Léopold Ier de Habsbourg (né à Vienne en 1640, décédé à Vienne le 5 mai 1705), roi de Hongrie, et roi de Bohême (1657), puis archiduc d'Autriche et empereur germanique (1658). Fils de Ferdinand III de Habsbourg (1608-1657) et de Marie-Anne d'Autriche, infante d'Espagne (1606-1646).[1]
Fils cadet de l'empereur Ferdinand III, il était destiné à l'Église quand la mort de son frère aîné, déjà roi de Hongrie sous le nom de Ferdinand IV, le fit héritier du trône à 14 ans.
Empereur à 18 ans, il accueillit les princes de Lorraine chassés de leurs duchés par les troupes de Louis XIV et se lia d'une grande amitié avec l'héritier du trône lorrain, le futur Charles V. Il soutint ce dernier, allant jusqu'à permettre son mariage avec sa sœur Éléonore, veuve du roi de Pologne. Pour leur épargner les ragots de la cour et leur permettre de vivre selon leur rang, Léopold donna à Charles le gouvernement de la province du Tyrol
Un souverain pacifique
Profondément pacifique mais entouré d'ennemis, Léopold Ier passa une bonne partie de sa vie à faire la guerre, réussissant à neutraliser la puissance ottomane.
Avec l'Empire il héritait une guerre avec la Suède à laquelle il mit fin dès 1660.
Puis ce fut une première guerre contre les Turcs (1663-1664) mais qui se termina dès août 1664 par la victoire du généralissime Raimondo Montecuccoli à la bataille de Saint-Gothard sur la Raab — la seule où le Roi de France ait jamais été allié des Habsbourg contre les Ottomans, et la conclusion d'une trêve de vingt ans au Traité de paix de Vasvár.
Après une victoire militaire pourtant décisive, ce traité permettait au Sultan de conserver ses conquêtes faites depuis 1660, notamment aux dépens de Pierre Zrinski, seigneur de Cakovec, qui y vit une trahison par l'empereur de ses engagements de défense en tant que Roi de Hongrie ; en 1670, les seigneurs croates Pierre Zrinski et Franjo Kristof Frankopan complotèrent avec les "malcontents de Hongrie" pour détacher des Habsbourg la couronne de Hongrie, la proposant au Roi de Pologne, à Louis XIV et en désespoir de cause au Sultan lui-même. Ils furent exécutés en 1671 et leurs terres confisquées.
À l'expiration de la trêve de Vásvar, les Ottomans repartirent en guerre et mirent le siège devant Vienne le 14 juillet 1683 sous la direction du Grand Vizir Kara Mustapha. L'armée de secours dirigée par le Duc Charles V de Lorraine et le Roi de Pologne Jean III Sobieski écrasa les assiégeants le 12 septembre 1683 à la Bataille du Kahlenberg. Ce fut le point de départ d'une "guerre de libération" qui devait se conclure en 1699 par le Traité de Paix de Karlowitz (en serbe Sremski Karlovci), qui rendait à la couronne de Hongrie ses possessions de Slavonie, Syrmie, Bácska et Banat, que Soliman le Magnifique avait conquises au XVIe siècle.
Entre-temps, Léopold avait affermi la possession des Habsbourg sur cette couronne,en obtenant en 1687 à Presbourg (alors capitale de la Hongrie sous le nom allemand de Preßburg, hongrois de Pozsony, croate de Požun, aujourd'hui en slovaque Bratislava) que le Roi de Hongrie ne soit plus choisi par une assemblée nobiliaire mais par voie héréditaire de primogéniture. En même temps, il faisait abolir l'article 31 de la Bulle d'or de 1222 qui autorisait la noblesse à se révolter contre le Roi de Hongrie si celui-ci violait le Droit.
Léopold eut moins de chance dans ses guerres contre Louis XIV, guerre de Hollande (1672-1679) puis guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697). Avant sa mort, il engagea l'empire dans une troisième guerre, la guerre de Succession d'Espagne. A partir de 1703, il dut faire face à une révolte soutenue par la France et menée par François II Rákóczi en Hongrie. Celle-ci ne fut jugulée qu'après sa mort, en 1711.
La reconstruction économique au lendemain de la guerre de Trente Ans
Léopold Ier poursuivit la reconstruction économique entreprise par son père Ferdinand III et l'on admet qu'à la fin du règne la Monarchie autrichienne avait retrouvé un niveau de population comparable à celui de 1618,au début de la guerre de Trente Ans.La guerre de Hongrie stimula l'industrie des fournitures de guerre pour la production d'armes,de munitions et de draps aux armées en campagne.Dès 1684, la Chambre des Comptes passa de multiples marchés avec les corporations et les nobles possédant des manufactures en Bohême-Moravie. Cette croissance dû au dynamisme apparent du mercantilisme dont les véritables bénéficiaires étaient les aristocrates de Cour qui avaient compris que l'industrie et les prêts à l'empereur étaient des placements infiniment plus rentables que l'agriculture: il suffisait d'une croissance momentanée de la demande pour que les manufactures produisent davantage.
La seconde moitié du XVIIe siècle est marquée par l'essor de la pensée économique dans le Saint Empire Romain Germanique ainsi qu'en Bohême.Deux groupes de personnalités se sont intéressés au développement économique: d'une part des hommes d'affaires et des officiers de finance de Bohême et d'Autriche,d'autre part,une équipe de conseillers personnels de Léopold, les Caméralistes.Ce groupe d'intellectuels étrangers aux Pays Héréditaires a entraîné l'empereur sur la voie du développemnt industriel et du grand commerce.Tâche d'autant plus aisée que le monarque jalousait les succès économiques de Louis XIV qui, sans mines d'or ni d'empire colonial américain retirait par l'essor du colbertisme des ressources considérables de la population active et du commerce.
A l'origine de ce groupe,on trouve le franciscain Don Cristobal Rojas Y Spinola (1626-1695),hispano-gênois natif des Provinces-Unies qui avait été profondément marqué par la guerre de Trente Ans; il voulait restaure l'unité du christianisme par le dialogue interconfessionnel qui passait selon lui par la reconstruction économique de l' Europe Centrale.Dès 1660,il proposait à l'empereur la création d'une Compagnie des Indes Orientales disposant d'un capital de un million et demi de florins et de vingt-cinq navires; en 1665, il tentait de convaincre le monarque de transformer en un marché unique le Saint Empire.De même JOhann Joachim Becher né en 1635,rhénan et protestant converti.En 1664, il passa au service de l'Electeur de Bavière en créant des manufactures drapières utilisant la laine des ovins bavarois et pensait résoudre les difficultés de la Bavière en pronant l'union douanière avec les Pays Héréditaires qui aurait constitué une première étape dans la création du mercantilisme d'Empire.Selon Becher, la vraie richesse d'un Etat résidait dans sa population active, il fallait donc favoriser l'expansion démographique en lui donnant des moyens de subsistance appropriés.Becher concevait l'Etat comme une communauté économique composée de l'ordre des paysans,de l'ordre des artisans et de l'ordre des marchands qui prenait le contrepied de la société d'Ordres issue du moyen-âge.
Léopold vieillissant s'est désintéréssé de favoriser une politique économique plus dynamique,sauf de faire droit à des voeux exprimés par les Diètes.De 1700 à 1705, la Cour s'est avant tout préoccupée d'empêcher l'exportation de devises et l'importation de produits manufacturés.La politique économique de la Diète de Bohême n'eu pas plus de succès sous son régne.Durant toute cette période, les communications en Bohême étaient difficiles: les réseau routier était en mauvais état du fait que les sept cents propriétaires des péages privés n'entretenaient pas les voies.; en outre, elles n'étaient pas sûres d'après les nombreuses doléances émises par la Diète bohémienne à la fin du siècle.Elle avait vainement réclamé la régulation des cours de l'Elbe et de la Vltva pour les rendre plus aisément navigables ainsi que des mesures en faveur de l'industrie.
L'échec relatif de la politique mercantiliste de Léopold est dû à l'absence d'union douanière au sein du Saint-Empire, au corporatisme, à l'apathie bureaucratique et à l'indolence de la Cour,aux querelles confessionnelles,à l'état de guerre endémique à l'ouest comme à l'est,aux préjugés des possédants à l'égard des produits locaux ainsi qu'à l'hostilité des marchands et des maîtres de métiers envers toute innovation.De ce fait, Léopold n'a rien pu réaliser de décisif dans l'effort de développement industriel qui s'est interrompu dès le déclenchement de la guerre de Succession d'Espagne (1701-1714).
Mariages et descendance
Sa cousine Marie-Thérèse d'Autriche, fille aînée du roi d'Espagne Philippe IV (1605-1665 donnée en mariage par le traité des Pyrénées au roi de France Louis XIV (1660), il épouse en 1666 la demi-sœur de celle-ci, sa nièce Marguerite-Thérèse d'Autriche, infante d'Espagne (1651-1673).
Ils eurent une fille :
Marie-Antoinette (1669-1692) qui épouse en 1685 Maximilien II (1662-1726), électeur de Bavière.
En 1673, Léopold Ier épouse en secondes noces Claude-Félicité d'Autriche-Tyrol (1653-1676). Il n'en a que deux filles mortes au berceau.
En 1676, il épouse en troisièmes noces Eléonore de Neubourg (1655-1720) dont il aura dix enfants :
Joseph (1678-1711), futur empereur Joseph Ier ;
Marie-Christine (1679-1679) ;
Marie-Élisabeth (1680-1741), gouvernante des Pays-Bas ;
Léopold-Joseph (1682-1684) ;
Marie-Anne (1683-1754), reine de Portugal, mariée à Jean V, roi de Portugal ;
Marie-Thérèse (1684-1696) ;
Charles (1685-1740), futur empereur Charles VI, prétendant au trône d'Espagne en 1700 ;
Marie-Josèphe (1687-1703) ;
Marie-Madeleine (1689-1743), grande-maîtresse de l'Ordre des Dames de la Croix-Etoilée ;
Marie-Marguerite (1690-1691).