Alexandre Tharaud

Milhaud, Œuvre pour piano (Naxos 1995 et 2006), ancienne et nouvelle présentation. L’image à l’ intérieur du livret est devenue celle de la couverture : Alexandre Tharaud et derrière lui Madeleine Milhaud.

Extrait de l’envoi par le pianiste : « Par son humanité et son humour, Madeleine Milhaud rend inoubliables les moments passés en sa compagnie. En la côtoyant, on mesure la chance qui fut celle de Darius Milhaud d’avoir à ses côtés un être aussi merveilleux. (…) Merci, chère Madeleine, de votre amitié, de vos irremplaçables conseils et du bonheur que m’ont procuré ces journées d’enregistrement. » (Juin 1995)

« Satie est essentiel, j’ai envie de le prendre dans mes bas. Ce qu’il confie au piano est bouleversant : sa solitude, cet éloignement progressif des hommes qui l’a rapproché de la nature ou des enfants dont il s’occupait à Arcueil. Se trouver au plus près de cette confidence, lorsqu’on interprète sa musique, est troublant. On voudrait le consoler, cette déchirure parle à tous. (…)
Un titre de l’écrivain Stig Dagerman évoque parfaitement ce qu’on peut ressentir après une journée en compagnie de Satie : Notre besoin de consolation est impossible à rassasier ».

tu as dejà le diapason de Février!!!...voilà qu'en plus du "concordat"..l'Alsace a une priorité !!

Ça doit être l’effet du TGV...
J’ai ouvert la revue par hasard à cette page et j’ai retrouvé le ton si particulier d’Alexandre Tharaud quand il parle ce qu’il joue. Ce sont quelques phrases qui ont leur place ici, dans le portrait du pianiste au fil de ce qu’il dit et de ce qu’il joue.

c'est vrai que c'est très touchant ce qu'il dit sur Satie...que je connais trop mal!

Je suis dans le même cas : personne ne m'a jamais encore incité à écouter le disque que j'ai (Jean-Joël Barbier) avec l'attention qu'il demande, une sorte de bain méditatif.
J'ai un peu essayé cet 'après-midi (malgré mon humeur assez peu compatible), et ça a bien marché.

Satie – Je me limiterai au premier disque où le pianiste joue seul. Il faut d’abord s’y faire, aux pièces brèves, aux sauts d’humeur. Un fois qu’on y est, on entend un passage lyrique, un passage martelé, un passage objectif, un passage parodique (le dernier des Embryons desséchés) qui finissent par composer un tableau profondément humain – que le pianiste a disposé pour ses auditeurs.

Tous conviennent que le programme est bien fait. C’est un jugement fort juste : Satie c’est à la fois un monde vu sous l’aspect de la désolation et sous l’aspect de la légèreté. Le pianiste alterne les deux aspects : l’un, l’autre, retour au premier, ainsi de suite. C’est non seulement de la musique de Satie mais un portrait de Satie sous ses différents aspects.

Je viens de découvrir cet après-midi plusieurs vidéos d’Alexandre Tharaud. Je suis toujours agréablement surpris pas la manière dont il parle des gens et des choses qu’il aime.
Une première et une deuxième.

merci!;;;j'aime beaucoup aussi ce pianiste autant l'homme que le musicien!

Tout nouveau :
Chopin 1810-2010 : Journal intime (Virgin 2009)

çà en dit peu sur le programme...? même si on se doute qu'il ne doit pas y avoir de Polonaises ou d'études!

Avant que je dise moi-même mes impressions (quelques petits jours encore et je l'écoute !), voici une présentation critique.
Petite mise au point : je n'admire pas Alexandre Tharaud. Il se trouve que beaucoup de ses disques ont sur moi un effet de totale clarté. Pas tous : je n'ai pas encore eu cette impression quand il s'agit d'Emmanuel Chabrier. J'ai certes un a priori favorable : si ça a si souvent marché, je m'attends presque à entrer quelque part en suivant le pianiste.

Jean-Michel a écrit:

Petite mise au point : je n'admire pas Alexandre Tharaud. Il se trouve que beaucoup de ses disques ont sur moi un effet de totale clarté. Pas tous : je n'ai pas encore eu cette impression quand il s'agit d'Emmanuel Chabrier. J'ai certes un a priori favorable : si ça a si souvent marché, je m'attends presque à entrer quelque part en suivant le pianiste.

Je comprends tout à fait ton propos pour avoir quelques fois le même, vis à vis d'interprètes qui m'ont tout de suite comblé dans leur interprétation...(Gardiner par ex, et certains chanteurs (là ce n'est pas réellement l'interprétation mais une affinité forte avec leur voix)...
et quand une telle affinité s'installe, je pense qu'on a instinctivement une écoute différente de leur nouveau disque; différente à celle qu'on aurait si le même programme était proposé par un inconnu ou..un qui nous est plus indifférent?

Je rapproche ces ressentis à ce qui se passe souvent dans l'émission "la tribune des critiques de disques" grâce à leur nouvelle procédure d'écoute en aveugle....Ils ne se gènent pas pour utiliser des expressions ou qualificatifs peu flatteurs à l'égard de telle ou telle interprétation...et ne cachent pas leur étonnement voir "désapointement" lorsqu'il découvre qui jouait ou dirigeait, reconnaissant qu'ils en avaient dit ou écrit des appréciations bien différentes quand le cd était sorti

Jean a écrit:

qu'on a instinctivement une écoute différente de leur nouveau disque ; différente à celle qu'on aurait si le même programme était proposé par un inconnu ou un qui nous est plus indifférent

Il y a alors un climat qui s'est installé avant même qu'on entende quelque chose : rien de tel pour pouvoir apprécier une musique avec laquelle on aurait peu d'affinités sans cela.
Mais si on n'y pend pas garde, on peut aussi surestimer une interprétation : beaucoup disent par exemple que les enregistrements de la Callas tirent leur crédit de sa présence sur scène.
Je pense que tout ce qui est une ouverture à de nouvelles œuvres est une bonne chose : on compositeur ou un interprète qu'on a appris à aimer ont ce rôle. Les conseils parfois aussi !

je suis complètement d'accord!

Voici le programme, sur pièce.

Mazurkas opp. 7 n° 2, 17 n° 2, 4, 63 n° 3, 68 n° 2
Ballade opp. 23 n° 1, 38 n° 2
Fantaisie op. 49
Fantaisie-impromptu op. 66
Nocturne en ut dièse mineur op. post., nocturne op. 9 n° 2
Largo et ut mineur
Trois écossaises op. 72 n° 3
Contredanse en si bémol majeur

Oui, je trouve le disque beau à écouter. Quelques photos aussi, dues à Marco Borggreve, qui montrent quelque chose du pianiste.

Je reste un peu sur ma faim à écouter le Journal intime. Christophe Huss y voit l’effet d’une prise de son manquée. Il est vrai que je n’entends pas Alexandre Tharaud jouer.

en effet j'avais lu çà!...tu confirmes alors au sujet de la prise de son?

Tharaud crée généralement une atmosphère. Ici, il n'y en a pas vraiment. Il faut que je réécoute en ayant cette explication en tête, a priori ça semble être convainquant !

Quelques lignes d'Eric Taver trouvées sur Qobuz

Il n’a peut-être pas les doigts d’Argerich ou d’Horowitz mais, lorsqu’il enregistre les Préludes de Chopin (voir critique ci-contre), ce ne sont pas des Préludes de plus : ce sont ceux d’Alexandre Tharaud, inimitables. Qui se souvient de ce CD publié par Dante en 1994, où il jouait des Pièces lyriques de Grieg ? Pour Répertoire, Jacques Bonnaure y détectait déjà « un équilibre de la profondeur et de la légèreté » qui va surtout s’exprimer dans ses enregistrements de musique française. Avec ses disques suivants, chez Arion, Alexandre Tharaud explore plutôt le côté « légèreté » : un peu de Poulenc et, surtout, une intégrale du piano de Chabrier en trois disques tout simplement sans équivalent, et notée 10. Pour le même éditeur, il participera aussi à un Carnaval des Animaux musical et sans esbroufe, et laissera une de ses rares incursions solo en terre germanique : des Moments musicaux de Schubert d’une grande humanité. Quand il revient à Poulenc, cette fois-ci en animateur d’une intégrale de sa musique de chambre chez Naxos, il s’entoure des meilleurs musiciens de France : c’est aujourd’hui un coffret indispensable. Pour la maison de disques Æon, Alexandre Tharaud enregistrera bien des albums de musiques contemporaines (Pécou et Kagel), mais c’est avec l’éditeur Harmonia Mundi qu’il va désormais se faire connaître d’un plus vaste public, en 2001 : renouant avec une tradition plutôt oubliée, il ose un Rameau, sur un piano tout ce qu’il y a de plus moderne. Toujours en vrai pianiste qui ne cherche pas à imiter le clavecin, il a récidivé l’année dernière avec un Couperin peut-être plus abouti encore. Mais le coup de maître, c’est bien sûr l’intégrale - encore une - du piano de Ravel où Alexandre Tharaud, écoutes comparées après auditions en aveugle, surclasse systématiquement les autres pianistes dans une discographie où l’on rencontre pourtant les « meilleurs ». Mais ici, le meilleur, c’est lui.

Son disque Satie a l'air très sympa. Je n'en ai entendu qu'un court extrait à la fin d'un JT mais ca m'a bien plu. Du coup j'ai écouté un de ses Disques (Poulenc) emprunté à la médiathèque et je dois admettre qu'il est excellent.

Il faut toujours écouter ce genre d'avis impartiaux...

Je viens de découvrir le premier disque d'Alexandre Tharaud chez Dante en 1993.
Il y a là de la belle musique - j'entends par là une musique vécue - mais que la prise de son est plate. Prudemment, l'ingénieur du son n'a pas laissé son nom dans le livret !
Ce commentaire fort juste, dans le ton du jeu que fait entendre Alexandre Tharaud.

Pas une note des « Pièces lyriques » ne ment. Et le sens harmonique qui gouverne l’œuvre de Grieg a facilement ouvert pour elles les fenêtres de ces salons où on voulait les enfermer. Au détour de ces pages, l’harmonie s’enrichit et s’enchante, enfin nous surprend tant elle est novatrice. Et me cœur répond d’instinct parce qu’au-delà des temps sans cesse révolus survit la sincérité, parce que c’est de la simplicité que naît l’émotion, parce que c’est devant l’impalpable qu’on envisage enfin l’éternité et dans le vœu le plus païen qu’on reconnaît l’existence du sacré : « J’ai voulu faire sentir le parfum des forêts de pin norvégiennes dans les salles de concert du monde entier »...