Le 26 septembre 1891, Charles Munch voit le jour à Strasbourg. Il nait allemand, l’Alsace, ou plutôt le « Reichsland Elsass-Lothringen », ayant été rattachée à l’Allemagne par le traité de Francfort en 1871, traité qui marqua la fin de la guerre franco-prussienne.
Dans ces jeunes années, Munch fréquente, peu, l’Université de médecine, mais étudie surtout le violon au Conservatoire de sa ville natale, qui servait à l’époque de ville-vitrine à l’Empire Prussien, soucieux de faire valoir sa richesse culturelle à son ennemie directe, la France.
Lorsque la Première guerre mondiale éclate, Munch est enrôlé dans l’armée allemande et se bat sous l’uniforme de sergent de l’armée impériale. Il sera d’ailleurs blessé et gazé à Verdun. A la fin de la guerre, en 1919, le traité de Versailles consacre le retour de l’Alsace à la France. De toute nouvelle citoyenneté française, Munch part, paradoxalement, se perfectionner à Berlin avec le légendaire violoniste Carl Flesh. Il devient par la suite second violon solo de l’Orchestre de Strasbourg et enseigne également au Conservatoire de la ville.
Entre 1925 et 1932, il est nommé professeur au Conservatoire de Leipzig et remporte le concours de recrutement au poste du premier violon du prestigieux Orchestre de Gewandhaus.
Mais en 1932, Munch décide de quitter définitivement l’Allemagne à la montée du « national-socialisme ». Il s’installe à Paris et se consacre à la direction d’orchestre. Charles Munch dirige son premier concert le 1er novembre 1932 au Théâtre des Champs Elysées.
Par la suite, il prend la direction de l’Orchestre de la Société Philharmonique de Paris et de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris, tout en continuant d’enseigner à l’Ecole Normale de Musique de Paris.
Pendant la Deuxième guerre mondiale éclate, il apporte son aide active à la Résistance en reversant ses cachets et en protégeant des musiciens juifs ou des résistants recherchés par la Gestapo. Par conviction, il refusera même de diriger en Allemagne… En novembre 1944, lorsqu’il apprend la libération de Strasbourg, il interrompt le concert qu’il est en train de donner à Paris et fait jouer La Marseillaise à son orchestre arrachant des larmes d’émotion au public.
La fin de la guerre voit sa carrière de chef se développer à l’international. Charles Munch est invité à diriger dans les plus grandes villes américaines : New-York, Chicago et surtout Boston, puisque en 1949, il prend la succession de Serge Koussevitzky à la tête du mythique Orchestre symphonique de Boston.
Malgré l’admiration que lui portent les américains, et les américaines (celles-ci n’hésitant pas à le surnommer « The beau Charles »), Munch refusera toujours la nationalité américaine, restant farouchement attaché à sa terre natale.
A la tête de l’Orchestre de Boston, il effectue deux grandes tournées européennes : en 1952 et en 1956. Au cours de cette même année, dans le contexte de la « guerre froide » et la lutte idéologique soviéto-américaine, Charles Munch et son orchestre seront la première formation américaine à jouer en URSS. En 1962, Charles Munch quitte Boston pour mener une carrière de chef invité.
De retour en France, il dirige à de nombreuses reprises l’Orchestre National de la Radiodiffusion Française (actuellement l’Orchestre National de France) et l’Orchestre des Concerts Lamoureux.
En 1967 et sur la demande de Marcel Landowski, alors directeur de la musique, et du Ministre de la Culture André Malraux, Munch accepte de présider à la naissance de l’Orchestre de Paris. Il dirige le premier concert de l’orchestre le 14 novembre 1967 au Théâtre des Champs Elysées. La naissance de l’Orchestre de Paris est saluée comme un évènement national.
Après une série de concerts triomphaux aux Etats-Unis et au Canada, Charles Munch donne son ultime concert à Raleigh, en Caroline du Nord à la tête de l’Orchestre de Paris le 3 novembre 1968. Il décède trois jours plus tard à l’âge de 77 ans.