William Walton (Oldham, Lancashire 1902 – Ischia, Italie 1983)
Surnommé « l’enfant terrible de la musique anglaise » à la fois pour son talent et son modernisme, William Walton gagnera une renommée internationale. Il entre à l’âge de dix ans à l’école des choristes de la cathédrale Christ Church à Oxford. Il est ensuite admis au collège Christ Church à l'age inhabituel de seize ans. Il étudie aussi l'écriture en autodidacte en lisant et en analysant les œuvres de Stravinsky, de Debussy, de Sibelius et de Roussel. En 1919, alors qu’il a tout juste dix-sept ans, il écrit sa première œuvre importante, un « Quatuor pour piano et cordes » qui sera joué au Festival de la Société internationale de musique contemporaine en 1923. Durant ces années, il se lie d'amitié avec les poètes Sacheverell Sitwell et Siegfried Sassoon ; lorsqu'il quitte le collège en 1920 sans diplôme, la fratrie Sitwell (Sacheverell, Osbert et Edith) l'hébergent dans leur manoir à Chelsea. Edith Sitwell joue alors à Londres un rôle analogue à celui de Jean Cocteau à Paris. De 1920 à 1930, Walton est alors la tête de l’avant-garde musicale au Royaume-Uni.
En 1921, il compose une de ses œuvres majeures, « Façade », sur des poèmes d’Edith Sitwell. Créée à Londres en 1923, cette œuvre provoque un véritable scandale car Edith débite ses vers avec un mégaphone, et la musique de Walton semble trop moderne. En 1926, la Société Internationale de Musique Contemporaine crée son ouverture de concert « Portsmouth point » à Zurich. À partir de 1929, Walton connaît la consécration avec des œuvres de maturité qui montrent sa capacité à composer de la musique de plus classique. En 1929, Paul Hindemith crée son « Concerto pour alto » aux "Promenades Concerts" de Londres. Son oratorio biblique « Belshazzar's feast », composé en 1931, le place dans la lignée des grands maîtres britanniques, de Haendel à Elgar.
À partir de 1937, on le considère comme compositeur officiel du Royaume à l’occasion du couronnement du roi Georges VI, pour lequel il compose « Crown Imperial March », puis en 1953 à l’occasion du couronnement d’Elisabeth II avec son œuvre « Orb and Sceptre ». En 1939, Jascha Heifetz le sollicite pour écrire un « Concerto pour violon ». Et il compose en 1940 l’ouverture « Scapino » pour le cinquantième anniversaire de l’Orchestre symphonique de Chicago.
Après la guerre, William Walton s’intéresse au cinéma et compose des œuvres marquantes, particulièrement pour la trilogie shakespearienne de Laurence Olivier : « Henry V » en 1944, « Hamlet » en 1947 et « Richard III » en 1956. Il aborde l’opéra en 1954 avec « Troilus and Cressida », créé à Covent Garden et fréquemment représenté en Grande-Bretagne, sinon ailleurs.
Il est anobli en 1951 et devient et reçoit l'Ordre du Mérite en 1967. William Walton était fasciné par la guitare, bien qu'il n'était pas guitariste lui-même. L'idée de composer pour cet instrument fait jour en lui, et il compose « Cinq bagatelles pour guitare » en sollicitant les conseils de Julian Bream. On peut penser que la créativité sans limites d'un compositeur alliée à participation active d'un guitariste reconnu a donné à chacun de ces morceaux leur unicité et leur beauté.
En résumé, on pourrait dire que Sir Walton était un moderniste au cheminement artistique en marge des circuits traditionnels. Il est resté attaché aux formes classiques, particulièrement dans ses œuvres symphoniques héritées de la grande tradition romantique. Son œuvre est avant tout nationale et profondément britannique.
Il passe ses dernières années sur l’île d’Ischia avec sa femme Susana ; cette propriété est devenue un lieu d’études et d’archives pour jeunes musiciens.