Dépositions de la Croix

Déposition par Salomon Koninck
et celle de Gerard David (v. 1510-1515)

en pleine lumière. Je préfère de plus en plus ces tableaux clairs où l'affliction n'est soulignée ni par la lumière ni par l'expression des visages. C'est au spectateur de prendre part, d'imaginer la douleur au lieu d'être au spectacle, au lieu que le peintre sollicite les émotions de celui qui regarde.
Qu'en pensez-vous ? C'est tout une manière de regarder la peinture ou même d'écouter la musique !

je te dirais demain...ce soir l'image de ton tableau n'est qu'un petit carré avec une croix rouge au milieu ..;comme çà arrive quelques fois...

Jean a écrit:

je te dirais demain...ce soir l'image de ton tableau n'est qu'un petit carré avec une croix rouge au milieu ..;comme çà arrive quelques fois...

Je n'ai rien de plus, sauf que c'est un petit carré bleu avec un point d'interrogation...

Chez, moi, ça s'affiche.
Voici de quoi le voir, on peut agrandir le tableau intitulé The Deposition, le 15° à partir du haut.

je crois que c'est le 14 em ... j'aime beaucoup aussi...je trouve ta reflexion très interressante ..Je n'y avais guère pensé jusqu'à maintenant...

J'ai dû me tromper en comptant !
Notre époque est tellement dans la dramatisation qu'on voit les représentations du passé à partir d'elle. Paradoxalement, une représentation qui veut m'émouvoir m'émeut moins qu'une représentation qui n'est pas faite dans ce but.
Les personnages au visage clame acceptent la douleur ou accueillent la joie, même si on ne sait pas trop comment. Les personnages au visage tourmenté montrent la douleur, ils ne l'ont pas (ou pas encore) acceptée. Dans ce cas on voit la douleur. Dans l'autre on se demande comment le visage peut être aussi calme devant la réalité de la scène.

Je partage bien ton point de vue ; la démonstration a outrance évoque aussi pour moi plus "du cinéma" que des sentiments réellements vécus

C'est parce que vous ne vous êtes pas encore arrêté devant la "Déposition" de Roger Van der Weyden au Musée du Prado.
Nulle part de comédie dans ses tableaux, c'est le seul peintre qui ait pu rendre la douleur profonde au visage de celui ou celle qui en est victime. Et celà compte pour toute son oeuvre.
Même son maître, Jan Van Eyck (1390-1441) a visiblement peur de montrer trop les sentiments sur les visages qu'il peint.
Vu ses dates (1399 ou 1400, décès en 1464) Van der Weyden fait partie de la première génération des Primitifs Flamands, donc les meilleurs.

Gérard David (1460-1523) est de la troisième génération, dans laquelle le mouvement des Primitifs est déjà ouvertement en décadence, ce sont des suiveurs qui n'attachent d'importance qu'a mettre de bons acteurs dans un joli cadre traditionnel.

Déposition de croix ,Rogier Van der Weyden (1435, huile sur bois, 220 x 262 cm, Musée du Prado, Madrid) - Commentaire

C'est justement ce qu'on perd en douleur qui attire mon attention chez quelqu'un comme Gérard David - un paysage ouvert, des vêtements verts, rien n'est fait pour clore dans la douleur. Chez Van der Weyden, on tombe de douleur, on est devant un mur.

Je comprends ce point de vue.

Ceci dit, Van der Weyden est beau. Les visages ne sont pas tordus de douleur, un expressionnisme va encore plus loin dans la peinture de la douleur. J'irais jusqu'à dire que c'est la contradiction entre la calme de la mise en scène et le sujet qui m'attire dans le tableau de David. Visages inexpressifs pourrait dire un critique. Je répondrais : justement, oui, visages inexpressifs.

J'ai une petite préférence pour celui de Gérard David, où les personnages semblent avoir plus de naturel.

Mais pourquoi, sur l'un et l'autre des tableaux, voit on un crâne ? Je sais bien que Golgotha signifie Mont du Crâne, c'est pour cela ?

Memento mori, « Souviens-toi que tu mourras », le crâne en est le symbole, l'icône comme disent les spécialistes.
Exposé sur Wikipédia.

Intéressant, cet article de Wiki.
J'ignorais complètement que ce Memento mori provenait d'avant le christianisme ! Et aussi que crâne le symbolisait.

Mais va donc rappeler cette phrase à Sarkozy, Berlusconi et politiques en général ! Sans compter les banquiers et autres profiteurs !

Merci pour cet éclaircissement, Jean Michel.

Les symboles sont là, il suffit de leur donner un sens, le même sens, un nouveau sens au besoin.
Il y a aussi des époques comme la nôtre qui font tout pour oublier que les choses peuvent avoir un sens, qui font tourner les mots et les choses à vide. Les hommes politiques qui se contredisent d'un jour à l'autre en sont de bons exemples.
Je m'éloigne un peu de la Déposition !

Est ce que les peintres ont aussi été inspirés par l'épisode suivant, après la déposition : la mise au tombeau, dans la grotte fermée par une pierre, et où, deux jours plus tard selon la Bible, le Christ est ressuscité ?