Arthur Honegger(Le Havre 1892 - Paris 1955)
Compositeur suisse, il étudie au Conservatoire de Zurich puis en 1911 à celui de Paris le violon ; il y rencontre Darius Milhaud et Jacques Ibert et a pour professeurs Charles-Marie Widor et Vincent d'Indy. Très attaché au renouveau du répertoire, il est influencé par Igor Stravinski sur lequel il écrit un essai en 1939. Compositeur prolifique et désireux d'illustrer la transformation de la société, notamment par la technique ou le sport, Honegger écrit pour le théâtre, la radio et le cinéma aussi bien que pour la salle de concert : ballets, chansons, concertos, musique de chambre, musiques de films, opéras, oratorios, symphonies.
En 1921, il connaît le succès avec le Roi David, pièce de René Morax, qu'il transforme en oratorio en 1924. Son œuvre la plus célèbre, créée en 1923, est Pacific 231, premier de trois mouvements symphoniques et dédiée à la locomotive à vapeur éponyme. Les deux autres mouvements du triptyque s'intitulent Rugby et Mouvement symphonique n° 3. Il refuse de quitter Paris pendant l'Occupation et réagit à la la situation internationale en écrivant ses Trois Poèmes de Claudel, les Trois Psaumes et sa Symphonie n° 2 pour orchestre à cordes et trompette ad libitum. Composée en 1941, ses mouvements évoquent la mort, le deuil, puis la libération. Sa Symphonie n° 3, intitulée liturgique, son oratorio Jeanne d'Arc au bûcher (1938) — d'après un texte de Paul Claudel — et son dramatique Roi David (1921) — initialement destiné au théâtre et transformé en oratorio en 1924 — soulignent la religiosité de ce compositeur protestant. Parmi ses œuvres qui ont le plus compté pour lui, il citait aussi Antigone (1926).
En 1925, Arthur Honegger a une liaison avec la chanteuse d'opéra Claire Croiza, de laquelle naît un fils, Jean-Claude. En mai 1926, il épousa la pianiste Andrée Vaurabourg (1894-1980) qu'il avait rencontré au conservatoire de Paris en 1916 ; leur fille Pascale naît en 1932. Ils demeurent à Paris (tout en logeant dans des appartements séparés) durant la guerre, vivant notamment de commandes pour musique de film.
En 1953, il devient membre de l'Académie et est nommé Grand Officier de la Légion d'honneur l'année suivante. Il a été critique musical et professeur à l'École Normale de Musique de Paris. Il est également l'un des membres du groupe des Six, avec Georges Auric, Louis Durey, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre.
Arthur Honegger est un compositeur qui, au premier abord, paraît difficile à cerner à cause de la diversité de son œuvre, allant de la tonalité à l'atonalité (pour Antigone) en passant par la polytonalité, utilisant tous les registres, du quatuor à cordes à l'opéra, et respectant autant les acquis du passé que les apports de ses contemporains. Toute sa vie, il a été marqué par la double influence germanique (Ludwig van Beethoven, Jean-Sébastien Bach, Max Reger) et française (Claude Debussy, Florent Schmitt), ce qui contribue à situer son œuvre en marge des courants musicaux. Si l'on peut lui attribuer un style personnel, il n'est en revanche d'aucune école ; lui-même ayant rejeté, comme son confrère et ami Georges Enesco, les systèmes de classification trop stricts en musique.
La diversité de la musique d'Honegger reflète sa volonté de faire de la musique un moyen d'expression à vocation humaniste. Ainsi, il a souvent aspiré à une musique défaite de trop de formalisme, de trop de séduction et d'habitudes (Cri du monde, 1931). La crainte d'une surmédiatisation de la musique se reconnaît dans sa recherche d'une musique authentique, capable de porter un message, parfois philosophique (Symphonie liturgique, 1945). Désireux de se renouveler à chaque œuvre, il a exploré différents genres et techniques en s'intéressant tout autant à l'harmonie de Claude Debussy, à la rythmique d'Igor Stravinski, à la forme beethovenienne, au génie d'Arnold Schönberg (en excluant le sérialisme) et même à la musique électronique.