Hugues Dufourt

Hugues Dufourt

Compositeur, musicologue et philosophe né à Lyon en 1943. Il étudie le piano à Genève auprès de Louis Hiltbrand, puis la composition auprès de Jacques Guyonnet avec lequel il collabore au Studio de Musique Contemporaine de Genève. Il est responsable de la programmation musicale au Théâtre de la Cité à Villeurbanne (1968) tout en enseignant la philosophie à l’Université de Lyon. Il fonde en 1977 avec Alain Bancquart et Tristan Murail le Collectif de Recherche Instrumentale et de Synthèse Sonore (Criss).
Chercheur au CNRS depuis 1985, Hugues Dufourt crée en 1982 le Centre d’Information et de Documentation / Recherche Musicale (CID-RM), qu'il dirige jusqu'en 1995. Il préside l’Ensemble Forum (1985-1989) et fonde le Séminaire d’histoire sociale de la musique (1984). Il a écrit de nombreux articles dont certains ont été réunis sous le titre : Musique, pouvoir, écriture (Christian Bourgois 1991).

Œuvres
Brisants, pour piano et ensemble (1968)
Erewhon, pour 6 percussionnistes et 150 instruments (1972-1976)
La Tempête, d’après Giorgione pour ensemble (1976-1977)
Antiphysis, pour flûte et orchestre de chambre (1978)
Saturne, pour 24 musiciens (1979)
Surgir, pour orchestre (1980-1984)
La mort de Procris, pour 12 voix mixtes a capella (1985)
Hommage à Charles Nègre, pour 6 musiciens (1986)
L’Heure des Traces, pour orchestre de chambre (1986)
Lucifer d’après Pollock, pour orchestre (1992-1993)
An Schwager Kronos, pour piano (1995)
Dédale, opéra (1995)
L'Espace aux Ombres, pour 16 musiciens (1996)
La maison du Sourd, pour flûte et orchestre (1996-1997)
La Cité des saules, pour guitare électrique (1997)
Les Hivers : Le Déluge d’après Poussin (2001), Le Philosophe selon Rembrandt (1992), Les Chasseurs dans la neige d’après Brueghel (2001), La Gondole sur la lagune d'après Guardi (2001), pour orchestre
Le Cyprès blanc, pour violon et grand orchestre (2003-2004)
L'Afrique d'après Tiepolo, pour piano et ensemble (2005)
La ligne gravissant la chute - Hommage à Chopin, pour piano seul (2008)

Les Hivers, Ensemble Modern, dir. Dominique My (Æon 2002)

Saturne, dir. Peter Eötvös) - Surgir dir. Claude Bardon (Accord rééd. 1993 sqq.)

Erewhon, Percussions de Strasbourg dir. Lorraine Vaillancourt (Accord 2000)

Entretien avec le compositeur à propos de « Hivers » : lien

Les Hivers, c’est l’œuvre que j’ai découvert en dernier, c’est aussi celle qui m’a le plus immédiatement impressionné : un rythme changeant qui me rappelle nettement à certains moments Morton Feldman.

ça me semble encore plus complexe que Feldman et surtout très différent sur le plan de l'esthétique, les origines de la musique de Dufourt sont nettement plus spectrales que le minimalisme et le dépouillement de Feldman. En fait Dufourt me semble plus proche d'un Grisey.

J'aime beaucoup Hugues Dufourt après avoir longtemps considéré sa production avec indifférence. Nous sommes ici dans le mouvement "spectral" incarné, entre autres, par Tristan Murail. Mais pas "minimaliste" ainsi que tu sembles le suggérer, kfigaro. Je viens d'acheter une parution très récente de 2 oeuvres orchestrales de Dufourt : "Le Cyprès Blanc" pour violon alto et orchestre et "Surgir", cette dernière étant d'ailleurs assez emblématique dans le catalogue du compositeur.
Le CD est de Timpani Records, label datant des années 90 qui semble s'être spécialisé dans la musique contemporaine avec un somptueux Orchestre philharmonique du Luxembourg dirigé par Arturo Tamayo. Rappelons, à ce sujet, que l'on doit à Timpani une excellente intégrale des oeuvres orchestrales de Xenakis dont le volume 5 est en cours de parution (j'aurai l'occasion d'en reparler.)
Toujours est-il que ce CD révèle à quel point Dufourt sait manier les couleurs orchestrales, le tout dans un style personnel qui le classe parmi les grands...

Jean-Michel a écrit:

Les Hivers, c’est l’œuvre que j’ai découvert en dernier, c’est aussi celle qui m’a le plus immédiatement impressionné : un rythme changeant qui me rappelle nettement à certains moments Morton Feldman.

Nous sommes vraiment différents dans nos goûts. Il y a quelques années, j'avais reçu en cadeau de concours à la radio ce superbe coffret de 4 CD "Les Hivers" de Hugues Dufourt. Superbe est bien le mot pour le coffret en lui même, avec de belles illustrations, et les CD colorés.

Mais la musique Je n'ai pas pu aller jusqu'au bout tant ça m'a paru horrible.

J'ai revendu le coffret sur Priceminister

Bien évidemment, si j'avais connu l'engouement de certains d'entre vous pour ce genre de musique, je me serais fait un plaisir de vous l'offrir.

Zeloub a écrit:

Mais pas "minimaliste" ainsi que tu sembles le suggérer, kfigaro.

relis moi !! je parle de Feldman (plus minimal à mon avis) que j'oppose justement à Dufourt ! on s'est mal compris...

kfigaro a écrit:

Zeloub a écrit:

Mais pas "minimaliste" ainsi que tu sembles le suggérer, kfigaro.

relis moi !! je parle de Feldman (plus minimal à mon avis) que j'oppose justement à Dufourt ! on s'est mal compris...

Oui, en effet. Toutes mes excuses pour cette lecture trop rapide ! C'est vrai que Dufourt paraît assez proche du regretté Gérard Grisez, tout au moins dans ces oeuvres orchestrales.

joachim a écrit:

Jean-Michel a écrit:

Les Hivers, c’est l’œuvre que j’ai découvert en dernier, c’est aussi celle qui m’a le plus immédiatement impressionné : un rythme changeant qui me rappelle nettement à certains moments Morton Feldman.

Nous sommes vraiment différents dans nos goûts. Il y a quelques années, j'avais reçu en cadeau de concours à la radio ce superbe coffret de 4 CD "Les Hivers" de Hugues Dufourt. Superbe est bien le mot pour le coffret en lui même, avec de belles illustrations, et les CD colorés.

Mais la musique Je n'ai pas pu aller jusqu'au bout tant ça m'a paru horrible.

J'ai revendu le coffret sur Priceminister

Bien évidemment, si j'avais connu l'engouement de certains d'entre vous pour ce genre de musique, je me serais fait un plaisir de vous l'offrir.

Moi, je comprends que cette musique puisse ne pas plaire. C'est normal, au fond. Quant à prétendre que c'est de la "m... intello" comme je l'ai vu écrit ailleurs (pas dans ce forum, je précise), c'est aller un peu fort en besogne. Mais, au moins, je sais que ce n'est pas ton cas...

Où as-tu lu ça ? (que c'était de la m... intello, je veux dire)

Promis c'est pas moi qui est ecrit ca lol

kfigaro a écrit:

Où as-tu lu ça ? (que c'était de la m... intello, je veux dire)

Je ne souhaite pas être plus précis car, en l'occurrence, l'administrateur a viré l'auteur de cette amabilité dès le lendemain. Même si, depuis lors, je me suis éloigné de ce forum, il serait injuste que je lui impute implicitement (c'est-à-dire en le nommant) la responsabilité de ce propos. Cependant, les choses seront peut-être plus claires si je précise que ce n'était ni un forum de musique classique, ni un forum de musique brésilienne...

OK j'ai compris, je te contacte en privé ! sinon tu sais : pour les forums de musiques brésiliennes, ils se comptent sur la moitié des doigts d'une main et si tu comptes uniquement les forums vraiment actifs, tu n'obtiens plus que le mien (et ce dans le monde entier !)...

kfigaro a écrit:

ça me semble encore plus complexe que Feldman et surtout très différent sur le plan de l'esthétique (...)

Pour ne parler que de l'impression que me donne la musique, tout à fait d'accord.
Juste avant d'écrire cela, j'avais successivement écouté Flute and orchestra de Feldman et une des pièces des Hivers (la 2° je crois). Une parenté m’a frappée, même si dans la durée l’effet est différent.

Je vais tenter Hivers ce soir, on verra si ca passe à mes oreilles mais en tout cas l'objet est sublime.

On est curieux de savoir !
Toutes les parties ne se ressemblent pas.

Oui j'en suis à la premiere.

Interessante premiere partie, je vais entamer le 2ème cd.

Et tu tiens le coup ? Moi j'ai abandonné au 2ème CD, et je n'ai pas pu me résoudre à écouter les deux derniers

j'y vais en douceur... ton experience m'a montrée la voie donc je suis prudent

Quelles sont finalement tes impressions sur ces Hivers ?

plutot bonnes ! ca me fait regarder de plus pres du coté de Pecou et Tristan Murail.

Commence plutôt par Thierry Pécou !
Le Murail le plus « parlant » que je connaisse, c’est Winter fragments.

Ca me tente vous connaissez ?

Ah, je viens de le réemprunter cet après-midi et de l'écouter aussitôt. Deux pièces : Le Cyprès blanc (2004) que j'aime beaucoup et une plus ancienne Surgir (1984) plus tourmentée. Si les Hivers ont grâce à tes oreilles, le Cyprès aussi.

- Fabrice Jünger (flûte), Ancuza Aprodu (piano), Ensemble Orchestral Contemporain dir. Daniel Kawka (Sismal 2009)

L'Origine du Monde, pour piano et 14 instruments
Hommage à Charles Nègre, pour sextuor
The Watery Star, pour huit instruments
Antiphysis, pour flûte et orchestre

Je retrouve à a première écoute ce qui fait la musique même de Hugues Dufourt : un art de la résonance dont je pense qu’il se déploie plus à mesure qu’on l’écoute.