Marie Charles Ferdinand Walsin Esterházy (16 décembre 1847 - 21 mai 1923) était un officier français, commandant dans le 74e régiment d'infanterie de ligne, dont la trahison a été à l'origine de l'affaire Dreyfus.
Né à Paris, il serait selon certaines sources le fils du général Walsin-Esterházy, apparenté à la famille princière austro-hongroise Esterházy, et selon d'autres sources le fils illégitime de Marianne Esterházy, qui eut une liaison avec le Marquis de Ginestous.
Orphelin, il est élevé en Autriche par un de ses parents et entre à l'école militaire de Wiener Neustadt près de Vienne. Il en sort officier de cavalerie et participe à la campagne de 1866 en Italie. Il rejoint ensuite le corps des zouaves pontificaux où il se mêle aux volontaires français. Il s'engage alors dans la Légion étrangère française avec laquelle il prend part à la Guerre de 1870. En 1872, il est nommé officier d'ordonnance du général Grenier, à Paris, où il s'illustre par ses spéculations boursières et ses nombreuses liaisons. En 1877, il est affecté au Deuxième Bureau, chargé des renseignements sur les troupes ennemies. Il y fait la connaissance du capitaine Hubert-Joseph Henry.
En 1886, Esterházy épouse Anne de Nettancourt. C'est à partir de 1894 qu'il commence ses activités d'espion à la solde des Allemands. Lié à l'attaché militaire allemand von Schwarzkoppen, il lui fournit des renseignements, vraisemblablement pour éponger ses dettes.
En 1896, le colonel Georges Picquart découvre qu'Esterházy est l'auteur du bordereau de l’affaire Dreyfus, ce qu'il reconnaitra ultérieurement dans une lettre publiée par le quotidien Le Matin le 18 juillet 1899. La hiérarchie militaire tente d'étouffer l'affaire. Quelques mois plus tard, Le Figaro publie des extraits de lettres d'Esterházy. Dans l'une d'elles, il affirme rêver d’entrer à Paris à la tête d’un régiment de cavalerie et de « sabrer cent mille Français ».
En novembre 1897, Mathieu, le frère d'Alfred Dreyfus, écrit au ministre de la Guerre pour dénoncer Esterházy comme l'auteur du bordereau. Estherázy demande alors lui-même à être jugé. Il comparaît devant un tribunal militaire le 10 janvier 1898 à huis clos. Le conseil de guerre prononce à l'unanimité son acquittement. Zola publie alors son fameux J'accuse.
Remis en liberté le 12 août 1898 et réformé quelques jours plus tard, après la découverte du « faux Henry », il s'exile à Londres. Dans son récit publié par Le Matin en 1899, il affirme avoir écrit le bordereau « sous la dictée », en obéissance aux ordres de ses chefs. Selon l'historien Henri Guillemin, Esterházy aurait rédigé le bordereau à la demande de Jean Sandherr, directeur du contre-espionnage militaire francais, le « Bureau de Statistique », pour confondre le généralissime Félix Gustave Saussier, qui aurait été la source des informations transmises. C'est également la thèse de l'historien militaire français Jean Doise qui soutient qu'Esterházy était en fait un agent double utilisé par les services français pour « intoxiquer » les Allemands afin de détourner leur attention au moment précis de la création ultra-secrète du futur canon de 75 Modèle 1897. Mais Marcel Thomas, par une enquête implacable, Jean-Denis Bredin et Vincent Duclert montrent que la réalité est plus prosaïque et qu'Esterházy a tout simplement trahi pour l'argent.
En août 1899, alors que s'ouvre le procès de Rennes, qui condamne Dreyfus à dix ans de prison avec « circonstances atténuantes », Esterházy n'est pas convoqué. De 1903 à 1906, il est le correspondant en Angleterre du journal antidreyfusiste La Libre Parole. En 1908 il s'installe dans la ville de Harpenden, dans l'est de l'Angleterre, et dissimule son identité sous le nom du comte Jean de Voilemont. De 1911 à 1917, il rédige des articles pour le journal L'Éclair.
Il meurt en 1923 à Harpenden, sans avoir jamais été condamné