Béla Bartók

j'ecoute ca a cette heure

La première fois que j'ai écouté le Mandarin, j'étais ado, et tout rempli de Beethoven et de Mozart. C'est dire si j'avais trouvé cette musique horrible (comme le Sacre, d'ailleurs). Mais comme on évolue, je l'ai peu à peu apprécié, et maintenant je l'aime beaucoup.
Mais de lire le sujet du ballet tout en l'écoutant apporte beaucoup aussi, je trouve.

Je dois ma passion pour la musique classique du XXème siècle à 2 oeuvres toujours majeures à mes yeux 40 ans après (!) : le Concerto pour orchestre de Bartok et les suites de l'Amour des Trois Oranges de Prokofiev. Bartok qui, avec le recul, m'apparaît aujourd'hui très "classique" (comparé à Webern, Boulez, Varèse,...) me fascine toujours autant par son raffinement mélodique et rythmique. Ce qui se dit en revanche sur sa prétendue intégration du folklore hongrois m'emm... au plus haut point et me semble d'un intérêt plus que mineur. Sa musique, il faut l'écouter. Point. Après, ça plaît ou ça plaît pas et c'est alors un autre problème.
Bien sûr, j'apprécie énormément chez lui également :
- la Musique pour cordes, percussion et célesta,
- le Mandarin merveilleux,
- les Concertos pour piano,
- les concertos pour violon,
- les tableaux hongrois,
- le Prince de bois,
- la sonate pour 2 pianos et percussion.
En revanche, le Chateau de Barbe Bleue me laisse assez froid de même que ses quatuors à cordes.
Il y a chez Bartok une précision dans la construction musicale qui ressort nettement à l'analyse (celles que j'ai pu lire, pas les miennes...) et qui s'entend forcément.
Enfin, un étonnement permanent de ma part lorsque j'entends dire par des prétendus experts que le Concerto pour orchestre est une oeuvre "facile". Elle est si facile que beaucoup de chefs s'y plantent complètement.

tu aimes sa sonate pour deux pianos et percussions?..curieusement je crois que j'ai commencé par là avec lui...par hasard!

Jean a écrit:

tu aimes sa sonate pour deux pianos et percussions?..curieusement je crois que j'ai commencé par là avec lui...par hasard!

J'ai mis une dizaine d'années avant de la trouver audible. Faut reconnaître que c'est assez hermétique comme oeuvre mais, lorsqu'on "trouve la clé", c'est formidable (sous réserve d'excellents interprètes, ce qui ne va pas forcément de soi avec une telle partition...)

comme quoi les expériences des uns ne sont pas celles des autres!

Zeloub a écrit:

Ce qui se dit en revanche sur sa prétendue intégration du folklore hongrois m'emm... au plus haut point et me semble d'un intérêt plus que mineur. Sa musique, il faut l'écouter.

Je suis entièrement d’accord : écouter avant tout, folklore hongrois ou pas. Mais il me semble tout de même intéressant de savoir que Bartók avec d’autres (Kodaly, etc.) s’est préoccupé de la musique nationale, c’est-à-dire qu’il a eu une attitude politique qui était loin d’être celle qui lui ouvrirait les portes officielles. Quant à l’« intégration du folklore hongrois », je crois comprendre que c’est elle qui donne donne son ton particulier à sa musique.
Mais je reste entièrement d’accord : écouter avant tout !

Zeloub a écrit:

En revanche, le Château de Barbe Bleue me laisse assez froid de même que ses quatuors à cordes.

Sur le Château de Barbe Bleue, j’ai la même sensation (trop « opéra » pour moi sans doute). Les quatuors, ça m’étonne un peu, puisque je partage grosso modo ton classement par ailleurs.

Zeloub a écrit:

Bien sûr, j'apprécie énormément chez lui également :
- le Prince de bois,
...
En revanche, le Chateau de Barbe Bleue me laisse assez froid de même que ses quatuors à cordes.

c'est étrange car ses quatuors sont d'une part pas si éloignées de la "Musique pour cordes, percus et celesta" et d'autre part parce que, sur bien des plans, le "Château" est clairement dans la lignée du sublime "Prince de bois" que tu adores tout comme moi : je pense surtout aux textures typiquement bartokiennes avec ses bois, ses harpes , etc... en fait on retrouve le même type de couleurs, hormis les voix bien sûr. Mais personnellement j'adore la forme opératique de manière générale donc j'ai peut être un léger avantage sur vous pour rentrer dans cette oeuvre ?

Zeloub a écrit:

Enfin, un étonnement permanent de ma part lorsque j'entends dire par des prétendus experts que le Concerto pour orchestre est une oeuvre "facile". Elle est si facile que beaucoup de chefs s'y plantent complètement.

Entièrement d'accord avec toi, je pense par contre que leur critique est uniquement d'ordre esthétique, et en général ceux qui affirment ça préfèrent sûrement le Bartok le plus âpre, dissonant ou ultra expressionniste et donc le moins "aimable"...

pour les amateurs des quatuors de Bartok, une ecoute comparative

Mais faites vite car le lien sonore ne sera plus valide ce soir.

je ne prefèe pas essayer...je vais encore me faire ejecter d'internet!!...c'étais les rois de la galette?

Oui c'est ca. C'est vrai que c'est pire qu'un boite de nuit internet de nos jours, il y a des videurs partout lol

Autre portrait

de fort bonne réputation

J'ai craqué pour les Takacs en dvd !

Volume 7 des œuvres pour piano : Rhapsodie, Suite de danses, quatre pièces pour piano, Marche funèbre extraite de Kossuth, par Zoltan Kocsis (Philips 2001)

Du piano, mais dans ce volume du piano presque toujours animé et imposant – ce qui n’est pas le cas d’autres œuvres, comme Pour les enfants.

ca m'interesse ce commentaire, je louche du coté de la serie complete

Je suis immédiatement frappé par l’accord entre l’orchestre et le violon : Boulez asseoit d’entrée une atmosphère dans laquelle vient se glisser le violon. Salonen se tient en retrait et laisse le violon de Viktoria Mullova dominer – ce que souligne la prose de son. Chez Laurent Korcia et Sakari Oramo, c’est un peu pareil mais cela tourne à la caricature comme si on essayait de « déconstruire » le concerto. En résumé, je trouve qu’il y a chez Gil Shahan et Pierre Boulez une magie qu’on ne retrouve pas chez les autres - Viktoria Mullova a un beau violon mais je n’ai pas toujours l’impression que le violon et l’orchestre dialoguent, ils semblent parfois jouer chacun de son côté.

Je me suis mis à écouter la quatuor n° 5, si beau dans ses rythmes, par le quatuor Juilliard (1963) et plus récemment par le quatuor Parkanyi (Praga) et le quatuor Arcanto (HM 2007). Je suis bien ennuyé, je les repasse l'un après l'autre... Réflexions pour un autre jour !

ennuyé pour savoir lequel tu préfères?

Oui, je m'étais dit que j'allais comparer un peu mes impressions. J'ai bien été un peu interrompu, mais c'est plus difficile que je ne le croyais.

Je me suis obstiné. C’est le quatuor n° 5, en particulier son allegro du début, qui me guide dans mes remarques.
Juilliard, c’est un Bartók distant qui privilégie une certaine froideur. C’est une version tranchante, impitoyable comme j’aime souvent chez Bartók.
Parkanyi, c’est tout le contraire, un Bartók passionné qui a tendance à tout emporter sur son passage. C’est assez surprenant, mais c’est aussi convaincant, on suit de bout en bout les interprètes : preuve que ça marche !
Arcanto, c’est plus difficile à dire, c’est une version hédoniste qui a des relances régulières après certains passages. Je l’aime bien, elle laisse toujours entrer l’auditeur dans la musique en venant le chercher alors que les Juilliard et les Parkanyi sont chacun implacables à leur manière.
Je refuse de répondre à quelqu'un qui me demanderait : si tu n’en emportes qu’un, ce serait lequel...

eh oui...la musique est bien trop riche pour n'avoir qu'une interprétation idéale...encore un exemple!

La version fort connue et fort belle des Keller ne faisait pas partie de ma collection de quatuors de Bartók. C’est chose faite. La prise de son est par ailleurs parfaite (première publication, Erato)