Alexandre Tharaud

Bertrand a écrit:

tu savais que Tharaud avait fait le carnaval des animaux...?

Je l'ai même mis dans la discographie. Mais moi et cette partition, ça fait deux. Même s'il figure dans la distribution parmi bien d'autres, je n'y suis pas allé voir.

Extrait de l'entretien avec Franck Mallet (Classica mars 2007), à propos du disque Couperin

J’ai mis l’accent sur le jeu, en recherchant la notion de plaisir. J’ai souvent joué plusieurs de ces pièces en bis (le Tic-toc-choc, Les Barricades mistérieuses, La Couperin), donc des moments de pure joie. J’ai également enregistré ce disque pour renouer avec le plaisir associé à l’album Rameau. Au piano, on peut créer un espace, jouer sur la dynamique, bâtir un petit théâtre de miniatures. (…) On peut imaginer beaucoup de choses à partir de ces titres si évocateurs et pour certains si énigmatiques, au point qu’on n’en connaît pas l’explication – c’est comme une action livrée à l’inconnu.

interessant jusqu'au bout ce Tharaud

Il a un art de la confidence que bien d'autres n'ont pas. Le mot de plaisir qui me semble en effet décrire le disque Couperin m’a retenu parce que je pense qu’il est absolument inadapté aux Préludes.

Je perdais un temps fou à improviser. (…) Ce silence que je me suis imposé en tant que compositeur a dû favoriser ce lien qui m’unit à ceux qui écrivent, en particulier à ceux de ma génération, et d’autres, participant ainsi à la création musicale. Travailler avec Mauricio Kagel par exemple, jouer sa musique en concert, l’enregistrer, a été une expérience libératrice, un modèle, au point qu’avant de le faire je ne pensais pas en être capable. Kagel demande à l’interprète classique de repousser ses limites.

Deux mots retiennent mon attention : lien et (repousser ses) limites.

J'ai ecouter les preludes... aha suspense !

En effet ! Tu en as sans doute déjà d'autres ?

Oui j'ai Arrau, alors j'ai comparer, ecouter... tu es pret pour mon verdict ?

C'est si terrible ?

"Oh rage oh désespoir" tels sont les mots qui me viennent pour qualifier ce disque des préludes de Chopin par Tharaud.
La rage et le desespoir qui transpirent sous les doigts implacables de Tharaud, tres impressionant ! Saisissant meme. Le pianiste ne laisse pas un seul instant de repit à son auditeur, il force toujours plus sa pression sur nous. Une etreinte meme, comme un baiser parfois tendre, tantot mortelle mais toujours délicieux.
J'ai souvenir d'avoir était charmer par la dimension contemplative de Arrau, maintenant je me souviendrai de ce jour où Tharaud m'entraina dans sa folle course aux sentiments.

Tu vois, je te l'avais bien dit.
Je dois déjà avoir écrit que je ne peux pas dire que « j’aime » ce disque – ne pas pouvoir m’en défaire, oui. J’avais déjà une grande idée d’Alexandre Tharaud avant ces Préludes. Il suit cette musique dans l’implacable, doucement, sans forcer le trait. L’auditeur est guidé à abandonner ses assises. Un regard tourné vers ce qui nous dépasse – l’Ouvert de Rilke peut-être.

« Peut-être parce qu’avoir longtemps mûri les Préludes m’a permis de mesurer l’énorme responsabilité de l’interprète face à leurs multiples niveaux d’expression. Cela a commencé dès le Conservatoire et s’est poursuivi lorsque j’en suis sorti (…) et que j’ai pris la décision d’aller m’isoler au Canada seulement pour les travailler. Avec nulle autre œuvre je n’ai vécu un tel rapport d’intimité. » (Entretien avec Vincent Agrech, Diapason, mars 2008)
Il me semble y avoir une distance et un détachement dans ces Préludes, et c’est ce qui les rend implacables. Une spontanéité les rendrait sans doute uniformément clairs ou sombres – il y a ici un clair-obscur, des ombres et des lumières, plus d’ombres que de lumière sans doute, qui sculptent une matière et se répercutent chez l’auditeur chez qui ils suscitent à leur tour ombres et lumières.

http://www.harmoniamundi.com/france/album_fiche.php?album_id=1266

tu connais jean michel ?

Pas encore ! C'est la deuxième fois qu'Alexandre Tharaud et Thierry Pécou collaborent - comme je ne résiste pas au premier et à peine au deuxième...

ca sort demain !

Je croyais que c'était pour le 29. Mais je peux déjà compléter la discographie au début de la rubrique !

info fnac... a voir il y a peut-etre erreur

Voici en version française le commentaire que Jed Distler a publié sur Classics Today le 17 mars 2008. Il est principalement mais pas exclusivement technique. (Note artistique 10, technique 10)

Les meilleurs enregistrements des Préludes op. 28 de Chopin sont le fait de personnalités fortes et fascinantes qui livrent une interprétation personnelle du fait qu’elles ont une conscience aiguë de ce que le compositeur a écrit et qu’elles le traduisent. On pense ici à des classiques comme Petri, Pollini et Moravec, à des esprits libres comme Cortot, François, Argerich et Sokolov ou encore à Arrau et à sa double face pédante et iconoclaste. Alexandre Tharaud se fait facilement une place parmi des illustres devanciers en apportant ses propres idées.
Tharaud empoigne l’agitato du n° 1 et il le prolonge en rendant parfaitement perceptibles les triolets de la main droite et les groupements de quintes. De même le pianiste fait entendre dans le n° 2 le rythme abrupt tel qu’il est noté et il garde les yeux rivés sur les heurts dissonants et poignants de la main gauche. Les rapides motifs leggiero du n° 3 sont extraordinairement variés dans leur articulation et leur couleur et au n° 4 Tharaud réalise le souhait expressivo de Chopin par un discret rubato et par de subtils changements de texture sur les cordes régulières de la main gauche. Il prolonge de manière enjouée le première note du n° 7 dans le seul but de jouer simplement le prélude.
La plupart des pianistes passent le premier pic important du n° 12 à la 21° mesure ; pas Tharaud qui s’appuie sur les notes gracieuses pour souligner l’allure momentanée d’une mazurka : l’effet est singulier mais convaincant. Le n° 16 n’est pas aussi ardent et dynamique qu’il le devrait mais au n° 19 le legato est multicolore du fait que Tharaud suit scrupuleusement les indications que le compositeur a données pour la pédale. Le cantabile du n° 21 est inhabituellement projeté vers l’avant et mène naturellement à l’agitation implacable du n° 22.
La lecture étincelante de la miniature que Mompou a tirée du Prélude n° 4 est un moment de repos après lequel les Trois nouvelles études s’élancent dans une allure et une spécificité admirables. La pondération linéaire de Tharaud dans le Prélude n° 45 en ut dièse mineur fait ressortir Bach chez Chopin - ou peut-être Chopin dans le Capriccio n° 1 de l’opus 76 de Brahms. On notera que le Steinway sur lequel Tharaud joue les trois œuvres a un son vibrant, légèrement pincé et très caractérisé et que la prise de son est très proche. Même si vous avez déjà les Préludes de Chopin dans une version de référence, vous pourrez sérieusement envisager d’acquérir ce disque très stimulant et riche – agrémenté d’un délectable Mompou et d’une couverture originale.

c'est le 29 la sortie tu as raison...

Le petit dernier : Debussy : Sonate n° 1 pour violoncelle et piano, Valse, Scherzo, Intermezzo - Poulenc : Sonate, Bagatelle, Sérénade, Suite française, Jean-Guihen Queyras au violoncelle (HM 2008)

Image originale de nouveau. Je suis tout le même intrigué : qui décide de la maquette, en collaboration avec l'artiste ou non.

Jean-Michel a écrit:

Le petit dernier : Debussy : Sonate n° 1 pour violoncelle et piano, Valse, Scherzo, Intermezzo - Poulenc : Sonate, Bagatelle, Sérénade, Suite française, Jean-Guihen Queyras au violoncelle (HM 2008)

Image originale de nouveau. Je suis tout le même intrigué : qui décide de la maquette, en collaboration avec l'artiste ou non.

Cela doit être fameux.

Tu l'as écouté ?

Non, pour le moment c'est un simple complément à la discographie.

Maintenant, je l'ai écouté ! Je dois avoir mal écouté Poulenc jusqu'à présent, là, c'est quelque chose.

Jean-Michel a écrit:

Maintenant, je l'ai écouté ! Je dois avoir mal écouté Poulenc jusqu'à présent, là, c'est quelque chose.

Va falloir que je me le procure alors

C'est surtout aux plages 8 et à la Suite française que je pense (Poulenc).