Classica : On observe une crise de la musique classique, liée à la crise économique, alors que les salles de concert sont pleines. Qu'en pensez vous?
MJ Pires : La crise que nous vivons est une crise humaine avant d'être une crise économique. L'être humain est allé trop loin du coté de la technologie et il a complètement oublié l'essentiel. Ce qui est essentiel est devenu extravagant. C'est cela la crise humaine. Les spécialistes de l'environnement se demandent :"Quelle planète va-t-on laisser à nos enfants?" Moi je me demande plutôt : " Quels enfants va-t-on laisser à cette planète ?" C'est tout aussi important . La crise de la musique classique vient de cela car elle est tombée dans cette logique. L'essentiel n'est plus aussi important et n'est plus enseigné comme une valeur à chérir. A l'école, les enfants entendent parler de carrière, de pouvoir, d'argent, de télévision, de journalistes, de succès de compétition, de concours ! Ce n'est pas de leur faute. Ainsi lorsqu'un jeune pianiste de 20 ans monte sur scène, on se dit : il est prétentieux, ou ceci ou cela. Non il est simplement victime des concours des professeurs, de la machine.
Les salles se remplissent parce que les gens ont besoin de trouver l'essentiel de l'homme quelque part, de trouver une vérité."