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| Les lieder de Mahler | |
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Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Les lieder de Mahler Dim 18 Mar - 1:06 | |
| -Das Lied von der Erde :
L'Année 1907 :
Depuis la Huitième Symphonie, hymne triomphal adressé à l'humanité toute entière, jusqu'au Chant de la Terre, humble méditation sur l'homme et son destin en ce bas monde, la distance à franchir est colossale. Lorsqu'on passe de l'un à l'autre, on a presque l'impression de changer d'univers. Pour expliquer une telle métamorphose, il n'est pas d'autre moyen que d'évoquer les trois malheurs qui se sont abattus presque simultanément sur Mahler en 1907, quelques mois après l'achèvement de la Huitième: tout d'abord sa décision de quitter l'Opéra de Vienne qui, pendant dix ans avait été à la fois son enfer et son paradis, et en tout cas son univers; ensuite, au début de l'été, la mort de sa fille aînée, Putzi, emportée en quelques jours par une diphtérie foudroyante, et enfin, peu après, le diagnostic d'un médecin de Maiernigg dans lequel Mahler a cru discerner un arrêt de mort. En fait, il s'agissait seulement d'une affection assez bénigne, une malformation d'une valvule cardiaque, mais elle va tout de même le contraindre à renoncer désormais aux sports qui faisaient tout le charme de sa vie estivale. Qui plus est, le malheur a séparé au lieu de réunir le couple mal assorti que forment Mahler et son épouse, Alma. Ils vivent désormais isolés l'un de l'autre par le chagrin. Pendant l'été de 1907, Mahler se plonge dans la lecture d'un volume de poèmes chinois adaptés en vers allemands, Die chinesische Flöte [La Flûte chinoise], cadeau récent de Theobald Pollak, un vieil et fidèle ami de la famille qui veille sur les deux époux d'un oeil paternel. En effet, Pollak n'a jamais oublié que, bien des années auparavant, le peintre Emil Jakob Schindler, le père d'Alma, lui avait obtenu le poste de haute responsabilité qu'il occupe dans l'administration.
A l'automne de 1907, Mahler quitte l'Europe pour l'Amérique où il a accepté de diriger une saison de quatre mois au Metropolitan Opera. Certes, New York n'est pas le lieu idéal pour exercer son art et le public y est encore terriblement inculte. Cependant, Mahler trouve dans cette nouvelle activité plus de satisfactions qu'on ne l'a souvent prétendu: il se déclarera très vite séduit par la largeur d'esprit et l'absence de préjugés d'un pays neuf. Qui plus est, il se réjouit d'y avoir trouvé la sécurité financière dont il a besoin pour composer en paix plusieurs mois par an et vivre avec sa famille à l'abri du besoin. C'est donc à New York qu'il rapprend à vivre et à travailler et c'est là qu'il retrouve peu à peu ses forces.
La Composition :
Mais l'agitation new yorkaise n'a rien guéri en profondeur. En juin 1908, lorsque Mahler rentre en Europe et gagne Toblach, dans les Dolomites, où il va désormais passer chaque année l'été, il va lui falloir se priver de ses sports préférés, la nage, l'aviron, la bicyclette, les ascensions. "Il ne me faut pas seulement changer de lieu, écrit-il à Bruno Walter, mais modifier toute ma manière de vivre. Vous vous imaginez sans peine à quel point cela est pénible. Depuis de nombreuses années, je m'étais habitué à un exercice constant et violent, à courir les forêts et les cimes pour en rapporter des esquisses [musicales] comme un butin conquis de haute lutte. A ma table de travail, je ne revenais que comme un paysan à sa grange, uniquement pour donner à ces esquisses une forme. Car même les malaises spirituels s'évanouissent après une bonne marche à pied (surtout après une ascension). Je dois désormais éviter tout effort, me contrôler sans cesse, ne marcher qu'avec parcimonie. Et puis, dans cette solitude où je vis concentré sur moi-même, je ressens clairement tout ce qui n'est pas en ordre dans ma constitution physique. Peut-être vois-je les choses trop en noir mais, depuis que je suis à la campagne, je me sens plus mal qu'à la ville car il n'y a plus de distractions pour me tromper sur bien des choses." Presque chaque année, Mahler a traversé une crise très grave lorsqu'il s'est agi de reprendre son travail de compositeur à la fin d'une saison entière d'Opéra. Jamais, pourtant, la transition n'avait été aussi douloureuse qu'en 1908. La suggestion maladroite de Bruno Walter, qui conseille à Mahler de partir en voyage, l'exaspère et, dans la lettre suivante, son agacement perce au travers de son ironie: "Qu'est-ce que c'est donc que cette histoire d'âme et de maladie de l'âme? Comment devrais-je la soigner? Par un voyage dans les pays du Nord? Mais là je me serais à nouveau laissé 'distraire'. Pour retrouver le chemin et la conscience de moi-même, il fallait que je sois ici et dans la solitude. Car, depuis que cette terreur panique m'a saisi, je n'ai rien tenté que de regarder ailleurs et d'écouter ailleurs. Si je dois retrouver le chemin de moi-même, alors il faut que je me livre à nouveau aux terreurs de la solitude. [...] Il ne s'agit en aucun cas d'une terreur panique de la mort, comme vous semblez le croire. Même auparavant, je savais fort bien que j'allais mourir. Mais [...] j'ai perdu d'un seul coup toute la lumière et toute la sérénité que je m'étais acquises et je me trouve devant le vide. A la fin de ma vie, il me faut rapprendre à me tenir debout et à marcher comme un enfant. Pour ce qui est de mon `travail', il est quelque peu déprimant de devoir tout réapprendre. Je suis incapable de composer à ma table. Pour mon `exercice' intérieur, j'ai besoin d'exercice physique. [...] Lorsque je fais une promenade d'un pas tranquille et modéré, une telle angoisse m'emplit lorsque je rentre, mon pouls bat si vite que je n'atteins absolument pas le but que je m'étais assigné qui était d'oublier mon corps..."
Alma l'affirme, qui fut le principal témoin de cet été de crise: jamais les deux époux ne passèrent des vacances aussi sombres. Partout, "l'anxiété et le chagrin" les harcèlent. Cependant Mahler n'a jamais été homme à se laisser abattre par les coups du destin. Toute sa vie, il a affronté les pires catastrophes avec un courage, une énergie et une volonté sans faille. Une fois de plus, il trouvera le salut dans son travail créateur, c'est-à-dire en composant Le Chant de la Terre. La crise n'aura même pas été de très longue durée, quatre semaines tout au plus. Arrivé à Toblach le 11 juin, Mahler achève en juillet le second Lied, puis coup sur coup, le troisième, le premier; le quatrième et le dernier le 1er septembre. A ses visiteurs de l'été, il apparaît comme transfiguré: il est devenu calme et patient. L'expérience nouvelle, acquise au cours d'une crise dont il est sorti un autre homme, il l'a tout entière exprimée dans Das Lied. Toujours à Bruno Walter, il écrira au début de septembre, avant de quitter Toblach: "J'ai travaillé avec beaucoup de zèle (vous en déduirez que je me suis assez bien 'accclimaté'). Moi-même je suis incapable de dire quel titre aura l'ensemble [de l'oeuvre]. De beaux moments m'ont été accordés et je crois n'avoir jamais rien fait de plus personnel."
Durant l'hiver, Mahler va reprendre son activité au Metropolitan Opera et profiter comme auparavant de ses moments de liberté pour recopier sa nouvelle partition et mettre au point l'orchestration. Mais l'oeuvre n'a toujours pas de titre. Longtemps, au moins un an, elle a porté celui, provisoire, de Die Flöte von Jade [La Flûte de Jade]. L'hiver suivant, de retour à New York après avoir achevé la Neuvième Symphonie, Mahler griffonne enfin sur une feuille de papier à musique: "Le Chant de la Terre tiré du chinois", puis les titres qu'il a donnés aux différents mouvements, et enfin, en bas de la page: "Neuvième Symphonie en quatre mouvements". Grâce à cette ruse innocente, il croit avoir trompé le destin qui n'a permis ni à Beethoven, ni à Schubert, ni à Bruckner de dépasser dans leur création symphonique le chiffre fatidique de neuf.
Les Premières Auditions :
Pendant deux années entières, Mahler conservera dans ses tiroirs la partition inachevée du Lied von der Erde. Sans doute cette œuvre le touche-t-il trop profondément pour qu'il se résolve à la faire exécuter. Toutefois confie-t-il le manuscrit à son disciple préféré Bruno Walter. Lorsque celui-ci le lui rapporte, trop ému pour trouver un mot d'éloge, Mahler lui parle seulement de la conclusion: "Qu'en pensez-vous? Est ce que c'est seulement supportable? Est-ce que les gens ne vont pas se suicider après 'avoir entendu?". Alors il sourit et désigne quelques-unes des difficultés rythmiques de ce Finale. "Comment arrivera-t-on à diriger cela? En avez-vous la moindre idée? Moi pas !" Mahler mourra en 1911 sans avoir encore fixé la date de la première audition du Chant de la Terre. C'est Bruno Walter qui allait la diriger à sa place à Munich, le 20 novembre 1911, six mois après la mort du compositeur, au cours d'un concert dédié à sa mémoire. Peu d'ouvrages posthumes devaient jamais connaître un triomphe semblable dans les années qui suivirent. Das Lied von der Erde a plus fait pour la gloire de Mahler que le reste de son œuvre. | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
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| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Dim 18 Mar - 1:23 | |
| -Lieder eines fahrenden Gesellen :
La Composition :
A Cassel où à partir de l'automne de 1883, il occupe son premier poste important de chef d'orchestre, Mahler s'est épris d'une cantatrice du Théâtre, la soprano Johanna Richter. Liaison orageuse, comme toutes celles qu'il a vécues, et que trouble sans cesse la crainte du scandale qui, dans un théâtre de province, eût été sans doute fatal à l'un comme à l'autre. Tout ce que nous savons de cet amour est ce que Mahler révèle, à mots couverts, à son ami Fritz Löhr dans les lettres qu'il lui adresse à cette époque. C'est à lui qu'il annonce, le 1er janvier 1885, qu'il a écrit pour elle "six Lieder", dont nous sommes presque certains aujourd'hui qu'il s'agissait seulement de poèmes. Les manuscrits des deux premiers ont subsisté, et portent la mention : décembre 1884. La musique, elle est légèrement postérieure, mais il est impossible de la dater avec précision. Le cycle définitif ne comprend que quatre chants. Le manuscrit original est pour l'instant inconnu, mais il en existe un dans la collection Rosé qui paraît remonter aux années 1880 et sur lequel figure le titre: "Histoire d'un compagnon voyageur (fahrenden Gesellen), en quatre chants pour une voix grave avec accompagnement d'orchestre". Une autre page titre, qui paraît plus récente, est libellée "Rapsodie en quatre poèmes". Bien qu'elle fasse elle aussi mention d'un accompagnement orchestral, sa partition proprement dite fut certainement achevée plus tard, vers 1891-1892, et révisée en 1896, peu de temps avant la première audition. La version pianistique que l'on entend habituellement est celle que Mahler lui-même a publiée chez Weinberger en 1897. Le plus surprenant est qu'elle diffère sur de nombreux points de détail de la version orchestrale parue la même année et chez le même éditeur. Dès le début, la notation rythmique des quatre premières mesures n'est pas identique dans les deux partitions. Plus loin, il existe une ou deux différences importantes, et cela jusque dans les parties vocales. C'est donc la version originale de 1884-1885 que l'on entendra, et qui, en tant que telle, mérite d'être connue.
Le Titre :
Le mot Gesell signifie en vieil allemand "compagnon de table" (Saal: salle, maison; le mot Gefährte signifie, lui, "compagnon de voyage"). Plus tard, le mot Gesellen désignera les ouvriers, apprentis ou manoeuvres agricoles qui parcouraient l'Allemagne en cherchant du travail. Pourtant, le sens du mot français "compagnon" prêtant à confusion, la traduction usuelle "Chants du Voyageur" nous paraît meilleure, même si elle est moins exacte, que celle de "Chants d'un compagnon errant" que l'on lit en général.
Les Poèmes :
Bien que Mahler n'ait pas fait inscrire son nom dans les différentes éditions des Lieder eines fahrenden Gesellen, il est de toute évidence l'auteur de trois au moins des poèmes. Quelques années après sa mort, on devait retrouver dans le Knaben Wunderhorn l'origine du premier texte, Wenn mein Schatz Hochzeit macht. Cette découverte allait poser une énigme, apparemment insoluble, puisque le compositeur a affirmé n'avoir eu que bien plus tard la révélation du recueil d'Arnim et Brentano, en fouillant dans la bibliothèque de ses amis Weber à Leipzig en 1888. Peut-être Mahler s'est-il souvenu, consciemment ou inconsciemment, d'un chant populaire de son enfance, ou bien l'a-t-il lu dans un journal ou dans une anthologie autre que le Wunderhorn? Quoiqu'il en soit, l'utilisation des deux poèmes de l'anthologie, qui ont été amalgamés dans le premier chant, prouve à elle seule que le compositeur s'est déjà livré à une étude approfondie du style de la poésie populaire allemande. On retrouve dans les poèmes des Gesellen Lieder, comme dans le Poisl Lieder de 1880, un des thèmes littéraires favoris du romantisme allemand: celui du héros déçu, victime innocente de la destinée, qui erre sans but et recherche au loin, l'apaisement de ses peines. Mahler lui-même ne s'est-il pas fréquemment senti, comme son fahrender Gesell, exilé dans un monde cruel, monde de duperies et d'apparences trompeuses? Le contraste entre la beauté de la nature et le désespoir d'un cœur humain représente un autre thème d'élection des poètes romantiques. Du point de vue musical, le cycle comporte quelques Leitmotive mahlériens, tels le grupetto de la première mesure, la quarte ascendante ou descendante, ainsi que la sixte mélodique ascendante. La prédominance des rythmes de marche se confirmera bientôt dans tout l'œuvre mahlérien. Elle caractérise également le genre du Wanderlied dont le modèle suprême reste la première pièce du Voyage d'hiver de Schubert.
Les Premières Auditions :
Ging' heut' morgen über's Feld fut créé peut de temps après sa composition lors d'un concert de bienfaisance donné par Mahler le 18 avril 1886 dans le jardin d'hiver du Grand Hôtel de Prague. Betti Frank, cantatrice au théâtre de Prague, accompagnée par Mahler au piano, fut vivement applaudie et la critique du Prager Tablatt fut particulièrement élogieuse. Mais il faudra attendre le 16 mars 1896 à Berlin, pour que le cycle complet soit créé, dans sa version orchestrale révisée par Mahler. Ils sont interprétés par le baryton hollandais Anton Sistermans, accompagné par l'Orchestre Philharmonique de Berlin dirigé par Mahler. Au cours de ce même concert la Première Symphonie fut interprétée pour la première fois dans sa version révisée, et Mahler dirigea également le premier mouvement de la Seconde Symphonie, encore intitulé Todtenfeier.
Mahler accompagnera de nouveau au piano les Lieder eines fahrenden Gesellen en 1907 à Berlin puis les dirigera une dernière fois en 1910 à New York. Ils font aujourd'hui partie du répertoire mahlérien le plus fréquemment interprété, comme en témoigne le grand nombre de versions figurant dans notre discographie | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Rückert Lieder Dim 18 Mar - 1:26 | |
| -Rückert Lieder :
La Composition :
Les Rückert Lieder sont les contemporains de la Cinquième Symphonie, à laquelle on pourra donc se reporter afin de connaître les conditions de leur composition. Rappelons toutefois qu'en cet été 1901, la villa de Maïernigg est achevée. Au début de juin, Mahler prend donc le train pour Klagenfurt, où sa sœur Justi est en train de tout mettre en ordre dans la "Villa Mahler" pour s'efforcer de lui donner un "air habité". La nouvelle maison est magnifiquement située entre la forêt et le lac et dès le premier jour, Mahler sort sur son balcon, contemple le Wörthersee et s'exclame: "C'est vraiment trop beau! On ne devrait pas se permettre quelque chose de pareil !" Dès les premiers jours de ses vacances qui ont commencé le 5 juin, Mahler s'est mis à composer des Lieder. L'esquisse du premier en date des Rückert Lieder, Blicke mir nicht, est datée du 14 juin. Trois autres suivront bientôt et Mahler y ajoutera un dernier Wunderhorn Lied, Der Tambourg'sell.
Lorsque Mahler revient à Maiernigg à la fin de juin 1902, il commence une nouvelle vie. En effet, il et accompagné de sa jeune et radieuse épouse, Alma, qui désormais remplace sa sœur Justi comme maîtresse de maison. Les circonstances de la composition du dernier Lied Liebst du um Schonheit nous sont connues grâce au journal intime d'Alma. Le choix du poème est en soi émouvant lorsqu'on sait que Mahler a hésité pendant plusieurs mois à épouser Alma dont la beauté, le charme et la jeunesse le séduisent et l'effrayent tout à la fois. Un jour de juillet 1902, il met en musique ce texte pour en faire son plus tendre message d'amour. Il va cacher ensuite le manuscrit dans la partition de Siegfried qu'Alma a coutume de déchiffrer. Or elle n'ouvre pas son piano pendant plusieurs jours, à la grande déception de Gustav. C'est donc lui qui finit par provoquer la découverte en lui proposant une séance de déchiffrage. La feuille manuscrite tombe du volume; Alma découvre alors son "premier chant d'amour", écrit pour elle seule, un Lied "intime entre tous" ["privatissimum"]. Ils se mettent au piano et le jouent ensemble. L'expression si pénétrante de la dernière phrase, "Liebe mich immer, dich lieb'ich immer, immerdar" [Aime moi toujours, je t'aime toujours, toujours], émeut la jeune femme jusqu'au fond de l'âme. Elle joue et rejoue le Lied un grand nombre de fois et note ce soir là dans son journal: "J'en ai presque pleuré. Quelle profondeur il y a chez un tel homme! Et comme je manque d'âme! Souvent je me rends compte à quel point je suis peu de choses et je possède peu de choses en comparaison de son incommensurable richesse!"
Les premières auditions :
Les Rückert Lieder ont été créés en janvier 1905 à Vienne à l'occasion d'un concert dont le programme est constitué en majeure partie de premières auditions: les cinq Kindertotenlieder (achevés l'année précédente), les quatre Rückert Lieder de 1901, quatre Wunderhorn Lieder de 1892 à 1898 et les deux Lieder empruntés au même recueil poétique et composés en 1899 et 1901. Etant donné le caractère intime de ces oeuvres, Mahler a exigé que la soirée ait lieu dans la petite salle du Musikverein. Il a réuni pour l'occasion trois des meilleurs chanteurs de l'Opéra, et trois hommes; le fait mérite d'être souligné, car depuis lors, on a pris l'habitude de confier presque toujours certains de ces Lieder à des voix féminines. Il s'agit du ténor Fritz Schrödter et des barytons Anton Moser et Friedrich Weidemann. Ce dernier sera longtemps l'interprète préféré de Mahler, tout au moins pour les Kindertotenlieder. L'orchestre, de dimension réduite, est composé de membres choisis parmi les Wiener Philharmoniker. A la répétition générale qui a eu lieu le 28 janvier 1905 à 14h30, le public a été admis parce que toutes les places du concerts ont été vendues à l'avance. La réaction des auditeurs est très favorable. Le lendemain, le concert proprement dit commence à 19h30. Longtemps avant l'heure, la petite salle est archi-comble et on refusera beaucoup de monde. Très vite l'attitude attentive et respectueuse du public va prouver que la bataille est gagnée. Mahler a demandé que l'on applaudisse point entre chaque groupe de mélodies. La tension ne cesse de croître jusqu'à la fin de l'exécution. Partiaux ou impartiaux, tous les témoins contemporains seront obligés de reconnaître que cette soirée a remporté "le seul véritable triomphe de toutes la série de concerts de la Vereinigung". "Les Lieder de Mahler touchèrent le cœur de tous, écrit Paul Stefan. On exultait avec lui, on partageait successivement son affliction, ses humeurs enfantines, joyeuses ou rêveuses. On prenait plaisir à s'émerveiller de sa science et de sa maîtrise des petites formes, comme à un magnifique épanouissement de beaux poèmes.
Les quatre Rückert Lieder de 1901 seront de nouveaux interprétés en 1905 et 1906 à Vienne, Graz et Leipzig, puis une dernière fois à Berlin, en 1907, Mahler étant au piano. | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Kindertotenlieder Dim 18 Mar - 1:28 | |
| -Kindertotenlieder :
La Composition :
Alors que des doutes ont longtemps subsisté sur l'exacte chronologie des Kindertotenlieder, il est aujourd'hui totalement établi que Mahler a ajouté, en juin 1904, deux lieder aux trois autres qu'il avait composés pendant l'été de 1901. En ce qui concerne les circonstances de la composition de ces trois lieder (Nun will die Sonn' so hell aufgehn, Wenn dein Mutterlein et Oft denk' ich), on se reportera à la Chronologie de la Cinquième Symphonie dont trois mouvements ont été composés pendant ce même été 1901, au cours duquel presque toutes les oeuvres composées par Mahler ont un caractère funèbre ou tout au moins douloureux. Aussi, au moment où il joue pour la première fois à Natalie Bauer-Lechner les troisKindertotenlieder, il s'exclame: "Cela a été une douleur pour moi de les écrire et j'en éprouve une aussi pour le monde qui devra un jour les entendre, si triste est leur contenu". Theodor Reik analyse de la manière suivante le processus créateur qui a donné naissance aux Kindertotenlieder. Selon lui, l'idée du mariage s'est imposée depuis un an à l'esprit de Mahler et elle a réveillé en lui quelques-unes des inquiétudes qu'avaient autrefois connues ses parents. Selon Reik, il est impossible que Mahler ait ignoré que l'un des enfants morts de Rückert s'appelait Ernst. Ainsi, en composant les Kindertotenlieder, s'est-il "identifié à son père, en se mettant dans l'état d'esprit d'un homme ayant perdu un fils nommé Ernst. Les raisons qui ont conduit Mahler, trois ans plus tard, à achever le cycle au cours de l'été 1904 sont très claires: nommé président d'honneur de la Vereinigung Schaffender Tonkünstler par Schönberg et Zemlinsky, Mahler leur a promis de leur confier une première audition. Puisque celle de la Cinquième serait trop coûteuse et que, en tout cas, elle a déjà été promise à Cologne, il ne reste plus qu'une seule possibilité: un concert de Lieder, dont l'intérêt sera d'autant plus grand que la plupart de ceux qu'il a composés avec accompagnement d'orchestre n'ont jamais été exécutés. Voici donc pourquoi il a décidé alors d'ajouter au cycle commencé en 1901 deux nouveaux Lieder, dont il a sans doute déjà choisi les poèmes, en particulier le dernier qui lui fournit la conclusion sereine et apaisée qu'il souhaite.
Alma, qui arrivera à Maiernigg quelques temps après la naissance de sa fille Anna, exprime dans ses Mémoires, son incompréhension du choix de Mahler pour ces textes: "Si l'on a pas d'enfants, ou si on les a perdus, j'admets que l'on puisse mettre en musique des paroles aussi terrifiantes, mais autrement? Comment donc comprendre qu'une heure après avoir embrassé et cajolé des enfants en pleine santé, au physique comme au moral, on se lamente sur leur mort? Je m'exclamai alors: Pour l'amour de Dieu, ne tente pas la fatalité!" Alma affirme cependant dans son journal intime que l'été 1904 a été exceptionnellement reposant et harmonieux et que Mahler n'a jamais été "plus humain et plus communicatif". Il passe même de longues heures à jouer avec sa fille aînée, la petite Putzi avec qui un lien étrange et puissant semble désormais l'unir. Il ne cesse pas de lui faire de nouvelles grimaces, d'inventer pour elle des histoires étranges, ou bien de lui narrer des contes de fées.
Les premières auditions :
Les Kindertotenlieder ont été créés en janvier 1905 à Vienne à l'occasion d'un concert dont le programme est constitué en majeure partie de premières auditions: les cinq Kindertotenlieder, les quatre Rückert Lieder de 1901, quatre Wunderhorn Lieder de 1892 à 1898 et les deux Lieder empruntés au même recueil poétique et composés en 1899 et 1901. Etant donné le caractère intime de ces oeuvres, Mahler a exigé que la soirée ait lieu dans la petite salle du Musikverein. Il a réuni pour l'occasion trois des meilleurs chanteurs de l'Opéra, et trois hommes; le fait mérite d'être souligné, car depuis lors, on a pris l'habitude de confier presque toujours certains de ces Lieder à des voix féminines. Il s'agit du ténor Fritz Schrödter et des barytons Anton Moser et Friedrich Weidemann. Ce dernier sera longtemps l'interprète préféré de Mahler, tout au moins pour les Kindertotenlieder. L'orchestre, de dimension réduite, est composé de membres choisis parmi les Wiener Philharmoniker. A la répétition générale qui a eu lieu le 28 janvier 1905 à 14h30, le public a été admis parce que toutes les places du concerts ont été vendues à l'avance. La réaction des auditeurs est très favorable. Le lendemain, le concert proprement dit commence à 19h30. Longtemps avant l'heure, la petite salle est archi-comble et on refusera beaucoup de monde. Très vite l'attitude attentive et respectueuse du public va prouver que la bataille est gagnée. Mahler a demandé que l'on applaudisse point entre chaque groupe de mélodies. La tension ne cesse de croître jusqu'à la fin de l'exécution. Partiaux ou impartiaux, tous les témoins contemporains seront obligés de reconnaître que cette soirée a remporté "le seul véritable triomphe de toutes la série de concerts de la Vereinigung". "Les Lieder de Mahler touchèrent le cœur de tous, écrit Paul Stefan. On exultait avec lui, on partageait successivement son affliction, ses humeurs enfantines, joyeuses ou rêveuses. On prenait plaisir à s'émerveiller de sa science et de sa maîtrise des petites formes, comme à un magnifique épanouissement de beaux poèmes. | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
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| Sujet: Des Knaben Wunderhorn Dim 18 Mar - 1:31 | |
| - Des Knaben Wunderhorn : La Composition : La découverte par Mahler, à la fin de 1887 ou au début de 1888, dans la bibliothèque de ses amis Weber à Leipzig, de l'anthologie de "Lieder populaires" intitulée Des Knaben Wunderhorn, paraît, à distance, un événement presque miraculeux tant il comblait, à cette époque toutes les aspirations du jeune compositeur. Mahler a écrit vingt-quatre Wunderhorn Lieder en tout (y compris ceux qui figurent dans les Deuxième, Troisième et Quatrième Symphonies). Ils ont inspiré la totalité de sa production dans le domaine du Lied entre 1888 et 1901, à la seule exception du chant nietzschéen de la Troisième Symphonie. La partition Universal C'est à Leipzig que Mahler composera le premier groupe de neuf Lieder avec accompagnement de piano (voir les Lieder aus der Jugendzeit). Quatre ans plus tard, en 1892, à Hambourg, il se replonge dans l'anthologie et compose, en un mois, cinq grands Wunderhorn Lieder dont il tâchera de définir le caractère "inouï" par un titre inhabituel : Humoresken : "J'ai maintenant en mains le Wunderhorn. Avec cette connaissance de moi-même qui est propre aux créateurs, je puis ajouter d'ailleurs que cela donnera encore une fois quelque chose de bien." Les accompagnements sont immédiatement conçus pour orchestre, bien que rédigés sous forme pianistique. Le 28 janvier, Der Schildwache Nachtlied, esquissé selon Natalie Bauer Lechner, à Leipzig en 1888, est terminé sous sa forme définitive. Le 1er février, c'est Verlorene Mühe, immédiatement suivi de Wer hat dies Liedchen erdacht, le 6, de das Himmlische Leben le 10, et enfin de Trost im Unglück le 22 avril. Bien des années plus tard, Mahler racontera à Natalie que das Himmlische Leben a jailli en premier "de la source créatrice longuement contenue et demeurée stagnante à Budapest". Il lui fera remarquer alors à quel point ce petit Lied d'allure modeste s'est révélé ensuite plein de richesses, ayant donné naissance "à cinq mouvements des Troisième et Quatrième Symphonies." L'année suivante, Mahler passe ses vacances à Steinbach am Attersee où il compose l'Adagio de la Deuxième Symphonie, puis le Lied Antonius von Padua Fischpredigt, et en même temps le Scherzo de sa Symphonie, dont la substance musicale est à peu près identique. Une fois terminées les premières partitions d'orchestre de l'Andante et du Scherzo de la Deuxième Symphonie, Mahler reprend le Knabenwunderhorn et termine le 1er août 1893 l'orchestration de la Fischpredigt. Lorsqu'il y travaille, il imagine les anguilles, les carpes et les brochets aux nez pointus sortant la tête de l'eau, immobiles, le visage impassible, pour écouter les paroles du saint, puis se dispersant sans avoir compris un traître mot de son sermon. Il voit là une satire délicieuse de la sottise humaine et il lui arrive d'éclater de rire en imaginant la scène. Ce même été 1893 verra également la naissance de Rheinlegendchen et Das irdische Leben. Mahler raconte à Natalie que son inspiration lui dicte parfois des musiques qui ne peuvent absolument pas s'insérer dans l'œuvre qu'il est en train de composer. Ainsi a-t-il utilisé pour Rheinlegendchen une idée mélodique qui trois ans auparavant, l'a obsédé et qu'il a ensuite oubliée. Toujours à Steinbach, trois ans plus tard, c'est dans des circonstances très proches que Mahler, plongé dans la composition de la Troisième, se tournera de nouveau vers le Knaben Wunderhorn en composant Lob des hohen Verstandes, dans lequel il se venge, par le moyen de l'humour, de la malveillance quasi universelle de la critique à son égard. C'est "un Lied très amusant... il s'agit d'un pari entre un rossignol et un vieux coucou qui prennent pour arbitre un âne. Celui-ci se donne naturellement des airs importants pour attribuer le prix au coucou. Tu riras quand tu l'entendras" écrit-il à Anna von Mildenburg. En juillet 1898, Mahler est cette fois ci en vacances à Vahrn où il se remet d'une opération. Il réussira cependant à achever "trois nouveaux Lieder" du Wunderhorn qui terminent le recueil "rien que pour me donner la preuve que cela va encore". Il s'agit du Lied des Verfolgten im Turm et de Wo die schönen Trompeten blasen. Quant au troisième, il ne peut s'agir que de l'esquisse de Revelge achevé en 1899 à Aussee, dans le Salzkammergut, Lied que Mahler considère comme le plus beau *et le plus réussi de tout le recueil, peut-être même "le plus important de tous ses Lieder". Mahler reviendra une dernière fois au Knabenwunderhorn en cet été 1901 où il travaille à Maïernigg aux Rückert Lieder et à la Cinquième Symphonie. L'inspiration du Tambourg'sell est venue à Mahler un jour en sortant de table. Aussitôt il a noté les premières notes du thème, dans l'antichambre obscure, puis il est allé s'asseoir près de la source et il a achevé très rapidement l'esquisse. C'est alors seulement qu'il s'est rendu compte avec surprise qu'il s'agit non pas d'un motif symphonique mais d'un thème de Lied, et s'est souvenu du poème du Tambourg'sell. Les premières paroles, qu'il a retrouvées dans sa mémoire, s'y adaptaient parfaitement: la musique semblait même avoir été créée pour elles Lorsque dans le Häuschen, il a pu confronter le texte complet avec la musique, il s'est rendu compte qu'il ne manquait pas un mot, que l'accord était parfait d'un bout à l'autre. Les premières auditions : Depuis la pénible aventure de la création de la Première Symphonie à Budapest, Mahler semblait s'être résigné à "composer pour sa seule bibliothèque". A l'automne de 1893, espérant sans doute trouver à Hambourg un public plus averti qu'en Hongrie, il a réussi à persuader le chef d'orchestre Julius Laube de lui consacrer un des "concerts populaires" qu'il organise à intervalles réguliers au Konzerthaus Ludwig. Le concert a lieu le 27 octobre 1893. La seconde partie est consacrée à la Première Symphonie et au cours de la première partie, aura lieu la création des six Wunderhorn Lieder récemment composés : Das himmlische Leben, Verlore Mühe et Wer hat dies Liedchen erdacht sont interprétés par Clementine Schuh-Proska. Der Schildwache Nachtlied, Trost im Unglück etRheinlegendchen (intitulés drei Humoresken) sont chantés par Paul Bluss. Au cours du concert, les Lieder seront vivement applaudis, comme leurs interprètes, et Rheinlegendchen sera bissé. Au milieu du mois de novembre de la même année, Mahler sera de nouveau invité à diriger, à Wiesbaden, les trois Humoresken qui sont cette fois-ci intitulés Drei Gesänge aus "Des Knaben Wunderhorn". Après 1893, Mahler n'utilisera plus jamais, au concert, le sous-titre initial Humoresken. De fait, ces Lieder ne seront pas redonnés avec orchestre jusqu'en 1900, date à laquelle Selma Kurz en chantera trois (Verlorene Mühe, Das irdische Leben et Wo die schönen Trompeten blasen) nommés alors tout simplement Gesänge, à la Philharmonique de Vienne. | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Lieder aus der Jugendzeit Dim 18 Mar - 1:35 | |
| -Lieder aus der Jugendzeit :
Les trois Lieder dédiés à Josephine Poisl (1880)
Dédiés à Josephine Poisl, fille du maître des postes d'Iglau, les trois lieder avec accompagnement de piano ont été composés en février 1880, ainsi qu'une grande partie de Das Klagende Lied, oeuvre à laquelle on se reportera pour connaître les circonstances de cette crise qui a plongé Mahler dans une fièvre créatrice intense. A l'exception des quelques fragments qui se trouvaient dans la collection d'Alma Mahler, ce sont aussi les premières oeuvres de Gustav Mahler que nous connaissons aujourd'hui. A ces oeuvres connues, s'ajoute une Symphonie Nordique disparue et sans doute incomplète à laquelle Mahler fait allusion dans une lettre de décembre 1879.
La page titre du manuscrit se présente comme suit:
JOSEPHINEN ZUGEIGNET (dédiés à Josephine) 5 LIEDER für Tenorstimme von Gustav Mahler 1. Im lenz 2. Winterlied 3. Maitanz im Grünen 4. 5.
Les deux derniers Lieder n'ont sans doute jamais été composés, peut-être à cause de la rupture avec Josephine et la famille Poisl, qui devait intervenir peut après l'achèvement, à Vienne de Maitanz im Grünen. Sans doute Mahler qui travaille alors activement au Klagende Lied, a-t-il renoncé à achever le cycle, qu'il avait probablement eu l'intention d'offrir à la jeune fille comme cadeau de Pâques. Le manuscrit est tout à fait lisible. Il s'agit de toute évidence, d'une mise au net d'esquisses originales.
Cinq Lieder pour chant et piano (1880-83)
D'après Guido Adler qui sans doute tenait le renseignement de Mahler lui-même, les cinq lieder pour chant et piano ont été composés à Vienne et Iglau "pendant et autour de 1883", après que le musicien a quitté Laibach (1er avril 1882), et avant qu'il ne prenne son poste à Olmutz (janvier 1883) Contrairement aux oeuvres qui les précèdent et les suivent dans la production mahlerienne, ces cinq Lieder (à l'exception de Hans und Grethe, qui reproduit presque intégralement le Maitanz de 1880) n'ont pas été composés en période de crise. On y trouve donc pas la même intensité expressive que dans la plupart des autres oeuvres de jeunesse de Mahler, c'est à dire Das klagende Lied, les Lieder eines fahrenden Gesellen et la Première Symphonie. A cause de leur style musical et de leur facture, il serait logique d'assigner une date plus ancienne aux Tirso de Molina Lieder qu'aux Leander Lieder auxquels ils font suite, aussi bien dans l'édition Schott que dans la copie manuscrite de la collection Rosé.
Les neuf premiers Wunderhorn Lieder (1888-1890)
La découverte par Mahler, à la fin de 1887 ou au début de 1888, dans la bibliothèque de ses amis Weber à Leipzig, de l'anthologie de "Lieder populaires" intitulée Des Knaben Wunderhorn, paraît, à distance, un événement presque miraculeux tant il comblait, à cette époque toutes les aspirations du jeune compositeur. Mahler a écrit vingt-quatre Wunderhorn Lieder en tout (y compris ceux qui figurent dans les Deuxième, Troisième et Quatrième Symphonies). Ils ont inspiré la totalité de sa production dans le domaine du Lied entre 1888 et 1901, à la seule exception du chant nietzschéen de la Troisième Symphonie. Le premier groupe de neuf Lieder avec accompagnement de piano a été composé en partie pour les enfants de Karl et Maria von Weber à Leipzig. Mahler connaissait toutefois au moins un poème du Wunderhorn, Wenn mein Schatz Hochzeit macht, qu'il a mis en musique dans le premier des Gesellen Lieder, sans l'avouer pourtant, puisque la source poétique n'est même pas mentionnée.
Aucun des Wunderhorn Lieder avec piano n'est daté, mais l'ordre est le même que dans la première édition. Il est sans doute chronologique, comme c'est souvent le cas dans les recueils de Mahler qui ne sont pas de vrais cycles. Les derniers Lieder ont sans doute été composés à Hinterbrühl au cours de l'été 1890, car Mahler n'a pas pu composer l'été suivant, à cause du voyage qu'il a entrepris en Scandinavie. Ces premiers Wunderhorn Lieder sont plus brefs et moins élaborés que les Lieder orchestraux postérieurs. Mahler y poursuit ses tentatives antérieures, dans un style inspiré du Volkslied, mais en empruntant au Kunstlied un certain nombre de procédés. Il se contente rarement de réexposer, mais compose souvent, pour chaque strophe, une musique présentant à première vue le même caractère, alors que, en réalité, elle est complètement différente.
Dans son choix de textes, Mahler a manifesté une prédilection affirmée pour les sujets généraux, les problèmes universels, aux dépens des ballades ou des contes. C'est ainsi qu'il met surtout en musique la solitude de l'homme sur la terre, la vanité de la vie de tous les jours, la cruauté des hommes les uns envers les autres, fréquemment aussi leur sottise et leur vanité.
L'orchestration de Luciano Berio (1986-1987)
Luciano Berio a orchestré 5 des Lieder aus der Jugendzeità l'occasion des semaines Mahler de Dobiacco en 1986, puis 6 autres lieder pour l'orchestre Arturo Toscanini de Parme en 1987. Si ces arrangements de Lieder sont des oeuvres de commande, ils ne font pas moins référence à l'intérêt réel de Bério pour la musique de Mahler, comme en témoigne le troisième mouvement de sa Sinfonia de 1968, collage à partir de la Deuxième Symphonie de Mahler. Bério juge ainsi son travail d'orchestrateur: "J'ai voulu dans mon travail mettre en lumière le pluralisme et la diversité de ces semences mahleriennes. Tantôt c'est le visage wagnerien de la Walkyrie (Scheiden und Meiden) ou l'esprit des Wesendonck Lieder (Erinnerung) qui nous apparaît, tantôt c'est un Mahler plus mûr (Nicht wiedersehen), d'autres fois un Mahler de l'avenir (Phantasie aus "Don Juan") voire de l'improbable (Frühlingsmorgen). mon intention était de faire de l'orchestration, dans le respect et l'amour, un instrument d'investigation et de transformation."
Dans le tableau de la Discographie, la numérotation suivante a été adoptée:
1-Im Lenz (texte de Gustav Mahler). 2-Winterlied (texte de Gustav Mahler). 3-Maitanz im Grünen (texte de Gustav Mahler). 4-Frühlingsmorgen (texte de Richard Leander) 5-Errinnerung (texte de Richard Leander). 6-Hans und Grethe (texte de Gustav Mahler). 7-Serenade aus Don Juan (texte de Tirso de Molina et Gustav Mahler). 8-Phantasie aus don Juan (texte de Tirso de Molina et Gustav Mahler). 9-Um Schlimme Kinder artig zu machen (extrait de Des Knaben Wunderhorn). 10-Ich ging mit Lust (extrait de Des Knaben Wunderhorn). 11-Aus! Aus! (extrait de Des Knaben Wunderhorn). 12-Starke Einbildungskraft (extrait de Des Knaben Wunderhorn). 13-Zu Strassburg auf der Schanz (extrait de Des Knaben Wunderhorn). 14-Ablösung im Sommer (extrait de Des Knaben Wunderhorn). 15-Scheiden und Meiden (extrait de Des Knaben Wunderhorn). 16Nicht Wiedersehen! (extrait de Des Knaben Wunderhorn). 17-Selbstgefühl (extrait de Des Knaben Wunderhorn). | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Das Klagende Lied Dim 18 Mar - 1:40 | |
| -Das Klagende Lied :
La Composition :
Chacun s'accorde à reconnaître que les Romantiques ont choisi la tristesse, l'angoisse et la douleur comme sujets d'expression favoris. Loin de faire exception à cette règle générale, Mahler a fait de la souffrance -en post-romantique qu'il était- la base et la condition même de son art. Certes, il a su la dominer et la sublimer dans les grandes oeuvres de maturité qui, au delà de la résignation, atteignent à la sérénité. Mais au début de sa vie créatrice, ses premiers Lieder, sa Première Symphonie et sa Cantate Das Klagende Lied sont le fruit d'une jeunesse misérable, orageuse et tourmentée. La plupart d'entre elles naissent en période de crise et refléteront ses passions malheureuses. Ce sont des aveux, des confidences, voire des crises de désespoir. Contrairement à ce que l'on affirme en général, la plupart des oeuvres écrites par Mahler au Conservatoire étaient inachevées. A cette époque, "chaque ouvrage en chantier ne lui suffisait déjà plus avant même qu'il ne l'ait terminé". Avec ses trois Lieder de mars 1880, Das Klagende Lied (ou le "Chant Plaintif") est donc son premier ouvrage important et achevé. Le texte en a été rédigé par lui même à l'âge de 17 ans, en mars 1878, à la fin de son séjour au Conservatoire. Il est basé sur u conte de Ludwig Bechstein (1801-1860) connu de mahler depuis son enfance et lui même apparenté à L'Os Chantant des frères Grimm. Une version dramatique de ce conte, rédigée par un écrivain obscur nommé Martin Greif, avait été représentée en mai 1876 au Conservatoire de Vienne, sans doute en présence de Mahler. Celui-ci n'a rien retenu du texte de Greif, mais il peut cependant en avoir tiré son idée première : un opéra féerique en trois actes dont il devait parler bien des années plus tard au critique Paul Decsey. La version définitive n'a conservé que peu de traces de ce projet initial, à peine quelques traits de la seconde partie (Hochzeitstück). Le texte de 1878, avec ses longs récits et ses descriptions poétiques, n'a pas été pensé pour le théâtre, il suffit de le lire pour s'en persuader.
En 1880, Mahler tombe éperdument amoureux de la fille du Maître des postes d'Iglau, Josefine Poisl. Les parents de celle-ci voient d'un très mauvais œil cette idylle avec un jeune israélite sans argent et sans situation. Désespéré par le silence de Josefine, Mahler lui envoie au mois de mars les trois Lieder qu'il lui a dédiés, et c'est à elle très certainement qu'il pense aussi en composant Das Klagende Lied. Il traverse alors une période d'instabilité extrême, vivant du seul revenu de ses leçons. Il déménage sans cesse, chassé par les aléas de la misère ou seulement par le bruit qui le dérange dans son travail. Au mois d'octobre, au moment où il achève sa partition, il apprend successivement que plusieurs de ses êtres chers sont en train de sombrer dans la folie: une jeune fille dont il s'était épris quelques années auparavant et deux camarades de conservatoire, Anton Krisper, le confident des années noires, et Hans Rott, l'un des plus brillants espoirs de la jeune musique autrichienne. "Tout n'est autour de moi que douleur..., écrit-il à son ami Emil Freund. Elle revêt les plus curieux vêtements pour se moquer des enfants des hommes. Si tu connais sur terre un seul homme heureux, nomme-le moi vite avant que ne disparaisse le peu de courage qui me reste. "
A cette époque, Mahler est végétarien, son travail intensif l'épuise. Toutes les fois qu'il reprend un passage "insignifiant en apparence" du Klagende Lied, il est saisi d'une "étrange et forte émotion". Il croit voir émerger sa propre image d'un coin sombre de sa chambre. Comme s'il vivait tel ou tel épisode d'un conte hoffmannien, il lui semble que ce double cherche à se creuser un passage à travers le mur. Cette vision lui cause une douleur physique insupportable et déclenchera même, certain jour, une véritable crise nerveuse.
Le Prix Beethoven :
L'esquisse du Spielmann, première partie de l'ouvrage définitif, avait été terminée le 21 mars 1880 et celle du Hochzeitstück (la Noce) le sera sept mois plus tard. Une fois la partition achevée, il lui restait à la faire jouer. Or, pour un jeune compositeur ayant fait de Vienne sa patrie, il n'existe pas de meilleur moyen de s'imposer que de gagner le Prix Beethoven. Malheureusement, celui-ci est décerné par un jury des plus conservateurs, constitué par les compositeurs Brahms et Goldmark, le critique Hanslick, et le chef d'orchestre Richter. Comme on pouvait s'y attendre, les musiciens épris de tradition furent épouvantés par les audaces d'un ouvrage tout à fait révolutionnaire pour l'époque et ils accordèrent le prix de 500 Gulden à des compositeurs de moindre envergure, mais qui avaient au moins le mérite de ne pas discuter les conventions et les idées reçues. Mahler, qui se sentait né pour la gloire, et non pas pour la vie obscure d'un créateur pauvre et ignoré, allait donc choisir "l'enfer du théâtre".
La version définitive :
En décembre 1893 à Hambourg, Mahler retrouve Das Klagende Lied parmi d'autres manuscrits anciens. Il est aussitôt frappé par l'originalité de ce premier essai et s'exclame: "Je ne puis pas comprendre qu'une œuvre aussi étrange et aussi puissante ait pu jaillir de la plume d'un jeune homme de vingt ans... L'essentiel du Mahler que vous connaissez s'est révélé là d'un seul coup. Ce qui est pour moi le plus incompréhensible, c'est qu'il n'y ait rien à changer, même dans l'orchestration, tant elle est étrange et nouvelle!" Le travail de Mahler en 1893 est une "copie intelligente", une "mise au point de l'ensemble avec l'aide de son expérience de chef d'orchestre". Il diminue en particulier le nombre des solistes, qu'il ramène à trois et supprime le Waldmärchen. La première partition orchestrale complète a heureusement survécu. Elle démontre que Mahler possédait à vingt ans une maîtrise instinctive, mais absolument stupéfiante de l'instrumentation, bien qu'il n'ait encore dirigé que quelques opérettes dans un minuscule théâtre de ville d'eau. Il était né orchestrateur comme d'autres naissent pianiste ou violoniste. L'originalité des nombreux passages préservés dans la partition définitive est là pour le prouver. En 1899, lors d'une seconde révision de la partition en vue de sa publication imminente, Mahler rétablira certains détails de cette première version, en particulier l'orchestre placé derrière la scène dans le Hochzeitstück.
Mahler lui même avait prédit en 1893 "qu'il n'arriverait jamais à imposer Das Klagende Lied" et il se trompait à peine. Il le dirigea plusieurs fois en public, tout d'abord à Vienne en 1901, puis à Amsterdam, mais l'ouvrage fut en général mal accueilli par la critique. Aujourd'hui encore, il est méconnu et sous-estimé et cet oubli est notoirement injuste. Non seulement la partition révèle qu'à vingt ans Mahler avait déjà découvert tous les traits caractéristiques de son style, mais elle s'impose aujourd'hui encore par son étonnante maîtrise, sa puissante originalité et sa vie expressive. | |
| | | JMT
Nombre de messages : 24 Age : 90 Localisation : VIENNE (38) Date d'inscription : 06/04/2008
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Ven 11 Avr - 15:31 | |
| le Chant de la Terre (quel titre magnifique !!)
chef-d'œuvre de Mahler, pardon..., je voulais dire chef-d'œuvre de toute la musique...
version indépassable : Ferrier, Patzak, Walter.
pour la petite histoire : lors de l' avènement du CD, en 1982, je crois, DECCA a immédiatement, ou à peu près, édité sur ce support ce Chant de la Terre, comme pour un désir évident de préserver pour l' éternité une musique et un enregistrement uniques
en DVD : Ludwig, Kollo, Bernstein, superbes | |
| | | JMT
Nombre de messages : 24 Age : 90 Localisation : VIENNE (38) Date d'inscription : 06/04/2008
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 18:31 | |
| à propos de lieder :
il certain que l' absence de cadre rigoureux du lied donne à Mahler une liberté totale de composition et d' orchestration, et on peut y trouver des facettes complètement différentes de ses symphonies.
écoutons les lieder dans l' ensemble des compositeurs : bien sûr que Beethoven, Schubert, Schumann, Wolf on écrit des chefs-d'œuvre, mais pour le lied avec accompagnement d'orchestre Mahler depasse tous les autres, même Strauss, les plus sublimes lieder sont issus de son imagination, exemple : Urlicht, quelle splendeur ! je ne connais qu' une exception, tout aussi géniale : "le Spectre de la Rose" de Berlioz (encore lui...)
comme je reparle de Berlioz, dans mon message du 6 avril (forum Gustav Mahler - 22:45) je parlais de ce que Wagner et Mahler devaient à Berlioz pour l' évolution de l' orchestre, et j' avais omis un de ses principaux apports : l' utlisation comme instruments solistes des percussions, instruments prédominants chez Mahler, mais je pense que vous aviez corrigé de vous-mêmes cet oubli... | |
| | | joachim Le Chevalier mélomane
Nombre de messages : 1197 Age : 78 Localisation : Nord (Avesnois) Date d'inscription : 01/05/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 21:28 | |
| Je n'ai jamais été "très" lieder (ou mélodies françaises). C'est même l'aspect de la musique que j'aime le moins;
Pourtant j'adore ceux de Mahler, que ce soit le Chant de la Terre, le Chant du compagnon errant ou les Wunderhorn. Ces derniers sont mes préférés. Et on retrouve des wunderhorn jusque dans certaines symphonies (les 3 et 4 si je me souviens bien). | |
| | | Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 21:50 | |
| ou plutôt les 2 et 3...Je ne pense pas que le final de la 4 se retrouve dans un lied??...en tout cas pas dans Le Wunderhorn | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 22:35 | |
| si le final de la 4ème se retrouve bien dans un lied ! maintenant est-ce le Wunderhorn... j'ai un doute ce soir l'heure avancant. En plus celà fait longtemps que je n'ai pas ecouter de lied. | |
| | | Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 23:12 | |
| si je comprends bien une de mes notices...le lied final de la 4em, le texte en fait fait parti du poème Des Knaben Wunderhorn...mais Mahler ne l'a pas remis dans son reccueil de lied portant ce nom?? ...et sans doute pas dans un autre si le texte vient du même poème?? | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 23:13 | |
| houlalala ca devient trop compliquer pour moi ce soir... je vais réecouter tout ca demain, ce sera plus net dans ma tete lol | |
| | | Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 23:21 | |
| c'est moi qui ne suis pas clair!.... Il existe un poème qui s'appelle: Des Kanben Wunderhorn...de qui je ne sais pas! de ce poème..Mahler à tirer des textes pour faire son cycle de lied du même nom...et semble t'il un texte qui lui a servi pour le final de la 4eme... | |
| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 23:21 | |
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| | | Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 23:22 | |
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| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 23:25 | |
| oui j'aurais pu penser à le lire avant... mea culpa | |
| | | Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 23:26 | |
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| | | Bertrand Administrateur et Mahlerien du forum
Nombre de messages : 14522 Age : 41 Localisation : A Strasbourg dans mon musée imaginaire Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 23:30 | |
| ah c'est beau l'amitié meme dans l'erreur on fait pareil par solidarité | |
| | | Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Sam 19 Avr - 23:39 | |
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| | | Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Lun 2 Fév - 18:55 | |
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| | | ojoj
Nombre de messages : 2123 Age : 38 Localisation : Bayonne/Bordeaux Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Lun 2 Fév - 20:12 | |
| quel beau lieder!
mais quelle vilaine robe! | |
| | | Jean Sage du forum
Nombre de messages : 12123 Age : 81 Localisation : Hte Savoie Date d'inscription : 10/04/2007
| Sujet: Re: Les lieder de Mahler Lun 2 Fév - 20:25 | |
| bof çà des gouts et des couleurs | |
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| Sujet: Re: Les lieder de Mahler | |
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| | | | Les lieder de Mahler | |
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