Béla Bartók

Béla Bartók

Né en 1881 à Nagyszentmiklós en Hongrie (c’est-à-dire Saint-Nicolas le Grand, aujourd’hui Sânnicolau Mare en Roumanie), mort en 1945 à New York, compositeur, pianiste et collectionneur de musique folklorique d’Europe de l'Est.
Béla Bartók est né dans le Banat austro-hongrois à la confluence des cultures hongroise, roumaine et slovaque. Son père meurt en 1888 et sa mère institutrice lui apprend le piano. À l'Académie royale de musique de Budapest, il est l'élève d'Istvan Thoman (piano) et de Janos Koessler (composition). Il rencontre Zoltán Kodály avec lequel il recueille la musique folklorique hongroise : comme beaucoup de ses compatriotes, Bartók est sensible aux idéaux nationalistes. Pour Bartók comme d'ailleurs pour d'autres compositeurs hongrois comme Kodály, utiliser des musiques traditionnelles revêt une signification qu'elle n'avait pas dans les pays occidentaux.

Il écrit en 1903 une œuvre orchestrale, Kossuth inspirée par l'insurrection magyare de 1848, menée par Lajos Kossuth, contre l'empire d'Autriche. Ses premières compositions portent l’influence de Johannes Brahms et d'Ernö Dohnányi.
De 1907 à 1934, il enseigne le piano à l'Académie royale de Budapest. En 1907, il écrit Trois Chansons populaires hongroises, en 1908 son Quatuor à cordes n° 1. Il épouse en 1909 sa très jeune élève, Marta Ziegler (1893-1967) qui lui donnera un fils, Béla, l'année suivante.
En 1911, il présente ce qui devait être son seul opéra, le Château de Barbe-Bleue. Le gouvernement hongrois lui demande de retirer le nom du librettiste, Béla Balázs.

Pendant la Première Guerre mondiale, il écrit les ballets Le Prince de bois et Le Mandarin merveilleux, suivis par deux sonates pour violon et piano qui sont parmi les pièces les plus complexes qu'il ait écrites. En 1917, il écrit son Deuxième Quatuor à cordes.
En 1923, Béla divorce de Marta et se remarie avec son élève Ditta Pásztory. Ils feront ensemble des tournées en Europe en présentant des concerts pour deux pianos. Leur fils Peter naît en 1924. En 1927-1928, il compose ses Troisième et Quatrième Quatuors à cordes qui sont considérés comme les plus importants quatuors jamais écrits. Le Quatuor à cordes n° 5 (1934) est d'une écriture plus traditionnelle. Bartók écrit son Sixième et dernier quatuor à cordes, une œuvre triste et grinçante, en 1939, terminé après la mort de sa mère.

Il s'exile aux États-Unis en 1940. Il est chargé de recherches à la Columbia University de New-York. Les Bartók connaissent à cette époque des difficultés matérielles pesantes. Serge Koussevitzky lui passe commande du Concerto pour orchestre. Le bon accueil réservé à cette œuvre semble réveiller son intérêt pour la composition : il se met à écrire le Concerto pour piano n° 3 et commence son concerto pour alto. Il meurt de leucémie en 1945. Le Concerto pour alto et son Troisième Concerto pour piano sont terminés par son élève Tibor Serly. Béla Bartók sera exhumé du cimetière Ferncliff à Hartsdale le 25 juin 1988 et ses restes seront transférés au cimetière Farkasreti de Budapest.

Bartók et la musique folklorique - Dans un article de 1920, Bartók cite Zoltán Kodály : « Il nous a été transmis si peu de choses par écrit de la musique hongroise ancienne que sans des recherches sur la musique populaire, il ne peut même pas y avoir de conception historique de la musique magyare. (…) pour nous, la musique populaire a plus de signification que pour les peuples qui ont développé depuis des siècles leur style musical particulier. Leur musique populaire a été assimilée par la musique savante, et un musicien allemand trouvera chez Bach et Beethoven ce que nous devons chercher dans nos villages : la continuité d'une tradition musicale nationale. »

On trouvera un exposé sur le rôle du folklore en musique chez Bartók dans l’article de Wikipédia

Principales œuvres
On utilise souvent la numérotation d'András Szöllösy (Sz). Bartók cessa d'utiliser les numéros d'opus à partir de 1920.

Piano
Round Dance
Quatre pièces, (1903)
14 Bagatelles, op.6 (1907)
Deux Elégies, op.8-b (1908-1909)
Pour les enfants, (1908-1909, rév.1945)
Sept Esquisses, op.9-b (1908-1910)
Quatre Nénies, op.9-a (1909-1910)
Trois Burlesques, op.8-c (1908-1910-1911)
Deux Danses roumaines, op.8-a (1910)
Allegro barbaro (1911)
Musique de piano pour débutants, 18 pièces (1913)
Danse orientale (1913)
Sonatine sur des airs populaires roumains (1915)
Six Danses populaires roumaines (1915)
Noëls roumains, en deux séries de 10 (1915)
Suite op.14 (1916)
Trois Chants populaires hongrois (1914-1917)
Quinze Mélodies paysannes hongroises (1914-1918)
Trois Etudes, op.18 (1918)
Huit Improvisations sur des chants populaires hongrois, op.20 (1920)
Sonate pour piano (1926)
En plein air , 5 pièces (1926)
Neuf Petites Pièces (1926)
Trois Rondos sur des mélodies populaires (1916-1927-1927)
Mikrokosmos,153 pièces divisées en 6 livres (1926-39)

Musique de chambre
Quintette pour piano et cordes (1904)
Deux sonates pour violon et piano (1921-22)
Deux rhapsodies pour violon et piano (1928)
44 Duos pour deux violons (1931)
Sonate pour deux pianos et percussion (1937)
Contrastes pour violon, clarinette et piano (1938)
Six quatuors à cordes.
Sonate pour violon solo (1944)

Musique orchestrale
Kossuth (1903)
Deux Suite d'orchestre (op. 3 et op. 4) (1904,1907)
Deux Portraits, op. 5, pour orchestre
Deux Images, op. 10, pour orchestre (1910)
Quatre Pièces, op. 12, pour orchestre (1912)
Suite de danses, pour orchestre (1923)
Musique pour cordes, percussion et célesta (1936)
Divertimento, pour orchestre à cordes (1939)
Concerto pour orchestre (1943)
Danses populaires roumaines, pour orchestre

Œuvres pour instruments solistes et orchestre
Rhapsodie pour piano, op.1 (1904)
Scherzo (ou Burlesque) pour piano, op.2 (1904)
Quatre concertos pour piano : n° 1(1926), n° 2 (1930-1931), n° 3 (1945), concerto pour deux pianos et orchestre (adaptation de la sonate pour deux pianos et percussions, 1941)
Rhapsodie pour violon et orchestre n° 1 (1928-1929)
Rhapsodie pour violon et orchestre n° 2 (1928. Révisée en 1935)
Deux concertos pour violon : n° 1, posthume (1907-1908),o n° 2, Sz 112 (1937-1938)
Concerto pour alto (1945) (esquissé; orchestré par T.Serly)

Œuvres scéniques
Le Château de Barbe-Bleue, op.11 opéra (1911, création 1918)
Le Prince de bois, ballet op.13 (1914-1916)
Le Mandarin merveilleux, ballet pantomime op.19 (1918-1919)

Œuvres chorales
Quatre Mélodies populaires hongroises anciennes, pour chœur d'hommes à 4 voix (1910-1912)
Cinq Mélodies populaires slovaques, pour chœur d'hommes à 4 voix (1917)
Quatre Mélodies populaires slovaques, pour chœur d'hommes à 4 voix et piano (1917)
Scènes villageoises, 5 chants populaires slovaques pour voix de femme et piano (1924)
Quatre Mélodies populaires hongroises, pour chœur mixte à 4 voix (1930)
Cantata profana, cantate pour double chœur mixte, ténor, baryton et orchestre (1930)
Six chants sicules, pour chœur d'hommes à 6 voix (1932)
Vingt-sept Chœurs à 2 et 3 voix égales, en 8 cahiers (les 21 premiers chœurs pour voix d'enfants, les autres pour voix de femmes, (1935)
Des temps passés, 3 chœurs pour 3 voix d'hommes (1935)

Source : Wikipédia

on avait pas de sujet Bartok ? honte sur nous ! merci d'avoir reparer ca Jean Michel !!!

Œuvre pour piano, Zoltán Kocsis en huit volumes rassemblés en coffret, Philips 2005
___
Quatuors à cordes, Quatuor Juilliard (Sony 1963, 2001)

Musique pour cordes, percussions et célesta, Fritz Reiner, Mercury 1958, 2004

Kossuth, Le Prince des Bois, Zoltán Kocsis, Hungaroton 2006

Concerto pour orchestre, Karel Ančerl, Supraphon 1988

Concerto n° 2 pour violon et orchestre, Viktoria Mullova, Esa-Pekka Salonen, Philips 1997

Concertos pour piano, Géza Anda, Ferenc Fricsay, DG (The Originals)

Le Château de Barbe-Bleue, Christa Ludwig, István Kertész, Decca 1966, 1999

Le Mandarin Merveilleux, Antal Dorati, Mercury, 1964, 1995

Voilà, il ne reste plus qu'à faire le principal : quelques remarques à propos de ce qui nous fait vibrer à la musique de Béla Bartók. Et c'est par lui (et un ou deux autres) que j'ai véritablement découvert la musique !
Petite remarque sur l'usage hongrois qui présente d'abord le nom puis le prénom : en Hongrie on connaît Bartók Béla et non Béla Bartók.

J'aime pratiquement tout de lui, sa violence mêlée de tendresse, son lyrisme biscornu, ses recherches de textures avant-gardistes dans la "Musique pour cordes, percussion et célesta".

Parmi mes pièces préférées :

- Deux Images pour orchestre
- Quatre Pièces pour orchestre
- Le Château de Barbe-Bleue
- Le Prince de bois
- Le Mandarin merveilleux

J'ai essayé ses quatuors pour faire plaisir à un ami musicologue spécialisés dans les quatuors à cordes, mais je n'ai vraiment pas accroché

kfigaro a écrit:

J'aime pratiquement tout de lui, sa violence mêlée de tendresse, son lyrisme biscornu, ses recherches de textures avant-gardistes dans la "Musique pour cordes, percussion et célesta".

C'est justement l’œuvre qui m’a ouvert au monde de Bartok, elle reste une de mes préférées. J’en ai la version de Mariss Jansons (EMI 1990) qui ne me satisfait qu’à moitié. Toi, laquelle préfères-tu ?

P.S. J'ai retrouvé ma version Reiner chez Mercury

Celle de Boulez (très précise et nerveuse à la fois) mais je ne connais que 4 ou 5 versions pas plus...

cecile a écrit:

J'ai essayé ses quatuors pour faire plaisir à un ami musicologue spécialisés dans les quatuors à cordes, mais je n'ai vraiment pas accroché

Son 2ème quatuor est typiquement bartokien (harmonies sombres, rythmes nerveux et agressifs inspirés de la musique folklorique hongroise avec un son de quatuor qui sonne comme un vrai orchestre, c'est assez extraordinaire), si tu n'accroches pas à celui-là, c'est qu'effectivement ce musicien n'est pas pour toi...

Je trouve que ses quatuors sont plus ardus, plus "durs" que sa musique d'orchestre.

C'est cette dernière qui a ma préférence chez Bartok : d'abord le concerto pour orchestre, puis la Musique pour cordes percussions et célesta, la suite de Danses, les Rhapsodies...enfin, à peu près tout.

Ben moi qui n'aime pas trop les quatuors, franchement j'ai été épaté par les siens (même si je ne les connais pas encore tous...)

kfigaro a écrit:

cecile a écrit:

J'ai essayé ses quatuors pour faire plaisir à un ami musicologue spécialisés dans les quatuors à cordes, mais je n'ai vraiment pas accroché

Son 2ème quatuor est typiquement bartokien (harmonies sombres, rythmes nerveux et agressifs inspirés de la musique folklorique hongroise avec un son de quatuor qui sonne comme un vrai orchestre, c'est assez extraordinaire), si tu n'accroches pas à celui-là, c'est qu'effectivement ce musicien n'est pas pour toi...

Tu as parfaitement raison Kfigaro, ce compositeur n'est pas pour moi, je ne me suis pas bornée aux seuls quatuors, mais aussi à une symphonie et un concerto, même réaction, j'ai même essayé de m'influencer favorablement en lisant une brève biographie, le résultat a été négatif

Quatuors (Intégrale), Quatuor Juilliard (Sony 1963, 2001)
Quatuors 5 et 6, Quatuor Parkanyi (Praga 2006)
Quatuors 5 et 6, Quatuor Arcanto : A. Weithaas, D. Sepec, T. Zimmermann, J.-G. Queyras (HM 2007)
______
Le premier disque est une des interprétations classiques qui me rappelle nettement celle du Quatuor Vegh par lequel j’ai découvert ces œuvres, le deuxième a un côté très expressionniste et avec le dernier j’ai l’impression d’entendre ces quatuors d’une nouvelle oreille : un certain côté expressionniste mais aussi un allégement.

kfigaro a écrit:

Ben moi qui n'aime pas trop les quatuors, franchement j'ai été épaté par les siens (même si je ne les connais pas encore tous...)

comme quoi on réagit tres souvent différement et qu'on ne peut édicter de règles...Joachim aime bien Bartok mais pas trop ses quatuors..et toi ce sont les quatuors, dont tu n'es pas friands en général, qui t'on ouvert son univers.
Moi je ne me souviens plus par quelle oeuvre j'ai commencé..;mais j'aime beaucoup l
e concerto pour orchestre,
les 3 concertos pour piano,
les 2 concertos pour violon
la Musique pour cordes percu et célesta
la sonate pour deux piano et percu

j'aimerai retrouver la version de Judith avec Tatiana Troyanos!

Mon Mandarin merveilleux (en hongrois A csodálatos mandarin) - au sens qu'il suscite des merveilles, d'où l'anglais miraculeux.
Argument - Devant une maison louche des bas-quartiers d'une ville sordide et chaotique, une prostituée attire les passants vers trois mauvais garçons qui les dévalisent. Deux quidams sans le sou, un vieux beau et un jeune timide sont refoulés par les voyous. Arrive un riche mandarin, pigeon idéal, qui se laisse séduire par une danse lascive, une chasse voluptueuse. À trois reprises, par étouffement, coups de poignard et strangulation, les truands essaient d'assassiner le Chinois mais, bien que blessé, il semble immortel. Apitoyée, la prostituée chasse ses comparses et s'abandonne dans les bras du mandarin qui son désir assouvi succombe à ses plaies.
Cette partition n'est pas ma préférée de Bartok, un ballet-pantomime reste un peu trop narratif, mais comme je donne tout crédit au compositeur, je l'écoute avec attention et finalement avec plaisir.

Je vois que ma trouvaille du jour t'as inspirer, j'en reparlerai une fois ecoutée.

ah je n'avais vraiment pas imaginé une histoire pareille avec ce "mandarin"!!...

oui on est loin de la carte postale exotique

moi qui imaginais un genre de conte de fée merveilleux

Jean a écrit:

moi qui imaginais un genre de conte de fée merveilleux

Mais Bartok est un compositeur infréquentable ! Nationaliste à une époque où c'était de la rébellion. Chercher ses rythmes dans la musique populaire, est-ce bien sérieux ?

Il existe aussi une version concertante enregistrée par Esa-Pekka Salonen (dans Le Sacre du Printemps, DG 2006), 18 minutes au lieu de 28 chez Dorati :

un version concertante du Mandarin Merveilleux??..;pour quel instrument soliste?

Ah, petite mise au point sur la traduction : version de concert, opposée à version de pantomime.

En fait elle est finalement à peine plus courte, on se demande à quoi elle sert réellement ? (à part à économiser les frais d'une chorale).

Sinon la partition papier du "Mandarin" est redoutable, j'admire les chefs qui sont capables de jouer correctement une telle diablerie (saviez-vous qu'on pouvait même y trouver des 1/4 de tons ! extrêmement peu certes mais tout de même...)