Robert Schumann : les 4 symphonies

Les choix sont multiples dans cette "tétralogie" célèbre, sûrement la plus romantique qui soient. Relativement détendues, assez courtes, les symphonies de Schumann ne se ressemblent pas. C'est pourquoi je crois qu'il faut proposer et des intégrales, et des versions indépendantes.

Intégrales :

On en compte de multiples ! Mais peu sont constantes dans l'excellence. Il faut d'abord citer la version historique de Rafael Kubelik avec la Philharmonie de Berlin dans les années 60 : la prise de son est un peu datée, mais l'alliage cordes/bois/cuivres est presque parfait pour Schumann, dont on dit souvent que son orchestration est lourde et maladroite, ce qui n'est sûrement pas faux mais un peu caricatural.

On peut aussi citer l'intégrale de Leonard Bernstein avec les Wiener Philharmoniker dans les années 1980, pleines de vivacité, de joie et d'énergie. "Lenny" n'avait pas son pareil pour donner vie à la musique romantique et cette intégrale ne déroge pas à la règle. La prise de son est claire et fluide, l'orchestre obéit au doigt et à l'oeil à son chef et le tout est une parfaite réussite. Si on dénote quelques histrionismes dans les tempos, Bernstein n'en fait pas trop ici, comme par exemple dans Tchaïkovski ou dans Mahler où il a tendance à exagérer le message.

Karajan dans Schumann, c'est d'abord un orchestre brillant et compact, très cuivré, un legato constant et une perfection technique admirable. La "méthode Herbie", si elle ne convient pas pour tous les compositeurs, réussit plutôt bien à Schumann dont le corpus ressort grandi de ces interprétations très méditerranéennes. Dommage que le coffret, disponible chez DG, soit d'une cherté déroutante.

Deux autres intégrales me semblent sortir du lot, toutefois inférieures aux trois ci-dessus nommées : celle de Wolfgang Sawallisch, chef très sérieux, à la personnalité discrète mais efficace, qui réussit très bien à rendre les couleurs germaniques de la sonorité schumannesque et founit une interprétation vive et colorée ; celle de Giuseppe Sinopoli, chef que j'apprécie particulièrement, très "psychologue" et fouillée comme à son habitude, mais qui restitue très bien les méandres et les nuances de cette musique qui oscille entre gaieté, tourment et inquiétudes.

Symphonie n°1 "Le Printemps" :

Cette oeuvre gaie et légère est typiquement romantique. Elle doit à mon avis être interpretée avec fougue et vivacité, sans crainte d'exagérer un peu le côté rêveur de cette aimable pièce.

L'excellence interprétation de Christian Thielemann, chez DG (coffret 3 cd de toutes les symphonies), est pleine de vitalité même si les tempos sont plutôt personnels.

Wilhelm Furtwaengler fournit une version lente, poétique, comme d'habitude très expressive, mais parfois un peu outrée (lourdeur caricaturale du 3e mouvement).

Symphonie n°2 :

La seule du cycle qui soit réellement beethovénienne, avec ce que cela suppose en matière de signification : Schumann l'a composée juste après avoir appris qu'il souffrait d'une maladie mentale qui risquait à tout moment de lui faire perdre la tête (ce qui arriva effectivement en 1854, lorsqu'il fit une tentative de suicide). Il en a parlé lui-même comme de la "résistance de l'esprit". Brillante, passionnée et profonde, elle est la moins accessible du corpus. Trois noms émergent :

Thielemann, époustouflant de force et de réserve ici, avec le Philharmonia Orchestra, livre le meilleur opus de son intégrale.

Celibidache fait merveille dans cette oeuvre solide et bien plus méditative que les trois autres, qui ne s'accordent pas du tout avec son style lent et philosophique. Son interprétation avec Munich est normalement distribuée par EMI, quoique je vous mets au défi de la trouver. C'est chez un ami que j'ai eu l'occasion de l'écouter, expérience bouleversante.

Et enfin, je recite Bernstein, qui aimait cette oeuvre plus que tout, et qui lui insuffle une puissance que contrebalance idéalement un Adagio espressivo d'une lenteur extrême. C'est peut être excessif mais Schumann s'en accomode fort bien.

Symphonie n°3 :

Wand est à son aise dans cette oeuvre "à programme", inspirée de la Symphonie Pastorale de Beethoven. Son interprétation, alerte et desservie par une Philharmonie de Berlin sérieuse et disciplinée, n'est peut être pas "folle" mais elle convainc parfaitement, comme c'est souvent le cas avec ce chef allemand décédé en 2002.

Je dois aussi citer Giulini, avec le Los Angeles Philharmonic chez DG. La prise de son tout à fait exceptionnelle confère à cette interprétation poétique et très germanique un caractère serein et joyeux qui convient remarquablement à la musique de Schumann.

Symphonie n°4 :

Poème symphonique plus que symphonie en plusieurs mouvements, la 4e est peut être la plus difficile du corpus. Son caractère médiéval, passionné, amoureux, en fait une oeuvre romantique par excellence. On se croirait dans un univers féerique de châteaux forts, de chevalerie, de romans courtois et d'héroïsme enflammé.

Oeuvre pleine de contrastes, elle me semble être la "propriété" de Wilhelm Furtwaengler, qui en a livré des interprétations légendaires, notamment l'une avec la Philharmonie de Berlin en 1953 (disponible chez Archipel) qui surpasse tout ce qu'on a pu imaginer. Son sens inné de l'unité, des transitions, de l'évolution, fait plus que merveille dans cette oeuvre qui semble taillée sur mesure pour son style qui envisage avant tout la continuité d'une pièce.

La version de Szell avec Cleveland, disponible actuellement à très petit prix dans la série "United Archives", ne manque ni de panache ni de puissance, mais elle pâtit un peu d'un style rude qui gâte légèrement la poésie très sentimentale de certaines passages, notamment la romance. Mais que de fougue et d'emportement dans les mouvements extrêmes !

Merci pour ce sujet Spiritus !

Pas de quoi

Je m'occupe de Mozart et Brahms après manger !

Je ferai Bruckner ce soir !

Vous avez sous lma main toutes ces integrales pour faire toutes ces comparaisans?!!!
J'avais entendu une compraison due une radio mais ce devait être qu'une symphonie! Je preferais quant à moi la version de Sawallisch comme la majorite des participants.
j'ai achete l'integrale de Zinman avec Zurich elle m'a emballé, meme si elle a été un peu moins bien accueillie que elle de Beethoven dans la presse.
Je voulais réécouter la rénane ce soir et voila que je ne la retouve pas!! c'est quand un coffret!! voila ce que c'est d'avoir trop de disques!!

Pour ceux qui est de moi, j'ai tout les disques dont je fais la critique. Au pire je les ai emprunter en médiatheque.

Et zinmann dans Schumann tu connais?

Oui c'est très bien ! A l'image de ce qu'il a fait dans Beethoven et Mahler maintenant, celà n'a pas le lustre d'un Furtwangler, c'est meme tout le contraire, celà se veut plutot novateur. Je le conseille pour avoir une autre approche.

Jean a écrit:

Je voulais réécouter la rénane ce soir et voila que je ne la retouve pas!! c'est quand un coffret!! voila ce que c'est d'avoir trop de disques!!

J'ai le même problème, et ça m'arrive de plus en souvent de ne plus m'y retrouver ! L'autre jour, je voulais réécouter le concerto de Sibelius, je sais que j'ai le CD mais impossible de remettre la main dessus...

Pour les symphonies de Schumann, je ne peux pas faire de comparaisons vu que je n'ai qu'une seule version: l'intégrale de L. Bernstein (la première, celle avec le New York Philarmonic).

Pour Sibélius tu as peut être plus d'excuses..comme il est souvent couplé avce un autre concerto pour violon...donc un autre compositeur...(tu as quelle version?)

Marcus avec Bernstein tu es bien equiper car c'est de tout premier ordre !

Jean a écrit:

Pour Sibélius tu as peut être plus d'excuses..comme il est souvent couplé avce un autre concerto pour violon...donc un autre compositeur...(tu as quelle version?)

J'ai la version Ferras/Karajan (couplé avec des poèmes symphoniques du même Sibelius). Normalement j'essaie de classer mes CD par compositeurs, plus ou moins par ordre chronologique, mais celui-là il a dû être mal rangé .
Mais bon, en cherchant plus à fond, je sais que je finirai forcément par le retrouver...

Ah oui alors là mon enquête digne d'Hercule Poirot fait un ...flop :

Elementaire mon cher Jean !

Désolé si je suis hors sujet, mais je tenais à informer Jean que j'ai finalement retrouvé mon CD du concerto de Sibelius
Il était rangé très logiquement à côté de la symphonie n°5 de Mahler !

Par qui la 5ème ?

Je pensais bien que tu allais poser la question : Abbado avec le Chicago Symphony Orchestra (DG Galleria).

J'aime bien cette version, mais je n'en connais pas d'autres (avant d'essayer d'autres versions, il faudrait d'abord que je découvre les symphonies que je ne connais pas encore: 2, 3 et 4).

Je suis bien d'accord Marcus que la 2 et la 3ème sont vraiment geniales ! Pour ce qui est de l'Abbado j'ai aussi ! Ainsi que ses versions avec Berlin et Lucerne...

Marcus a écrit:

Désolé si je suis hors sujet, mais je tenais à informer Jean que j'ai finalement retrouvé mon CD du concerto de Sibelius
Il était rangé très logiquement à côté de la symphonie n°5 de Mahler !

T'as plus de chance que moi avec les symphonies de Schuman!!..

Moi je suis super tenter par la version de Thielemann dans la 3ème dite rhenane, c'est un jeune mais super chef, une futur Karajan nous dit-on...

Au fait..;j'ai retrouvé mes symphonies de Schumann avec Zinmann.....je cherchais un coffret! et ne me souvenais pas que c'était une presentatio double cd boitier comme un seul cd

et pis pas chere aussi la Zinman !

çà oui c'est un critère non négligeable...je viens de voir à la Fnac une nouveaté en double cd: l'integrale par Chailly et l'orch du Gewandehaus Leipzig....

oui mais le miracle n'est franchement valables que pour les 2 et 4èmes symphonies la 1 et 3èmes semblent plus moyenne mais j'ai pas de references...

Barenboim67 a écrit:

oui mais le miracle n'est franchement valables que pour les 2 et 4èmes symphonies la 1 et 3èmes semblent plus moyenne mais j'ai pas de references...

tu parles de Chailly?