhénane de Benoît Haller, qui propose en outre les Obsèques en musique (Musikalische Exequien).
La Chapelle rhénane a reçu tant de louanges que je m’attendais sans doute à quelque chose de renversant. Rien de cela. Alors je prévois d’écouter les quatre pour en tirer quelques conclusions.

J’ai comparé le début. Tout d’abord, cette œuvre de Schütz me semble beaucoup dépendre de l’Evangéliste. J’aime Martin Hummel chez Jacobs, mais je n’aime pas la prise de son un peu nébuleuse. J’aime aussi Mark Padmore chez Pierlot. J’aime par-dessus tout Jan van Elsacker chez Lasserre (on commence à savoir ici que je ne résiste pas à sa voix) d’autant que la prise de son rend le soliste très net. Bernard Haller en Evangéliste n’a rien d’exceptionnel, et c’est fort dommage. Certes les instrumentistes sont beaux, c’est ce qui a fait le succès de cette version. Mais comme j’entends surtout cette Résurrection à travers l’Evangéliste, la Chapelle rhénane ne me convainc qu’à moitié.
J’ai déjà parlé des Obsèques en musique. Là aussi, les instrumentistes donnent beaucoup. C’est une tout autre atmosphère que Mauersberger dont j’ai dit l’autre jour beaucoup de bien.

Passion selon saint Matthieu, la première par Martin Flämig et la voix de Peter Schreier (Berlin Classics 1998), la deuxième par Françoise Lasserre et la voix de Jan van Elsacker (Zig Zag 2006)
Plus que jamais, ce sont les voix qui donnent le ton. Flämig c’est une version austère, toute de déclamation grave. Lasserre, c’est une version toute en émotion, toute en voix qui vibrent de ce qu’elles exposent. La différence est telle qu’on en vient à douter qu’il s’agit de la même œuvre. L’une demande que l’auditeur fasse un effort pour participer, l’autre cueille l’auditeur pour l’emporter dans la Passion. On ne peut pas imaginer d’interprétations plus contradictoires !

Les Psaumes de David. Psaume 98, SWV 35 : Singet dem Herrn ein neues Lied, denn er tut Wunder (Chantez au Seigneur un chant nouveau parce qu’il fait des merveilles)
Mauersberger – Chœur d’enfants, les voix se différencient nettement, certaines à l’avant, d’autres à l’arrière. Il y a un rythme fort que l’auditeur ne peut guère manquer. Il est invité dans des vagues de chant.
Bernius – Pas de chœur d’enfants, les voix se différencient moins nettement, il faut une attention plus soutenue. On sent le rythme, sans doute d’autant mieux qu’on a en tête Mauersberger.
Junghänel – C’est un peu comme Bernius, mais je trouve que les voix ne s’étagent vraiment pas assez. Pour un peu, on entendrait un chant plat. L’auditeur est à mon avis trop peu guidé dans ce qu’il entend.
Mauersberger, c’est une évidence qu’on pourrait même tenir pour trop marquée. Bernius est toujours évident même si on doit participer plus que chez Mauersberger. Junghänel ne me paraît pas assez évident : il est beau du moment qu’on l’écoute avec beaucoup de bienveillance. Mauersberger et même Bernius guident vers le rythme, Junghänel suppose qu’on le connaît déjà.

Petits concerts spirituels par Wilhelm Ehmann (vol. 2, 1965) chez Cantate. Quand on connait tout ce qu’on a fait pour chanter Schütz depuis, c’est un peu surprenant. C’est une interprétation probe, claire ; je connais cependant trop le relief que certains ont donné depuis pour en être emballé. Les passions interprétées par Mauersberger par exemple sont elles aussi anciennes mais il s’en dégage quelque chose de fort.

Enfin une oeuvre de Schütz que j'apprécie vraiment (outre les Symphoniae Sacrae) : je viens d'écouter le Schwanengesang dans la version Herreweghe, et là j'avoue être séduit par cette musique. Il s'agit des numéro 482 à 494 du catalogue SWV, et qui se compose de 11 motets (ou éléments d'un seul psaume ?) plus les psaumes 119, 100 et le Deutsche Magnificat.

Je n'ai pas le livret du CD, alors qui peut m'expliquer si c'est réellement la dernière oeuvre de Schütz (d'où son titre) ou bien s'il s'agit d'une compilation de motets retrouvés après coup ?

Tiens une oeuvre que je n'ai pas!...Jean Michel pourra sans doute te répondre?

J'ai parlé des différences entre trois versions un peu plus haut.
C'est une authentique œuvre de Schütz. Il avait choisi le psaume 119 pour lui servir d’oraison funèbre et demanda à Christoph Bernhard de le mettre en musique. Il s’y mit finalement lui-même et composa une œuvre à double chœur qui était plutôt tournée vers le passé que vers l’innovation. On appela ensuite cette dernière composition (avec le Magnificat) Opus ultimum ou de façon plus imagée le Chant du cygne. Il y a une pensée théologique, celle de Schütz à la fin de sa vie : le cycle est d’abord une éloge de la loi divine, puis une louange du Créateur et de sa création en enfin un hymne à la révélation.

Les Psaumes de David par Frieder Bernius qui dirige le Kammerchor Stuttgart et Roland Wilson sa Musica Fiata Köln (Sony 1992) sont beaux, un chant qui coule naturellement et même si quelques voix ne sont pas à mon goût, elles participent si bien à un ensemble que je reste porté par la musique - une œuvre de Schütz jeune.

j'ai aussi ce beau Schütz

Magnificat d'Uppsla : ces pièces sont vraiment très bien rendues. Un chant qui soulève son auditeur. C'est non seulement bien chanté mais enregistré à merveille. Bien autre chose que le Stöltzel que j'ai écouté tout à l'heure où les scories empêchent de jouir entièrement de ma musique.

Tiens je ne connais pas. Ce Magnificat d'Uppsala, c'est peut-être une oeuvre retrouvée ? Quel en est le n° SWV ? Car au vu du catalogue, il n'y aurait que le n° 468 (en latin), le 494 (en allemand, qui fait partie du chant du cygne), le 344 (celui des sinfonias sacrae) et le 426 (des Geistliche Gesänge).

Programme (il n'y a que le premier dont on ne donne pas le numéro, le Magnificat est le dernier de la liste, le bien connu SWV 468 ; c'est un programme éclectique à la manière des Vêpres de la Vierge de Monteverdi)

1 Herr, der du bist vormals genädig gewest 13’03
pour cinq voix, deux dessus, trois saqueboutes et basse continue
2 Ich hebe meine Augen auf zu den Bergen 5’31 pour haute-contre, ténor et basse, deux dessus, trois violes de gambe et basse continue
SWV 399, Symphoniæ Sacræ III (1650)
3 O misericordissime Jesu 5’10 pour soprano et basse continue.
SWV 309, Petits Concerts Spirituels II (1639)
4 Hütet euch, daß eure Herzen nicht beschweret werden 6’37
pour six voix, deux cornets à bouquin et basse continue
SWV 413, Symphoniæ Sacræ III
5 Erbarm dich mein, o Herre Gott 4’50
pour ténor, cornet, trois saqueboutes et basse continue
SWV 447
6 Herr, wie lang willst du mein so gar vergessen 7’01
pour six voix, deux dessus, quatre violes de gambe et basse continue
SWV 416, Symphoniæ Sacræ III
7 O Jesu, nomen dulce 3’45 pour ténor et basse continue. SWV 308, Petits Concerts Spirituels II
8 Wo der Herr nicht das Haus bauet 8’19
pour deux soprano, basse, deux dessus, trois saqueboutes et basse continue
SWV 400, Symphoniæ Sacræ III
9 O bone, o dulcis, o benigne Jesu 3’30
pour quatre voix et basse continue. SWV 53, Cantiones Sacræ (1625)
10 Magnificat 11’38
pour deux dessus, trois saqueboutes, quatre voix et basse continue
SWV 468, Manuscrit d’Uppsala (1665)

L’Histoire de la Résurrection, ici rebaptisé Oratorio de Pâques, par Frieder Bernius (Sony)

avec Christoph Pregardien évangeliste?

Je ne l'ai pas (encore), je me demande si je vais me décider. Je ne crois pas qu'il y ait Prégardien... mais David Cordier, Andrea Egeler, Thomas Herberich, William Kendall, Monika Frimmer

Verification faite sur JPC c'est bien Prégardien l'évangéliste: ...dommage que la version eco ne reprenne que "la Résurection" alors que l'original comporte aussi L'histoire de la Nativité!

Passion selon Saint Luc - Ars Nova Copenhagen, dir. Paul Hillier (Dacapo 2009)
Mauersberger a un très bel Evangéliste, Peter Schreier. J’y aime moins les chœurs d’enfants. Ici, il manque juste un Evangéliste aussi rayonnant que Peter Schreier.
L'image est un saint Luc par Karl Schmidt-Rottluff (1912) : l'expressionnisme de l'image ne compense pas celui de Schreier !

connais tu ces Schutz, Jean Michel?...(pasion st Luk, St Matthieu, st Jean , Histoire de la Résurection, et 7 dernières paroles du Christ

détail:http://www.jpc.de/jpcng/classic/detail/-/art/Heinrich-Sch%FCtz-Heinrich-Sch%FCtz-Edition-Vol-3/hnum/1599936

je l'ai trouvé soldé et me suis laissé tenté