Igor Fiodorovitch Stravinski(Игорь Фёдорович Стравинский)
(Oranienbaum, Russie, 1882 - New York, 1971)
Compositeur et chef d'orchestre russe naturalisé français en 1934 puis américain en 1945.
Composée sur près de soixante-dix années, l'œuvre de Stravinski a des styles très différents. Le compositeur devint célèbre par les trois ballets qu'il composa pour les Ballets russes de Diaghilev : L'Oiseau de feu (1910), Petrouchka (1911) et surtout Le Sacre du printemps (1913) qui eut un effet considérable sur la façon de concevoir le rythme en musique. Dans les années 1920, ses compositions se rapprochèrent du néoclassicisme en empruntant aux formes traditionnelles (concerto grosso, fugue et symphonie). Dans les années 1950 enfin, Stravinski composa selon les principales sériels.
Igor Stravinski prend des leçons de piano à neuf ans et préfère l’improvisation aux leçons. Il suit des cours de droit à Saint-Pétersbourg tout en prenant des leçons d'harmonie et de contrepoint. La rencontre de Stravinski avec Nikolaï Rimski-Korsakov pendant l'été 1902 est particulièrement importante. La première œuvre composée par Stravinski lors de son apprentissage avec Rimski-Korsakov est la Symphonie en mi bémol en 1907, suivie du Scherzo fantastique et du Feu d'artifice.
Au moment où Diaghilev découvre Stravinski, il est déjà très populaire à Paris par ses concerts de musique russe. Il commence à donner des ballets à partit de 1909. Il demande demande à plusieurs compositeurs d'orchestrer des pièces de Chopin pour les Sylphides. Impressionné par le Feu d'artifice qu'il vient de voir, il demande à Stravinski d'orchestrer le Nocturne en la bémol majeur et la Valse brillante en mi bémol majeur destinés à son futur spectacle.
Après L'Oiseau de feu à l'harmonie chaleureuse qui remporte le succès et qui relève de la tradition post-romantique, les deux ballets suivants que Stravinski composera pour Diaghilev seront « polytonaux » et juxtaposeront les séquences rythmiques. Les deux années suivantes, Stravinski compose très peu : deux cycles de chants et une brève cantate mystique, Le Roi des étoiles. Il compose cependant le Sacre du printemps qui va devenir son œuvre la plus célèbre et qui lui assurera une place parmi les compositeurs du XX° siècle. Sa création, une des plus scandaleuses de l'histoire de la musique, eut lieu le 29 mai 1913 au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris, sur une chorégraphie de Vaslav Nijinski.
Entre 1914 et 1917, Stravinski compose Les Noces qui relatent un mariage paysan russe. Comme il ne se décide pas à l'instrumenter l'œuvre, il ne l'achèvera que six ans plus tard, pour voix, quatre pianos et percussions. C'est entre 1915 et 1916 que le compositeur termine Renard (pour quatre voix et dix-sept musiciens), d'après le conte populaire russe du renard et du coq. Pendant la guerre, Stravinski se trouve dans une situation matérielle difficile. Il imagine un spectacle de poche ambulant en collaboration avec l'écrivain Charles Ferdinand Ramuz et le chef d'orchestre Ernest Ansermet : L'Histoire du soldat, spectacle pour trois récitants et sept musiciens, terminé en 1918, sa première œuvre néoclassique qui s’étend jusqu'à l'opéra The Rake's Progress en 1951. Il emprunte alors aux musiques de Machaut, Bach, Weber, Rossini, Tchaïkovski. De 1921 à 1924, Stravinski vit à Biarritz et rencontre Ravel, Alexandre Benois, Arthur Rubinstein, mais surtout Coco Chanel et une riche Chilienne qui deviendra son mécène, Mme Errazuriz. Il compose la Symphonie d'instruments à vent (1920), l'Octuor pour instruments à vent (1922-1923), la Symphonie de psaumes (1929-30), la Symphonie en trois mouvements (1945), Orphée (1947) ou la Messe (1948), mais aussi l'opéra bouffe Mavra (1922), l'opéra-oratorio Œdipus Rex (1928), les ballets Apollon musagète (1928) et Jeu de cartes (1936), le mélodrame Perséphone (1934), le concerto Dumbarton Oaks (1938) et la Symphonie en ut (1940).
Vers 1950, il compose selon un sérialisme très personnel, plus dans la lignée de Webern que de Schönberg : les Trois chants de Shakespeare (1953), In memoriam Dylan Thomas (1954) puis, surtout, le Canticum Sacrum (1956) et le ballet Agon (1957). Son style est alors dépouillé, austère où l'inspiration religieuse tient une place importante : Threni (1958), Abraham et Isaac (1963) chanté en hébreu, Introïtus (1965) ou les Requiem canticles (1966).
Pour Stravinski, la musique est destinée à « instituer un ordre dans les choses, y compris et surtout un ordre entre l'homme et le temps [...]. La construction faite, l'ordre atteint, tout est dit[réf. nécessaire]. »
On a l'habitude de diviser l'évolution de Stravinski en trois périodes : russe, néoclassique et sérielle. Mais il recrée plus qu'il n'emprunte le matériau folklorique, et les éléments de son langage sont moins russes que l'aboutissement de traditions occidentales. Son néoclassicisme n’est pas un pastiche mais le point de départ de la recherche de l'objectivité stylistique dans le cadre de l'universalité de la forme et de l'esprit, ce qui explique son intérêt pour les sujets intemporels et presque rituels. Ses œuvres sérielles poussent à ses plus extrêmes conséquences le souci de rigueur au détriment de l'élément subjectif.